Divertissement et JDR

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Divertissement et JDR

Message par Frédéric » 06 Déc 2006, 16:34

Petit sujet de discussion ^^

Je rebondis sur certaines choses qu'a avancé CXZman, mais pas dans le but de remettre en question le GNS.

Seulement pour soulever des interrogations quand à l'idée de plaisir et d'amusement perpétuellement associée au JDR.

A mon sens il existe deux formes de plaisir que l'on peut associer aux activités de divertissement : Le plaisir émotionnel et le plaisir intellectuel.

L'amusement fait partie de la première catégorie.
Dans ce plaisir, divertir prend son sens étymologique : "détourner", "distraire", voire, "détourner de son occupation".

Le divertissement est aujourd'hui l'une des formes artistiques dites "appliquées".
Quand monsieur Durand regarde son feuilleton préféré, il oublie que le gouvernement a pris des mesures qui vont réduire de 15% ses revenus. Le divertissement est à mon sens nécessaire car il est humainement impossible car éprouvant physiquement et moralement, de rester concentré en permanence sur des problèmes.

Il existe cependant une forme de divertissement qui vise à introduire d'autres plaisirs que purement émotionnels.

Je prend par exemple l'excellent roman de Boulgakov Le maître et Marguerite. Les romans tendent vers le divertissement, plutôt que vers l'essai philosophique ou la réflexion politico-économique...

Mais Boulgakov dans la première moitié du XXème siècle a pondu une oeuvre qui au final se révèle une véritable satire de la société Moskovite de son époque et une véritable critique de l'élite de l'époque.

L'échange qui se produit entre le créateur d'une telle oeuvre et son lecteur produit, certes un plaisir (probablement en partie émotionnel) principalement intellectuel, mais en plus une prise de conscience, qui peut être totalement en décalage de toute idée de plaisir. Quand je regarde Festen de Thomas Vinterbergh, quel type de plaisir y prends-je ? Difficile à dire, d'un point de vue émotionnel on est presque plutôt dans le déplaisir ou la douleur par compassion.

Nature du plaisir intellectuel
Quand je parle du plaisir intellectuel, il peut s'agir de référence, mais aussi parfois du simple fait que l'auteur nous laisse la possibilité de découvrir par nous-même la réponse à la question posée, le plaisir intellectuel peut être aussi de se voir proposer des arguments pour ou contre une cause...
La difficulté réside dans le fait qu'il tient compte des idées du créateur et du spectateur. Si je tape sur un homme politique dans un documentaire, il est probable que les partisans de cet homme n'apprécieront pas mon docu, ils n'iront même probablement pas le voir.

Proposer du plaisir intellectuel, c'est ne pas faire dans le grand public. Le JDR en est un bon exemple : quel pourcentage de la population est prêt à se taper des bouquins pouvant dépasser les 300 pages pour jouer sans artifices autres que quelques règles, du papier et des crayons ?

J'ouvre le débat sur : quelles sont les motivations à écrire, faire jouer et jouer au JDR, qui ne sont pas de l'ordre du plaisir émotionnel. Allez-y de votre expérience ou théorisez, je suis preneur de tout ce qui pourrait me permettre d'y voir plus clair.
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Message par Romaric Briand » 06 Déc 2006, 18:13

Pour a part je n'aime pas l'idée que le divertissement soit définie par une "diversion" un "oubli de la réalité".
Le divertissement devrait toujours être un stimulateur intelectuel!
J'ai pas trop le temps de me justifier (boulot, boulot) mais je reviendrai la dessus c'est certain! ^^
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Message par Frédéric » 06 Déc 2006, 18:39

C'est malheureusement la majeure partie de l'usage qui est fait : la propagande politique ou mercantile. Mais bon, le débat n'est pas sensé porter sur ce point de détail. je préfèrerait même ouvrir un nouveau fil pour en débattre (c'est dire ! moi, le roi des digressions !) ;) ;)
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Message par Romaric Briand » 06 Déc 2006, 19:24

Le divertissement est à mon sens nécessaire car il est humainement impossible car éprouvant physiquement et moralement, de rester concentré en permanence sur des problèmes.

Je rebondissai sur cette proposition... :jap:

Mais oui oui je vois bien...

On va en discuter (pour l'instant le timming est serré) ^^
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Message par Romaric Briand » 14 Déc 2006, 03:37

quelles sont les motivations à écrire, faire jouer et jouer au JDR, qui ne sont pas de l'ordre du plaisir émotionnel. Allez-y de votre expérience ou théorisez, je suis preneur de tout ce qui pourrait me permettre d'y voir plus clair.


Je vois pour ma part plusieurs réponses possibles :

1) Le JDR et son écriture est très éloigné du roman car il ne pose pas qu'un décor partiel.

Dans un roman peu importe qu'un personnage à 1000 kilomètres des héros fasse telle ou telle chose, on s'en fiche. Peut être que derrière la forêt hantée de poudlard il ya une décharge pleine de déchet toxique! Qu'est ce que ça change? Rien.
Ce que je veux dire c'est que dans la rédaction d'un scénario figé comme c'est classiquement le cas pour un film ou roman... rien existe en dehors de ce qui est lu ou montrer!
Dans un JDR l'univers tout entier doit être poser avant. Puis des êtres vivants, des PNJ, des PJ, des MJ vont débarquer et marché sur le sol que nous aurons créé.
La rédaction d'un JDR est donc la rédaction d'un background qui dans un premier temps n'a rien d'émotionnel. C'est un monde plat, sans moralité, sans valeur esthétique, sans émotions. Une totalité de simples faits!

C'est un exercice très différent d'écrire un JDR. Nous sommes avant tout des décorateurs. Peu importe que sur la place on joue du Molière, du Racine ou autre... nous nous sommes "la place" pas la pièce de théatre ni les émotions.
Essayer de bâtir un monde possible sans dans un premier temps se soucier des émotions... c'est ce qu'à fait la nature... tel est notre rôle... dans un premier temps!

2) Pour s'améliorer en terme d'écriture.

Pour soi! Pour améliorer son "ortaugrafe"! Mon style est toujours si déplorable et je n'en suis guère satisfait... mais je crois avoir faire quelques progrès qui se retrouvent même dans les dissertations que je compose en philosophie et cela grâce au JDR.
Faire partager un univers est beaucoup plus difficile du point de vue stylistique que de raconter une histoire. (selon moi)
Ce n'est pas de l'ordre émotionnel.

3) Pour faire comprendre des choses, ou rendre clair et vivant.

Le jeu de rôle n'est pas qu'un jeu... mais il en revêt l'aspect. Dans le cadre d'une thérapie, de nombreux psychologues ont recours au JDR pour faire comprendre des choses à leurs patients.
De même dans le cadre judiciaire des réconstitution sont faites dans le simple but de rendre clair des faits concrets. Là encore je ne sais pas s'il on peut parler de plaisir émotionnel?

Personnellement j'emploie le jeu de rôle à vulgariser des thèse de philosophie. En fait, et c'est là que je veux en venir, le plaisir émotionnel, ou l'émotion, n'est pas la finalité du JDR il est un moyen pour parvenir à de l'expérience.

De nombreuses personnes apatent les nouveaux joueurs avec l'idée qu'ils découvriront des choses sur eux mêmes, ou qu'ils apprendront à mieux s'exprimer!

4) La composition ou la création d'une feuille de personnage.

Cette partie n'a rien d'un plaisir émotionnel. Elle constitue une manière de définir l'être humain dans le contexte d'un univers. D'ailleurs il est très rare que l'on trouve sur des feuilles de personnage un répertoire d'émotions. Du genre "quelle émotion ressent le plus souvent ton personnage?"

Ces quatres points concernaient la création, l'écriture.
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Message par Romaric Briand » 14 Déc 2006, 04:16

Quand je parle du plaisir intellectuel, il peut s'agir de référence, mais aussi parfois du simple fait que l'auteur nous laisse la possibilité de découvrir par nous-même la réponse à la question posée, le plaisir intellectuel peut être aussi de se voir proposer des arguments pour ou contre une cause...
La difficulté réside dans le fait qu'il tient compte des idées du créateur et du spectateur. Si je tape sur un homme politique dans un documentaire, il est probable que les partisans de cet homme n'apprécieront pas mon docu, ils n'iront même probablement pas le voir.


Comment ne pas penser à Shadowrun!

Ce Jeu de rôle n'est il pas une véritable critique de notre société?

Par le caractère ludique du JDR on amène des tas de petits PJS à s'interroger sur l'absurdité de notre système ultra-capitaliste. Ce dernier est véritablement en train de se "bouffer les couilles" en réfutant par la pratique les arguments des penseurs du libéralisme.

Par exemple des théories comme celle d'Adam Smith "la main invisible" celle qui est sensée garantir la vérité de cette proposition : "ainsi en cherchant son bonheur particulier, l'individu concours au bonheur de tous"
est d'emblée réfutée par le monde dans lequel nous vivons! Le credo de smith ne fonctionne que dans une société ou les acteurs ne trichent pas!
Or on triche tous!

La libre concurence par exemple n'existe pas! On nous a fait croire que la baisse des prix pourrait être une conséquence de la concurrence entre les différentes entreprises.
Comme nous l'a montré l'alliance des différents opérateurs de mobils ou téléphonniques en france... il est beaucoup plus interressant de s'allier et de tous proposer les mêmes prix au détriment du consomateur!!! On triche!
Certes il existe les lois pour proscrire ce genre de pratiques, mais en fait les lobbying sont beaucoup plus fort que les états!

Un JDR qui aurait été créé à l'epoque de Smith, comme celui de Shadowrun, aurait pu avoir la force d'un contre-argument! Car il montre justement en quoi toutes les théories libérales entrainent de nombreuses conséquences facheuses. (Le cercle vicieux du capitalisme, du mythe champion, du meilleurs, la possession materielle qui bouffe l'essence des individus, de la magie... c'est ça à mon sens le délire de shadowrun!)

On aurait demandé aux gens en 1990 : "voulez vous vivre dans l'univers de Shadowrun?" Ils auraient répondu : "non!"
Mais aujourd'hui a-t-on vraiment le choix ? Il est trop tard!

A nous créateur d'être en avance sur les théories pour constituer des univers qui les réfutent, si elles nous semblent mauvaises...

Pourquoi ne pas créer un jeu dans lequel les OGM... etc.
Pourquoi ne pas créer un jeu dans lequel les pays du Sud... etc.
Pourquoi ne pas créer un jeu dans lequel le conflit Israelo-palestinien... etc.

En philosophie on appelle "expérience de pensée" tous les contre exemples les plus fous qui montrent qu'un principe peut être rejeté par une société, ou qui montre qu'une chose que l'on avait jugé inconcevable est en fait concevable etc.

Une expérience de pensée a valeur d'argument! Mais elle doit être possible et cohérente.

Pour te révéler un secret : mon JDR, Sens, est en fait une dérive possible de l'individualisme et d'une trop grande foi en la science. Bref un exemple à ne pas suivre... ou nous pourrions nous prendre pour des dieux!

Pour moi montrer un défaut, c'est montrer un monde dans lequel tous dirait que ce trait est génant.

On veut montrer un défaut à un individu nous lui disons :
"Non mais! imagine que tu sois devant tout le monde là! Dans telle ou telle situation! hein! Ben tu verras ça t'emmerdra bien ton défaut là... Un patron comment il réagira si tu lui dit ça..." etc.
On créer un monde possible dans lequel le trait de quelqu'un est dérangeant pour lui... et c'est ainsi que l'on lui révèle un défaut!

Il en va de même pour les théories! pour la politique! la philosophie! la religion! l'art! et même pour la physique!

Einstein disait que ces compétences en physiques lui avaient moins servi dans ces recherches que son imagination. Il voulait dire que c'est en imaginant les hypothèses les plus délirantes qu'il pouvait espérer tomber sur une vraie théorie.

Le JDR, en tant qu'exercice de cette faculté, est bien plus qu'un simple moteur d'émotion. Il est a mon sens une manière de discuter et d'atteindre des vérités.

Smith lui même disait que les romans servent la société en ceci qu'il discutent les valeurs, qu'ils montrent des vérités, qu'ils mettent en scène des vertus!!! qu'aurait-il dit s'il avait connu le JDR ?!
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Message par Romaric Briand » 14 Déc 2006, 04:17

Dis moi Démiurge si je ne réponds pas à la question. Tu avais peut être autre chose en tête. Certaines de tes formulations me mettent le doute...
Est-ce que je répond à la question posée?
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Message par Frédéric » 14 Déc 2006, 14:25

Et bien c'est tout à fait dans la lignée de ce que j'attendais (j'avoue qu'avec l'intégration de questions philosophiques dans Sens, je n'en attendait pas moins de toi ;))

La première grande partie numérotée est très pragmatique (par exemple, faire du JDR pour améliorer son écriture...) mais nécessaire. Après tout, je ne prendrais pas autant de temps à écrire des scénars de JDR si ça n'était pas en phase avec mes objectifs profesionnels. La deuxième partie touche davantage au coeur du truc ;)

Je trouve ton développement intéressant et je dirai que la seule chose qui me manque, ce sont des exemples, du vécu, de l'expérience (je veux dire, que tu m'en relates).

A mon sens, car c'est le cas dans l'art et la littérature, l'aspect divertissant d'un JDR tend à effacer un quelconque message, une quelconque ouverture sur la discussion. Le gars qui passe son temps à massacrer des orcs oublie vite la cause intrinsèque à sa quête, n'est-ce pas ?
La véritable réflexion devrait être immanente et induite en grande partie par le joueur.

Un exemple, dans Démiurges, j'ai listé un ensemble de traits que j'ai nommé convictions. En soulignant bien que le personnage prend position pour ou contre une idée, une idéologie... Pour le moment, je n'ai pas encore pu tester ce que ça donnait. Si tu as des exemples de règles, de parties ou autres où ce que tu décris entre en scène, je suis vivement intéressé ! ;)
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Message par Romaric Briand » 14 Déc 2006, 20:41

oui et j'ai vu que tu avais mis une caractéristique "emotion" dans Harry Potter!!! Alors que je venais de dire que les JDR le font pas en général...

une p'tite bourde désolé :-°
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Message par Romaric Briand » 14 Déc 2006, 20:50

D'une manière générale il est clair que ces aspects (reflexions) dépendent beaucoup des PJS et de leur spirit! et aussi de ce que veut le MJ!

Cependant il existe des JDR qui favorisent plus le divertissement que la reflexion...
mais encore une fois je n'aime guère opposer le divertissement à la reflexion! Moi personnellement je ne m'amuse pas dans un jeu si je n'y réfléchis pas! :(

Se divertir ne signifie pas uniquement fuir la réalité! On peut fuir la réalité pour mieux y revenir... c'est un peu ce que voulais dire plus haut ^^
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Message par Frédéric » 14 Déc 2006, 22:36

Cependant il existe des JDR qui favorisent plus le divertissement que la reflexion...
mais encore une fois je n'aime guère opposer le divertissement à la reflexion! Moi personnellement je ne m'amuse pas dans un jeu si je n'y réfléchis pas!


C'est que selon ce que j'ai tenté de définir au départ, tu recherches un plaisir intellectuel et non un plaisir purement émotionel. ^^

En fait, si l'on part du principe que les émotions tendent à modifier notre perception et à altérer notre raisonnement (passions/raison, tu dois connaître ça) c'est un outil de propagande idéal car obstruant généralement la pensée ou l'orientant.

C'est pourquoi je fais la distinction entre le plaisir émotionnel et le plaisir intellectuel, qui font tous les deux partie de ce que l'on nomme distraction, mais l'un plus au sens étymologique que l'autre. Mais tu as tout à fait le loisir de n'être pas d'accord.

Je vais illustrer mon propos par rapport au chemin qu'a parcouru un de mes amis aux beaux arts.
Son surnom à son arrivée à l'école était "Fuir". Il considérait que si on n'aimait pas les voitures parce qu'on n'y voyait que le bruit, la pollution et les méfaits de l'industrialisation, il suffisait d'imaginer autre chose à la place (il a piqué ça à Werber), comme par exemple des chevaux pour être plus heureux.
C'était un peu comme ça recette du bonheur et il consacrait sa vie d'artiste à ça. Mais nombre de profs nous ont expliqué que les artistes devaient être impliqués dans le présent, engagés, en quelque sorte.
Et cet ami a eu un chamboulement intérieur : Il s'est rendu compte que fuir ne menait nulle part.

Ce que je veux dire par là, c'est que bien sur, on ne peut pas dépouiller une oeuvre d'émotion, et comme tu l'as souligné plus haut, on ne peut pas prévoir ce que vont faire les joueurs.

Donc, ma question présente serait quelque chose du genre :
"En dehors des jeux de logique, comment intégrez-vous du plaisir intellectuel (critique, questions philosophiques etc.) dans vos parties ?"

Forcez-vous le phénomène en limitant les actions des joueurs ou en l'imposant par exemple, ou est-ce naturel ?
Avez-vous des recettes ou est-ce au feeling. Le choix des joueurs est-il déterminant ? Quelle est leur part de libre choix et de libre arbitre ?
Frédéric
 
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Message par Romaric Briand » 18 Déc 2006, 23:37

C'est pourquoi je fais la distinction entre le plaisir émotionnel et le plaisir intellectuel, qui font tous les deux partie de ce que l'on nomme distraction, mais l'un plus au sens étymologique que l'autre. Mais tu as tout à fait le loisir de n'être pas d'accord.


Voilà ce qui me semble bizarre :

tu dis, sauf erreur :

distraction :
- plaisir émotionnel
- plaisir intellectuel

Réalité :
- ????

La réalité est si laide pour toi? Voilà le monde tel que je le vois :

- Réalité
- plaisir émotionnel
- plaisir intellectuel
- Jdr (autre réalité) -plaisir intellectuel et plaisir emotionnel

Ta distinction ne présuppose-t-elle pas déjà une fuite de la réalité?
La réalité serait une boue de laquelle nous pourrions fuir grâce au plaisir intellectuel et/ou émotionnel.

Cela est du a ta manière de voir les émotions :

on part du principe que les émotions tendent à modifier notre perception et à altérer notre raisonnement (passions/raison, tu dois connaître ça) c'est un outil de propagande idéal car obstruant généralement la pensée ou l'orientant.


je souligne :

les émotions tendent à modifier notre perception et à altérer notre raisonnement


c'est en fait l'inverse en réalité ce sont les perceptions qui tendent à modifier nos émotions.
Les sens (la perception) sont premiers, les émotions sont issues du plaisir ou déplaisir acquis par les sens et par la séléctions naturelles.

Dès lors on peut répondre à ta question :

En dehors des jeux de logique, comment intégrez-vous du plaisir intellectuel (critique, questions philosophiques etc.) dans vos parties ?


En y intégrant de la sensibilité. La réalité nous met dans des situations de plaisir emotionnel ou intellectuel par les sens. Si dans un JDR tu pose un cadre (tu joues le rôle de la rélaité) alors tes joueurs ressentiront la même chose que s'il s'agissait de la réalité.

Mais pour cela il faut qu'ils ressentent. Lorsque ton PNJ s'est pris le coup de poing dans les pieds il n'a rien ressenti c'est là la difficulté du JDR! C'est par l'imagination que cette difficulté pourra être dépassé et cela ne dépend que de toi.

Si la réalité ne te fais ni chaud ni froid en vertu de la distinction que tu as faites.

distraction
- plaisir émotionnel
- plaisir intellectuel
Réalité
- ???? (ni chaud ni froid, car il n'y a rien en dehors du plaisir intellectuel, sensible ou emotionnel)

Alors le JDR n'aura pas plus d'incidence que ça sur ton plaisir émotionnel car il doit être proche de la réalité.

Le plaisir que tu prends au JDR est equivalent à celui que tu prends à la réalité. Pour les joueurs c'est la même chose. Pour ressentir des choses il faut que tu en ai envie.

Je trouve que ta distinction pose le présuposé que tu n'aimes pas la réalité... c'est bizarre non? ou que les gens ne l'aiment pas... c'est pour ça que je ne peux pas l'accepter.

Je me demande si tu ne parlerais pas de toi en fin de compte lorsque tu evoque "fuir". Par hasard ce n'etait pas ton propre surnom?

Bon j'arrêtes là ma psychanalyse à deux balles! ^^

Ma réponse clair c'est que la réalité doit être un jeu si l'on veut que le jeu soit réel. ^^
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Message par Romaric Briand » 18 Déc 2006, 23:58

Bon ça s'était la réponse "Sens" voici la réponse Romaric (je m'éclate! je m'amuse je veux dire...) :

un bon système pour faire ne sorte que les PJs se posent des tas de questions c'est de les surprendre.
Ce bon vieil Aristote disait : "l'etonnement est mère de la philosophie!" il avait raison et dans le JDR ça doit être pareil !

Surprend les ! Ils se poseront des questions... Dés le premier scénar fait leur péter un Nexus en pleine tronche!!! Voilà mon premier conseil.
^^

La deuxième truc c'est de planter l'ambiance en leur mettant des PNJs (trop bourrins et charismatiques) qui s'interrogent sur l'origine de ce monde.
Les premiers démiurges qui étaient ils? d'où venaient leurs affinités avec l'alchimie? étaient ils ceux que l'on trouve dans la base. Ne venaient ils pas d'un autre monde... etc. (les exemples que je donne sont archibidons je connais pas assez ton univers mais... voilà)

Il suffit que le PNJ leurs disent
"Ah Ah Ah vous pensiez que les choses étaient ainsi... Pff vous êtes si naïfs... peut être serai-je un jour en mesure de vous en dire plus sur cette Terre que vous croyez votre... mais le temps n'est pas encore venu..." Puis il s'en va... Il allait te révéler un truc de fou mais non... en fait c'est à vous les PJS de le découvrir... Un truc comme ça

Ou alors il y a la solution saint seiya (par ce que s'en étais pas déjà une?) tais toi, toi! laisses moi parler... oui je disais il ya la solution saint seiya :
Tu ne finis pas ton scénario. A la fin du scénar les joueurs voient un truc de fou genre
"et là vous voyez une gigantesque colonne de lumière traverser la cathédrale de Chartres, des billiards d'anges semblent léviter en cercle autour d'elle. AU centre un individu sur un trône avec une grande barbe blanche. Vous entendez une grosse voix qui dit : "PJS je vous attendais..." et tu ajoutes... c'est la fin du scénario... (je t'avais prévenu pour les exemples... hum)

Tes joueurs diront :
PJ : "Quoi c'est fini!!!!!!!!! Mais c'était quoi ça?"
MJ : "Ben ch'sais pas?"

et là il y en a forcement un qui fera son malin :
PJ (faisant son malin) : " Pfff mais si c'est evident blbablablbalbalbalb"
PJ 1 : "n'importe quoi parce que Blbablabalbalbalb"
PJ 2 : "Pfff alors vous délirez c'est..."

et c'est bon.... non? =D
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Message par Frédéric » 19 Déc 2006, 01:46

^^ ^^ ^^ C'est la première fois que je me fais psychanalyser par une personne souffrant d'une psychose de personnalité multiples ^^ ^^ ^^

Bon, ce n'est pas parce que je recherche du plaisir intellectuel que je n'apprécie pas le plaisir émotionnel. Mais l'une des premières choses que tu apprends en école d'art, c'est : "l'émotion est une arme".
Pourtant, quand je chiale à la fin d'un film, c'est que le film était bon ! mais à mon sens, c'est surtout le réalisateur qui connaît les ficelles ! Je pense par exemple à Lars von Trier (un de mes chouchous) qui a passé 10 ans de sa filmographie à pousser cela (le contrôle des émotions du spectateur) à son paroxysme. Il crée les histoires les plus mélodramatiques possibles et en rajoute toujours des tartines (sans tomber dans l'hollywoodien, quoi que...).

Les publicitaire (j'ai fait une école de graphisme, donc ça fait partie de ma formation) cherchent également à contrôler les émotions des spectateurs pour mieux leur vendre un produit. Celui qui saura contrôler le mieux les émotions des êtres humains deviendra le maître du monde Gwahahahaha !
(mode Sens off)
Les plus grands dictateurs ont toujours cultivé leur image pour les mêmes raisons.

Quand je dis qu'une émotion modifie la perception et le raisonnement, je ne nie pas que la perception déclenche des émotions.
Les deux ne sont pas incompatibles : L'émotion peur, modifie l'activité cérébrale considérablement, l'émotion colère ênraye la réflexion. L'émotion joie la rend également plus difficile. Pourquoi une grande majorité des gens de mon age (27 ans) vont se noyer la tête plusieurs fois par semaine dans des boites de nuit ? Pour s'ennivrer d'émotions fortes afin d'oublier leur quotidien. Le hic : ça ne résout rien du tout...

La différence entre le plaisir émotionnel et intellectuel est ténue. Car les deux sont presque toujours fortement mélangés. Mais je parlais bien sur de plaisir émotionnel pur contre plaisir intellectuel pur.

Je donnerai deux exemples : s'éclater en boite de nuit et apprécier une expo de Sol Lewitt (désolé, j'ai cherché un exemple, mais ma connexion a choisi ce moment là pour déconner, je le posterai plus tard)
Le second est un artiste contemporain qui a rejeté l'émotion de son travail (pas pour dire que c'était mauvais, mais pour dire que l'art ne pouvait pas relever seulement de l'émotion, comme il était à la mode de le croire à son époque. Bien entendu, il est extrêmement difficile de produire une oeuvre matérielle qui n'affecte pas l'émotionnel. Et bien, par le nombre de gens qui ont enragé devant ses propositions, il a échoué, mais par le nombre de personnes insensibles à ses oeuvres, il a réussi. C'est une forme d'avant garde, on ne demande à personne d'aimer, mais ça met le doigt sur la dictature des émotions d'une manière générale. Pourquoi une oeuvre d'art la plus dénuée d'émotion possible n'aurait-elle pas le droit d'exister ?

Je trouve ça plutôt osé et pertinent. bon, c'était dans les années 60, si mes souvenirs sont bons, donc, dans le genre extrême on a vu pire depuis.

Maintenant, en tant qu'artiste et en tant que rôliste, l'émotion fait partie de mes outils et de mes plaisirs, mais non de mes buts, mes buts sont plutôt d'ordre intellectuels, mais côté JDR, je peine un peu à faire passer le truc ^^.


Du coup, je passe à la deuxième partie de ta réponse.
Tout cela me plait beaucoup ! Les PNJ qui se posent des questions, ça me plait bien, et j'avais envie de commencer par ça ! ^^
Concernant l'étonnement, il constitue à mon avis une bonne articulation. Maintenant, 'faut pas des joueurs trop blasés... ^^
D'ailleurs, j'ai introduit des Traits dans Démiurges de type "conviction" et "valeur" que le joueur choisit pour son personnage et qu'il devra défendre à sa manière.

P.S. : Non, Fuir ce n'est pas moi et ça ne l'a jamais été, pour moi, ce mot a une connotation qui ne me convient absolument pas. Je ne saurais d'ailleurs me définir par un seul mot (Démiurge, peut être, car après tout, c'est en créant que je me sens vivant, mais il manque tout plein de choses dont je me revendiquerait bien et qui ne se limitent pas à ça ^^)
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Message par Romaric Briand » 19 Déc 2006, 17:08

Alors nous sommes les mêmes...
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