par Meta » 01 Avr 2009, 21:35
En fait, je suis en pleine exploration de cette nouvelle manière de "faire jouer", et non de jouer, car mes joueurs ont peu connaissance de ce que je suis en train de faire. J'en ai peu parlé. Le thème de ma chronique vampire-londres est "le visage", et plus précisément l'opposition entre le visage et la tête.
Le visage est ce qui s'est construit, ce qui ne change plus ou peu, et qui se fige peu à peu tel un masque arborant un rictus. La tête, au contraire, est mouvance, ses traits ne sont pas fixés, pas encore. En ce sens, d'un côté le visage est la marque d'une personnalité affirmée mais qui change difficilement, tandis que la tête est la marque d'une personnalité qui échappe aux codes et sait se faire mouvance.
Tous les personnages vampires habitant la ville que j'ai créée (50 personnages) sont tous l'expression de ce problème. Tout être humain est, évidemment l'expression de ce problème, mais j'ai pensé et créé chaque PNJ avec l'idée d'étudier cette problématique et c'est à chaque fois la dichotomie que j'ai traitée dans chaque pnj : comment vivent-ils cette dichotomie précise ? Ainsi, les problèmes de scénarii sont tous construits à partir de cette problématique globale. En ce sens, pour des vampires, le problème du visage est d'autant plus grand qu'ils restent pour la plupart prisonniers du visage de leur époque passée.
Là où cela se complique dans le processus de création de l'histoire et ses enjeux avant qu'elle ne soit jouée (et interprétée par les joueurs), c'est lorsque chaque scénario devient une extension du problème global et fait problème particulier. Je m'explique : le quatrième scénario est centré sur un ancien vampire qui après avoir vu la pièce de Shakespeare, Hamlet, s'est rendu compte que celle-ci était la répétition de ce que, lui, avait vécu jadis, de sorte qu'ayant joué véritablement Hamlet, il est volontairement entré dans le rôle et a revêtu le "visage" du personnage pour décider de vivre et revivre la tragédie et emmener les vampires de Londres dans son délire et forcer les intrigues à prendre le "visage" de la pièce, enlevant à la vie sociale son droit à être une "tête", à être changement.
Dans ce cas, l'enjeu, pour les personnages, sur ce scénario-là, consiste aussi à se positionner et agir vis-à-vis de la problématique : se soumettront-ils au rôle que l'ancien leur impose, ou bien embrasseront-ils le droit au changement et feront-il "tête" et front à cet ancien ?
Et d'une façon plus globale, chaque personnage, peu à peu, en découvrant la problématique de la ville et de la campagne, va voir cette problématique germer en lui, et la chronique touchera à sa fin lorsque les personnages auront trouvé une résolution possible vis-à-vis de cette problématique devenue aussi personnelle. Vous comprenez maintenant pourquoi je ne leur ai pas donné d'information sur la problématique : il faut qu'ils la découvrent et la dégagent peu à peu à partir des signes contenus dans les scénarii et incarnés par les scénarii. Simplement, peut-être devrais-je insister sur le fait qu'il y a une problématique, afin qu'ils soient plus réceptifs, car bien que je l'aie déjà dit, ce n'est peut-être pas assez clair.