[Nouvelle] Eden Interlude

Ancienne rubrique où l'on postait poèmes, descriptions, histoires et autres textes.

[Nouvelle] Eden Interlude

Message par Christoph » 08 Fév 2004, 03:38

Ce texte était originellement écrit en 4 phases: description d'une planète nouvelle pour l'homme, scène d'action, scène de description, scène de "psychologie" du personnage.

Ceci est la quatrième version, revue, relue et corrigée, grâce aux conseils de l'atelier d'écriture et bien sûr ceux de Wenlock ;)
Dernière édition par Christoph le 08 Fév 2004, 03:44, édité 1 fois.
Innommable: hurlez.
Zombie Cinema, en français dans le texte.
Christoph
modo-admin
 
Message(s) : 2949
Inscription : 07 Sep 2002, 18:40
Localisation : Yverdon, Suisse

Message par Christoph » 08 Fév 2004, 03:41

Eden Interlude

La nef amorçait l'entrée dans l'atmosphère avec une telle douceur que le sergent Jefferson ne fut pas un instant perturbé dans sa contemplation fascinée de la surface de la planète verte.
Au-dessous d'eux s'étendait un vaste océan de nuages blancs, masquant une grande partie de la surface essentiellement boisée de cette planète découverte il y a peu. Ci et là, des trouées dans la couverture d'albâtre suggéraient une dense forêt vierge d'un vert profond.
Selon les rapports des sondes d'espace profond de l'Imperium Stellaire, cette planète était recouverte d'autant de végétation que la Terre de jadis possédait de surface océanique. Le reste était essentiellement pris par les pôles gelés et les petits océans, laissant pour ainsi dire aucune place aux plaines, hautes montagnes et déserts.
Heureusement pour l'Imperium, la planète ne semblait pas être habitée par une espèce intelligente. Le glas de l'ère de la vie en milieu artificiel avait sonné…

La nef se glissa gracieusement dans une trouée à la recherche d'un lieu où se poser.
Elle s'aligna sur une trajectoire de croisière à ras la cime des plus hauts arbres de cette forêt luxuriante et chaotique.
La chance semblait être avec l'équipage, car rapidement un massif rocheux dépassant de la mer verte fut localisé. La nef mit cap sur cet îlot providentiel, tandis que l'excitation grandissait au sein de l'équipage. Jefferson en particulier dissimulait avec peine sa joie grandissante: son rêve d'enfance allait se réaliser sous peu.

Le récepteur maxillaire du sergent lui fit parvenir les ordres pour le déroulement des activités au sol.
- Du PC à Green Team leader. Ici premier lieutenant Solano. Répondez.
- De Green Team leader au PC. Sergent Jefferson prêt pour la donnée d'ordre.
- Bien, tout se déroule comme prévu. Vous pourrez donc sans autre commencer la mission de reconnaissance avec votre escouade. Je vous upload une carte détaillée des environs. Aucune forme de vie dangereuse n'a été repérée, mais l'on vous équipera tout de même de la combinaison furtive et d'une machette pour vous frayer un chemin. Votre arme personnelle est aussi obligatoire. Vous vous rendrez à la rampe de déchargement B3 pour ce matériel.
Ce soir, vous viendrez me faire un rapport de reconnaissance standard et complet. A vous.
- Compris mon premier lieutenant. Je prends cette mission comme un honneur. Sergent Jefferson terminé.
- Noté. Solano terminé.

Délicatement, l'engin engagea la séquence d'atterrissage qui se déroula sans la moindre perturbation.
Les différents groupes attendaient silencieusement derrière les portes de débarquements, visiblement tendus, dans une discipline parfaite.
A peine la nef posée et les propulseurs éteints, les portes s'abaissèrent, et la centaine d'hommes et de femmes s'affairèrent aussitôt à leurs tâches respectives afin de réaliser le plan minutieusement préparé du débarquement.
Tandis que le matériel pour le camp de base était débarqué, le sergent et ses hommes prirent possession de leur équipement spécial et se préparèrent avec une rapidité déconcertante.
Le sergent soupira.
- Ok les filles et les gars, écoutez tous! Je vous ai répartis en cinq équipes de deux. Vous voyez chacun à l'instant sur vos lunettes tactiques la zone qui vous a été attribuée. Faites-en le tour complet, prenez des images et des échantillons. Il faut particulièrement être attentif à toute source d'eau et à d'éventuels axes de transports. Vous m'enverrez un rapport préliminaire dans deux heures, et dans quatre heures nous ferons le point ici même.
Pendant ce temps je ferai un tour plus général, passant dans chacune de vos zones, vous pouvez à tout temps me contacter en cas de problème.
Vous ne devez vous attendre à aucun danger, mais soyez prudents quand même, on ne sait jamais.
Est-ce clair?
- Compris sergent!
- Parfait. Exécution!

Aussitôt, les explorateurs pénétrèrent, parfaitement synchronisés, dans le dédale tortueux de la forêt vierge qui recouvrait toute la base du massif rocheux.
Le sergent se dirigea le cœur léger vers la forêt, et prit soin de choisir un endroit lui permettant d'être seul. Chaque pas sur l'herbe tendre lui procurait une sensation exquise et l'air pur mêlé d'un parfum de résine agréable le revigorait. Comme il était heureux de s'échapper à l'ordre rigide qui imprégnait son quotidien métallique pour se fondre dans la végétation accueillante…
Arrivé à l'orée de la forêt, Jefferson ralentit un peu pour prendre le temps d'activer son camouflage multisensoriel et de dégainer sa machette. Puis il s'immergea.

Fluide comme l'eau, il s'infiltrait dans le sous-bois de plus en plus dense. Son bras exécutait avec aise le mouvement permettant de trancher branches et feuillage. Tandis que ses muscles se tendaient et se relâchaient sur un rythme constant, Jefferson eut la satisfaction de sentir la sueur lui couler le long du front pour la première fois en plusieurs semaines. Il avançait dans la pénombre grandissante sous les arbres gigantesques, poussé par le battement grandissant de son cœur. Seul les craquements des branches et le bruissement des feuilles et mousses variaient cette mélopée hypnotisante.
Une épine lui coupa légèrement un doigt.
Il s'arrêta pour sucer le sang écarlate qui en gouttait tout en reprenant son souffle. Les yeux clos, adossé à un tronc d'un diamètre inhabituellement grand dressé vers le firmament dissimulé, il put apprécier le battement dans ses tempes qui s'atténuait graduellement alors que, machinalement, il esquissait des signes dans le vide avec son outil acéré. Un goût de fer rouillé se propageait subtilement sur son palais.
Il rouvrit les yeux.
Des branches puissantes et biscornues se détachaient des arbres dans toutes les directions, s'entrecroisaient en un réseau inextricable de riche feuillage qui se balançait au gré d'un souffle imperceptible au sol.
Des lierres rampants, des ronces vivaces et des lianes sinueuses s'accrochaient vigoureusement à cette structure, rendant la frondaison encore plus imperceptible.
Des souches d'arbres morts servaient de berceau à de jeunes plantes frêles tendant leurs ramifications vers la faible source de lumière qui perçait la canopée loin au-dessus.
Son ouïe lui signala la présence d'une chute d'eau au-delà de son champ de vision.
Il s'imagina une majestueuse cascade sous les arcades sylvestres se jetant dans un bassin profond et limpide du haut d'une falaise recouverte de mousse.
Il retira son doigt de la bouche et se mit en chemin en direction du murmure apaisant, laissant derrière lui la froide machette.

Il l'atteignit sans difficulté et constata qu'elle était telle qu'il se l'était représentée.
Le sergent s'agenouilla au bord du bassin et mit la main dans l'eau fraîche, puis s'éclaboussa le visage du liquide cristallin.
Il se dévêtit et plongea au fond de ce creuset sculpté par les éons. Il retint son souffle, et le temps sembla se figer. Parvenu à une profondeur surprenante, suspendu en position fœtale dans le flux bienfaisant, une pensée prit naissance.
Il ne voulait plus émerger, il se sentait serein comme jamais, protégé par le liquide qui l'emportait en contrebas.
L'Eden…
Il émergea alors que sa pensée fut naissante.
Il revint à terre, s'assit sur une pierre et replongea dans sa rêverie.
Sa méditation devint plus profonde, puis sombra dans un songe comatique. L'homme projeta son esprit dans la forêt, fit siennes les sensations des arbres, et s'oublia.

* * * * *

L'équipe de recherche ne trouva rien d'autre que les effets du sergent et un arbuste à la croissance étrange. En effet, on aurait dit qu'un esprit de la forêt avait pris plaisir à le planter sur un rocher, et seules deux racines tordues plongeaient en des arcs tordus dans l'humus noir.

* * * * *

L'équipage de soutien arriva sur la planète verte deux mois plus tard et ne découvrit qu'une nef et un camp fantôme envahis par la végétation.




:thesilentbard:
Innommable: hurlez.
Zombie Cinema, en français dans le texte.
Christoph
modo-admin
 
Message(s) : 2949
Inscription : 07 Sep 2002, 18:40
Localisation : Yverdon, Suisse


Retour vers Textes

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invité(s)

cron