Salut à tous.
Je m’appelle phaerimm, j’aime les jdrs, lire des livres, et boire du vin.
:jap:
J’aimerais vous exposer quelques réflexions de fond sur lesquelles je travaille (parfois. Bon ok, pas souvent) depuis plusieurs années.
Pour voir si j'arrive a présenter ça à peu prêt bien et quel effet ça fait, déjà.
Et quand je dis réflexions de fond, vous allez voir qu’il est difficile de faire plus général sans doute.
J’aimerais commencer par le début.
Commencer par éclaircir le terrain sur les relations fondamentales et immémoriales qui existent entre le jeu et la fiction.
Ca sera pas trop long vous verrez.
Allez.
Au commencement était le jeu.
Le jeu n’est même pas le propre de l’homme, tous les mammifères supérieurs du règne animal le pratiquent.
(J’aime souvent à dire « Au commencement était mon chat », car j’aime beaucoup jouer avec lui, et lui aussi, il adore ça.)
Lorsqu’il acquiert un semblant de début de structure le jeu commence par « On aurait dit que… ».
« On aurait dit que tu lances cet objet mou et rond et que moi je court le rattraper, youpi »…
(Je vous épargne une douzaine d’exemples similaires)
(Pour ce qui est d’une définition plus sérieuse, voire strictement philosophique du jeu, nous en reparlerons si quelqu’un y tiens vraiment.)
A partir de la présence de facultés supérieures de représentation et d’abstraction, bref à partir du langage, le « On aurais dit que…» possède la possibilité de se transformer en « Il était une fois… ».
Et cela constitue bien une simple version, à peine supérieure, du « On aurait dit que… ».
La fiction vient du jeu.
Les deux ne font qu’un au départ, si vous voulez.
De fait, la fiction est une feintise ludique partagée.
-Feintise (c’est pour de faux, c’est pas sérieux).
-Ludique (C’est pour s’amuser, pour le plaisir).
-Partagée (Tout les protagonistes le savent bien).
Toute fiction pourra coller à ces définitions.
L’immense majorité des jeux (mais pas tous) également.
Si vous jouez a « qui vas arracher le bâton à l’autre » avec vôtre chien, ce sera le cas (enfin j’espère pour vous).
Pour des spectateurs dans une salle de cinéma, qui regardent « Les dents de la mer » c’est pareil.
(Je tiens, en passant, à insister sur le terme de fiction ; le mot « histoire » ne rend pas compte de la réalité rôlistique, car toute histoire n’est pas fiction, alors que tout histoire racontée dans un jdr sera bien une fiction.
De plus je pourrais raconter le déroulement de la partie elle-même, ce qui constituerait alors une histoire, mais pas une fiction. Utiliser le terme fiction éviterait aisément toute confusion.)
On reconnaît souvent que le jeu possède une fonction importante d’apprentissage chez l’animal.
Chez l’homme, avec l’apparition du langage, l’apprentissage du symbolique, du mythique, vas obligatoirement de pair avec la faculté de représentation, et d’une mise en scène de ces représentations pour pouvoir mieux les appréhender.
C’est le jeu fictionnel de l’enfant.
(Jouer au chasseur, à la dînette, à la construction d’une cabane, etc.)
Donnée anthropologique universelle, quelle que soit les cultures, le jeu fictionnel infantile se développe de pair avec l’apprentissage du monde.
Chez l’enfant, jeu et fiction sont, par nature, étroitement liés.
De là l’évidence incontestable, pour qui en douterait empiriquement, de leurs liens profonds.
L’enfant imite (mimicry) pour apprendre.
Entre « faire pareil » et « faire comme si », la frontière est vraiment mince.
L’apprentissage n’est sans doute pas LA fonction des jeux fictionnels, mais les jeux fictionnels possèdent indubitablement des qualités cognitives (connaissance).
Soit dit en passant, il est pour moi relativement évident que la communauté des joueurs de jdr se garde bien d’utiliser, voire d’envisager, cette analogie évidente avec le jeu fictionnel infantile, de peur de passer justement pour des personnes totalement infantiles.
Pourtant c’est bien une réconciliation avec le jeu fictionnel infantile qu’instaurent les jeux de rôles.
Réconciliation dans laquelle jeu et fiction se retrouvent enfin, comme au début, lorsque tout a commencé.
Que la sophistication de l’activité demande des facultés d’adulte, ne devrait jamais nous faire oublier l’enfant qui est en nous.
En attendant d’éventuelles questions, critiques (surtout ne vous gênez pas pour attaquer spécifiquement n'importe quel point important qui vous semblerait douteux), tomates pourries et lettres d’amour, je vous laisse méditer et relire cette petite vulgarisation qui, à mon avis, et je le partage, contient de bonnes bases, de bonnes fondations, bien saines, pour avancer dans le domaine des idées en matière de jdrs.
Car, je suis persuadé, qu’il est fort utile de savoir de quoi on parle avant de s’aventurer dans des théories plus spécifiques, et ce, quel que soit le domaine de réflexion.
Il sera toujours temps de sortir des théories bien plus fumeuses et tordues, plus tard.
D'ailleurs j'en ai plein mon cartable.
^^