Ce samedi soir, chez moi, on s'est retrouvé à 4 pour jouer.
Les joueurs présents étaient Simon, Anty, et Jérémy.
Simon est un joueur qui se fait des personnages assez "classiques" dans le sens où ils sont souvent des héros typiques : jeunes, enthousiastes, naïfs mais volontaires. Joueur avec moi depuis plusieurs années maintenant.
Anty est un joueur d'habitude assez discret autour de la table, aux personnages plutôt "posés". Comme Simon, joue avec moi depuis un bon moment.
Jérémy était le meneur sur cette partie. C'est le troisième jeu qu'il masterise, après La Brigade Chimérique et Monostatos (dans la partie racontée ici : http://www.silentdrift.net/forum/viewtopic.php?f=3&t=2632.
Les trois sont joueurs de Sens à ce que j'appelle ma "première table".
Je pense utile de préciser que Simon comme Anty n'ont connu le JDR qu'avec moi (et j'étais presque toujours comme meneur de jeu). C'est un peu le cas pour Jeremy aussi.
Comme je n'étais pas chaud pour jouer le meujeu, j'avais demandé à Jeremy de voir s'il n'avait pas le temps de préparer un lieu de Monostatos. Mais Jeremy ne se sentait pas non plus de faire le MJ, la tuile ^^ . Du coup, arrivé en premier, il m'a proposé un On Mighty Thews. Et là, autant dire que je n'étais pas super enthousiaste. L'univers Sword & Sorcery déjà, j'ai du mal (peut-être - sûrement ? - à cause de gros préjugés). Rajoutez à ça un système basé sur l'action... Pour MJ faignant (comme moi) c'est cool, mais en tant que joueur j'étais un peu sceptique...
Après quelques temps de discussion, je me laisse convaincre. Parfait, les autres arrivaient peu après.
On a perdu un peu de temps sur la création de persos (décidément, j'y échapperai jamais ^^), avant de créer :
Tounar pour Simon, un Condensateur d'Énergie de Warden-Zaden (une sorte de magicien à la Magic Gathering, qui canalise les éléments environnants selon le milieu pour agir). Carac D20 : Brave
Bazaï pour Anty, un aveugle un peu psychopathe qui use d'un 6e sens pour se repérer et aussi diriger ses coups de lame meurtriers vers la nuque de ses ennemis. Carac D20 : Taciturne
Claudia pour votre serviteur. Princesse du royaume d'Hamsfell, veux fuir un mariage arrangé (j'ai déjà dit que j'avais été frustré récemment de ne pas pouvoir tester Lady Blackbird ? ^^). Carac D20 : Couarde
Passé la création de perso, l'étape de création de la carte par les joueurs a été super appréciée par Anty et Simon. Moi j'étais pressé de jouer et je dessinais des trucs bateau, mais les deux ont exploité le truc à mort. Création de la Tour des 1000 questions, d'un sphynx(construction, pas animal) volant sur un rocher au dessus du désert, mise en place d'un serpent de mer, enfin ils se sont fait plaisir quoi !
Au niveau de la fiction :
On a commencé dans la ville de Kimbaya, une ville arabe guerrière (genre turque médiévale), dans laquelle une délégation d'Hamsfell arrive. La princesse est envoyée ici afin d'être mariée au fils du Roi Zahir. Tounar, membre de la garde personnelle du roi d'Hamsfell, est présent afin d'assurer sa sécurité. Quant à Bazaï, il erre dans les troquets, se contrefichant de l'arrivée de la princesse.
La nuit, la princesse essaie de déjouer la surveillance des surveillants du palais et fuit. Elle croise alors Bazaï (avec son chariot et son mulet), qui ressent son besoin d'assistance et la laisse monter sur le chariot "discrètement" (il fait comme s'il ne l'avait pas vue).
Mais Tounar veille au grain et use de ses pouvoir pour bloquer le chariot. S'ensuit un combat avec 3 soldats Kimbayiens, que Bazaï décapite sans soucis. Tounar intervient, l'immobilise avec de la glace. La princesse, qui pense que Tounar ne comprend pas ses motivations, ne veut pas retourner au palais et fuit avec le chariot de Bazaï et ce dernier immobilisé dessus.
Scène dans une auberge. Claudia et Bazaï font un peu connaissance, avant que Tounar ne fasse irruption dans l'auberge (il a prévenu la garde et lancé des recherches). Ils montent à l'étage, et quand Tounar "fait" toutes les chambres afin de trouver la princesse (foutus aubergistes, ils parlent toujours), Bazaï la traine avec lui dans le lit et fait semblant de lui faire l'amour. Tounar n'y voit que du feu et les laisse très vite, pensant que c'est un couple quelconque.
Bazaï et Claudia vont dormir chez un ami à Bazaï pour plus de sureté. Comme Atouh (l'ami en question) n'a pas beaucoup de place chez lui, nos deux compère doivent dormir dans la même chambre. Bazaï ne peut pas le voir, étant aveugle, mais la princesse possède un tatouage dans le dos qui est d'origine kashan, un rassemblement de tribus indigènes vivant au nord d'Hamsfell.
Tounar va voir le roi Zahir. Ce dernier est furieux que Tounar ai failli à sa tâche. Tounar, lui, est furieux que le monarque ne s'inquiète pas plus de la disparition de sa future belle-fille avec un mec qui coupe des têtes (!) (c'est vrai que dit comme ça...). Zahir finit par prendre la mouche et renvoie Tounar hors du palais après une insolence de trop. Début d'incident diplomatique entre Hamsfell et Kimbaya...
Plus tard... Dans le désert de Kimbaya...
Claudia et Bazaï ont trouvé des vivres, du matériel pour se repérer, et font route à travers le désert pour fuir Kimbaya... Tounar, bodyguard de princesse au chômage, rentre vers Hamsfell également. Comme il fait le trajet à cheval et non avec un mulet et un charriot, il les rattrape. Discussion, blabla, Tounar accepte de suivre la princesse par loyauté. Après tout, le roi lui a ordonné de la protéger, pas de la forcer à se marier. Ils font route ensemble quand ils se font attaquer par des sorte de brigand du désert (encore qu'on leur a pas demandé...), chevauchant des chocobos !
Une baston réussie plus tard et quelques montures, plus adaptées à mon royal postérieur, acquises, nous reprenons la route. Ah, j'oubliais : Bazaï trouve sur un des "brigands" une carte dans le désert, qui parle des "trois montagnes en forme de serpent" et d'un moyen de "monter", ou un truc genre "ascendance". Enfin, un truc comme ça.
Le Sphynx volant de Psacel XVII...
On trouve les 3 montagnes, suivons les indications de la carte, et trouvons un souterrains qui mène à une pièce avec un piédestal semblant magique (il brille). Le machin se met à briller de plus en plus fort et nous nous retrouvons téléportés. Nous sommes face au Sphynx, sur une immense roche volante. Un homme lézard nous fais des gestes agressifs en baragouinant des choses incompréhensibles. Comme on tarde à réagir, il fait sonner l'alarme, ramène ses petits copains. Ils sont plus de dix, ça va être tendu. Bazaï en tue un, risquant de faire tourner la scène en bain de sang, mais Tounar utilise ses pouvoirs pour montrer aux sauriens qu'il n'est pas n'importe qui, c'est un Condensateur d'Énergie de Warden-Zaden, après tout, et il arrive à les impressionner suffisamment pour qu'ils nous escortent à l'intérieur du sphynx. À l'intérieur, tout est en or. On nous amène devant un homme-lézard semblant âgé, qui comprenait notre langue et la parlait un peu.
La princesse tente d'user de son autorité, mais la simple mention du nom d'Hamsfell rend les sauriens furieux et leur chef, tout en insultant la princesse, la met au sol à genoux d'un geste brusque, déchirant une partie de ses vêtements, révélant le tatouage Kashan aux yeux de tous. Les kashans ne travaillant pas le métal, ce tatouage est l'équivalent chez eux d'une bague de fiançailles...
Les sauriens changent aussitôt d'avis. Ils semblent penser que j'ai invoqué le nom d'Hamsfell par peur et par ignorance de leur liens d'amitié avec le peuple kashan. Tounar est outré, il questionne la princesse qui lui apprend qu'elle a fait le choix de se marier avec le chef de Kasha, Magwa, quand elle l'a rencontré un an plus tôt.
Bref bref, on apprend que les sauriens sont incapables de nous renvoyer en bas (le teleporteur sphynx-sol est cassé, semble-t-il...). Heureusement, Tounar est Mécano-magicien, et trouve rapidement solution à leur problème. Les sauriens nous remercient en organisant un banquet... pour le moins spécial et en nous permettant de rejoindre rapidement, grâce aux téléporteurs, la forêt de Kasha, afin de pouvoir continuer notre périple...
Voila wala... Ensuite, niveau table, en vrac :
J'ai l'impression, à lecture des règles, que le jeu doit être joué de façon classique tant qu'il n'y a pas conflit dangereux. Le MJ raconte les conséquences et les évènements, mais les joueurs restent dans une posture classique (je peux me tromper, j'ai lu ça vite fait avant et pendant la partie, du coin de l’œil, en diagonale). Je me serai un peu ennuyé si mes seuls espaces de création n'avaient été que dans des conflits. Jeremy nous permettait de faire pas mal de suggestions et d'ajouts à l'univers, ce que j'ai trouvé salvateur dans la partie.
Le duo Claudia-Tounar nous a fait exploser de rire à plus d'une reprise. Le coté "Steiner-Dagga" (pour ceux qui connaissent Final Fantasy IX) était très présent et assez drôle. Notre duo fonctionnait assez bien avec l'univers. Par contre, le personnage d'Anty est resté très mystérieux jusqu'au bout (nationalité inconnue, origine de la cécité idem...).
On a eu quelques discussions à propos de "la magie est-elle abusée dans ce jeu". Les jets de savoir ont aussi été sujets à discussion. Personnellement, je l'ai trouvé assez pratique, me permettant d'inventer un sort "à la volée", histoire d'avoir au moins un élément offensif (javais pas gâté ma princesse de ce coté là...) au moment d'affronter les brigands en chocobo.
De par ma position "d'initiateur" aux JDR dans notre groupe de joueur (toute la bande a commencé avec moi et n'a quasiment connu que moi comme meujeu), j'ai tendance à avoir une position de force dans les débats ou discussions, suggestions. Autour de ce groupe de joueur, j'ai l'impression d'en abuser parfois involontairement. C'est presque une surveillance de tous les instants que je tente de m'imposer afin de me taire et laisser chacun créer à part égale. C'est pas évident, voire troublant.
La narration partagée : c'est là que j'ai été surpris. Anty, joueur plutôt passif habituellement, très en attente d'éléments posés par le MJ pour réagir, s'est lâché sur l'imagination lors de la partie. Et c'est ici qu'il a été frustré : j'avais beau rappeler qu'il valait mieux éviter de s'attacher à une idée préconçue de la suite de l'histoire, il a eu beaucoup de mal avec ça. Il avait beaucoup tendance à inventer des choses sur le long terme, s'imaginant, par exemple, le sphynx comme étant une sorte de donjon rempli de pièges à déjouer. Plus tard dans la partie, lorsque nous y sommes arrivés, nous en avons fait l'histoire sus-citée avec les hommes lézards. Ce genre de choses l'a un peu déçu. Il a eu du mal à inventer des choses immédiates, en fait. Je ne sais pas si c'est le bon terme ou quoi, mais c'est comme cela que je l'ai ressenti lors de notre débriefing. De ce qu'il disait, j'ai l'impression qu'il a du mal à voir l’intérêt d'un "entre-deux", entre le MJ et le joueur classique de JDR. Un peu comme si le fait de créer sans être MJ était frustrant car possiblement détournable. Ça a été l'occasion d'une grande discussion sur les scénars préparés à l'avance et leurs écueils d'ailleurs ^^ .
Je compte lui conseiller la lecture de quelques articles de ptgptb et de limbic systems pour peut-être plus de pédagogie (et une meilleure explication, qui reste un peu maladroite dans ma bouche).
Voila, je peux répondre à des questions sur d'autres sujets vis-à-vis de cette partie, mais c'est surtout ce dernier point qui me chiffonne. Si vous avez des questions/suggestions/remarques, je suis tout ouïe !
Excellente partie en ce qui me concerne, j'ai été finalement conquis par ce jeu qui me laissait perplexe, par l'univers que nous avons créé, et j'ai hâte de voir la suite !