Comment je suis devenu blasé

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Comment je suis devenu blasé

Message par Frédéric » 01 Oct 2009, 02:17

Dans la série des "états d'âme de Fred", voici un petit regard en arrière sur ma vie rôliste :

Je vais parler du sentiment de pureté perdu.
Qu'entends-je par là ? Simplement, qu'il y a une différence fondamentale entre mes premières parties de JDR et les dernières : je suis devenu blasé.

Je vais donc explorer mes parties de JDR "classique" qui m'ont marqué et ce qui les démarquaient des autres.

Mes premières parties de JDR, je les ai jouées à l'âge de 9 ans avec mon frangin comme MJ. Il a toujours été doué pour instiller des ambiances.
Nous avons joué pendant des années à L'œil noir, JRTM, Rolemaster, D&D, Terres de Légendes, puis Cthulhu, des jeux maison un peu plus tardivement, dont une partie de Motorball (cf. Gunnm) mémorable, une partie où l'on jouait un groupe de rock dans NY dans les années 90, façon Wayne's world, avec un soupçon de sérieux... Bref, beaucoup de parties mémorables avec leur lot de clash, d'incompréhensions entre joueurs et MJ, mais rien pour entacher notre envie de jouer.

La partie façon Wayne's World est restée gravée dans ma mémoire (je devais avoir 14/15 ans) : je jouais le chanteur du groupe de rock. La partie commence avec un concert où l'on obtient autant de succès critiques que d'échecs, résultat : prestation moyenne, c'est pas cette fois qu'on signera avec une maison de disques. Mon petit frère jouait le batteur du groupe et deux amis jouaient la bassiste et la guitariste. J'avais fait des dessins pour chaque membre du groupe.
On se déplaçait dans un van rose avec une tache bleue sur la portière parce que j'avais essayé de le repeindre, mais la flemme m'a gagnée, j'ai fini par laisser tomber.
Nous regardions une émission consacrée au Rock sur le câble. L'animateur s'appelait Ted the Stud, il était très maigre avec des cheveux longs et gras et les oreilles décollées.
Des voitures aux vitres teintées (des maffieux) nous prenaient en chasse dans les rues de NY, nous nous sommes cachés dans un cinema où se trouvait Léon (oui oui, le personnage du film de Luc Besson) nous lui avons demandé de nous débarrasser de nos poursuivants, ce qui nous a infligé une grosse dette que nous ne pouvions payer...
Sur la CB, on capte un message qu'on n'aurait pas dû : des malfaiteurs cherchent à cambrioler la banque centrale de New York ! Ni une ni deux, on se rend sur le lieu à l'heure du rendez-vous.
Là, on voit des voitures avec des mecs louches. On décide de brancher nos instruments sur la batterie de la fourgonnette et de balancer la sauce. Les malfaiteurs paniqués se barrent en vitesse.
La police arrive rapidement et cherche à nous coffrer pour tapage nocturne, mais soudain, John Mac Lane apparaît sur un brancard et explique aux agents de police que nous avons sauvé la banque centrale... Oh gloire !
AU final on a découvert que les maffieux qui nous poursuivaient étaient envoyés par le père de la bassiste du groupe qui voulait retrouver sa fille.
Richissime, il a épongé notre dette envers Léon...


Dans mes premières parties, je pleurais quand mon PJ mourrais, je flippais comme un malade quand il y avait un danger et je m'engueulais avec mon frangin quand il était injuste et partial.

Aujourd'hui, dans mes parties (non-indies, je tiens à le préciser, quitte à ce qu'on rouvre le débat du JDR "dysfonctionnel") aujourd'hui, je souris, je fais bcp d'efforts, je stresse un peu et au lieu de m'engueuler avec le MJ, je digresse et je prends mon mal en patience.

Vers l'âge de 13 ans, je jouais de façon quasi hebdomadaire avec des potes de collège.
Je n'ai aucun souvenir d'une partie de cette époque. Peut être est-ce dû à un phénomène d'amnésie due à l'adolescence ou je ne sais quoi, mais j'ai une grande difficulté à me rappeler du contenu des fictions.

On a joué à Vampire, Starwars, D&D, In Nomine Satanis/Magna Veritas, Berlin XVIII, Shadowrun, Project Twilight... Je suis à peine foutu de vous dire de quoi parle ces jeux (si je n'y ai pas rejoué avec d'autres tables).

Et c'est à cette époque que j'ai digressé le plus, au point que mes copains me trouvaient relou et hésitaient à m'inviter aux nouvelles parties.
Mais je pense qu'en fait rien ne m'aidait à m'impliquer dans les histoires, je sentais qu'on attendait quelque chose de moi par moments, mais que l'histoire filait sans moi.
Certains joueurs s'éclataient dès qu'il y avait de la baston, fantasmaient sur les armes... c'étaient de bons potes, mais bon, c'était pas ma cup of tea, cette façon de jouer.

J'ai commencé à devenir MJ vers 16 ans en initiant mes amis du lycée. J'ai enchaîné les erreurs de scénarisation, les mauvais choix de techniques de MJ, à tel point que mes parties réussies (où tout le monde a pris plaisir et en a témoigné) se comptent sur mes deux doigts comme dirait feu Michaël Jackson.
Les copains ont tenté quelques parties en tant que MJ, pas folichonnes non plus. Mais les quelques parties réussies ont donné au groupe un engouement pour le JDR. On a cherché pendant longtemps ce qui avait fait le succès des rares parties réussies, il m'a fallu presque 10 ans pour mettre des mots dessus : espaces de créativité.

La première partie que je leur ai faite jouer était un jeu med-fan maison.
Nico découvrait le JDR
Florent aussi, mais pour lui c'était de la grosse connerie et il s'apprêtait à se faire chier (après cette partie, il a commencé à créer son propre JDR)
Vu avait déjà un certain nombre de parties à son actif avec mon frangin comme MJ, il a participé à la partie Wayne's World-like.

Les 3 PJ se retrouvaient par des intérêts plus ou moins personnels à rechercher une charrette transportant des marchandises et qui aurait été détournée par des brigands.
En chemin, quelques épreuves.
Puis arrivés au repère des brigands, établi dans une caverne au bord d'une rivière, les joueurs ont élaboré une tactique, ils ont enfumé la caverne, l'archer s'est planqué dans un arbre et a canardé ceux qui sortaient, les autres les cueillaient à la sortie.


Gros succès, révélation pour les néophytes. On a ensuite joué un bon nombre de parties.
Mais aucune n'a jamais été à la hauteur de celle-ci.
Pourquoi ? Je les ai trop scénarisées. Je cherchais à produire des effets de surprise, d'angoisse etc. je cherchais à susciter en eux des émotions, comme un cinéaste avec ses spectateurs. Résultat, des parties trop linéaires, des enjeux inaccessibles, des scènes qui ne devaient surtout pas être déviées pour ne pas saboter le coup de théâtre prévu etc.
Une série de fiascos.

En fait, c'est quand les joueurs avaient une prise sur la fiction qu'ils s'éclataient. L'ambiance etc. c'était subsidiaire.

Ensuite, je suis arrivé aux beaux arts de Poitiers et là, j'ai décidé d'initier mes camarades et pour certains, amis, au JDR. J'ai réussi à conquérir certains, il y a eu des parties malencontreuses, quand on ne sent pas un joueur, il faut refuser sa participation, je crois... C'est ce que me dit l'expérience.

Pareil, les parties linéaires ont eu bcp moins de succès que les parties "bac à sable". Pour ainsi dire, les parties improvisées fonctionnaient souvent mieux que les parties préparées. Ça corrobore ce que je disais plus haut : les parties improvisées ou trop vite préparées faisaient que je me reposais sur les joueurs pour ne pas avoir trop à inventer. Résultat, je leur donnais des situations ouvertes, où je verrai bien ce que ça donne en fonction de leurs choix.

Je me souviens notamment d'une partie, dont j'ai écris le scénar en 5 minutes aux toilettes avant de jouer.
Un vrai succès, les joueurs se sentaient libres dans leurs faits et gestes et je m'appliquais à intégrer leurs conséquences à l'histoire. C'était excellent.

J'ai alors rarement été joueur. La possibilité s'est de nouveau offerte à moi il y a 3 ans, alors que je menais la campagne d'Harry Potter, j'en avais marre de me farcir tout le boulot, j'avais besoin de MJs pour pouvoir jouer à mon tour !
J'ai répondu à une annonce sur Casus et j'ai commencé à jouer avec ma table pictavienne.
Sur deux ans, il y a eu d'excellents moments. Mais trop rares pour m'inciter à poursuivre.

Je pense notamment à un partie de Thoan, plutôt intéressante, dans laquelle les découvertes sur l'univers s'enchaînaient.
À un moment, on devait s'entretenir avec un mystérieux sage qui s'est avéré être un aigle géant doué de parole... et alors ?
J'ai esquissé un sourire. Ça ne m'a pas vraiment affecté, alors qu'un autre joueur a manifesté à voix haute sa surprise.
Et sur la totalité de nos parties, je dois admettre que je me suis senti blasé. Les surprises ne m'affectaient que lorsqu'elles étaient vraiment de taille et je dois dire que c'était rare.

Une fois, mon pote Fred (un des initiés des beaux arts) a mené pour la première fois de sa vie une partie de JDR, il a choisi Biohazard : Resident Evil RPG, écrit par Yno.

C'était une partie excellente. Simple, mais extrêmement vivante.
Membres du S.T.A.R.S., équipe d'investigation spéciale, on enquête sur un laboratoire pharmaceutique, si je me souviens bien. Nous étions deux joueurs. Nous commençons par tenter d'atteindre la rivière non loin du laboratoire pour faire des prélèvements d'eau.
En chemin, dans la forêt locale, on trouve une dépouille de cerf que les corbeaux finissent de vider.
De temps en temps, des bruits de broussaille qui bougent à une certaine distance de nous se font entendre...
L'angoisse monte.
On prélève un peu d'eau et sur le chemin du retour, les bruits sont de plus en plus proches.
J'empoigne mon arme et dis à ma collègue de me couvrir. J'avance vers le lieu d'où provient le son, là, un doberman décharné galope vers moi... je tente de m'accrocher à une branche pour me hisser, mais il est plus rapide et me lacère la jambe, je suis projeté au sol, la bête se jette de nouveau sur moi, je pointe mon flingue et lui mets une balle en pleine tête...
On court, on arrive jusqu'à notre voiture qui a été cabossée comme si un truc énorme lui était rentré dedans avec frénésie un nombre incalculable de fois... elle est inutilisable.
On accède au portail du laboratoire, on entre, d'autres chiens se précipitent vers nous. On referme le portail manuellement, mais il se bloque et ne veut pas se fermer, il ne se verrouillera que si le courant est remis. L'un de nous shoote les chiens zombies pendant que l'autre tente de rétablir le courant. On n'y arrive pas, les chiens défoncent le portail, nous battons en retraite dans la cabine du contrôleur à l'entrée du parking, les chiens défoncent la porte, on vide une partie de nos chargeurs sur eux et c'est dans la cabine qu'on parvient à verrouiller le portail...

On était dans le stress de trouver des solutions (qui n'existaient sans doute pas toutes préalablement vue la taille du scénario de Fred : 1 ou 2 pages), ça fonctionnait super bien.

Je suis aujourd'hui convaincu que le JDR est un médium formellement faible : les images produites seront toujours moins puissantes que celles d'un film ou d'un bouquin (surtout si elles offrent peu de possibilités aux joueurs de se les approprier). Pourquoi ? Parce que les livres et les films sont faits majoritairement par des bons : quel MJ est au niveau de Orson Welles, Terry Gilliam ou Stanley Kubrick ?
Bien sûr, je choisis les films que je vais voir, autant dire qu'il y a des réalisateurs que j'évite. Dois-je être aussi sélectif avec mes MJ ? Malheureusement, il n'y en a pas tant que ça à portée.
De plus, la part d'improvisation en JDR empêche les MJ de préparer leurs parties autant qu'un écrivain son livre.

Ce que je pense, c'est que la véritable forme du JDR est son système. C'est cela qui apporte de la potentialité, des espaces de créativité et c'est ce qui permet au joueur de s'approprier la fiction et de s'impliquer dedans. C'est grâce à cela qu'un JDR contrebalance sa pauvreté formelle et développe autre chose de plus puissant que dans les autres médiums. Je parle de système en tant que : la manière dont les joueurs (MJ inclus) prennent leurs décisions pendant la partie. Les techniques du MJ font donc partie de ce système dont je parle.

Je rencontre beaucoup de rôlistes qui ne veulent qu'être MJ, car en tant que joueurs, ils ne s'amusent plus. Est-ce la marque de besoin d'espaces de créativité ?

Autre chose, la plupart des scénars de JDR sont fondés autour d'artifices narratifs : principalement le coup de théâtre (cf. le thread "Hahaha, je vous ai bien eus"), mais... le coup de théâtre ne garantit pas d'espaces de créativité, voire il tend à s'opposer à ce que les joueurs prennent de slibertés dans l'histoire pour fonctionner, puisqu'il doit découler d'une autre scène et souvent d'un détail anodin qui justifie la surprise.
Bon, j'arrive à mettre des coups de théâtre dans mes parties sans scléroser mes joueurs, mais quand le scénar complet est bâti là-dessus ? Quand ce sont les détails qui s'assemblent pour former une révélation ?

Et puis, les coups de théâtre, on finit par les voir venir après 20 ans de JDR et d'ingurgitation obsessionnelle d'histoires.
Pourquoi donc s'attacher à quelque chose qui s'estompe avec le temps ? C'est cela qui m'a blasé en grande partie ! La pureté est définitivement partie.
Quand l'histoire dépend de moi, j'en suis responsable, autant que les autres joueurs, sa qualité dépend de tous. C'est de ce genre de système que je veux parler !

Enfin, ce qui a failli être le drame de ma vie rôliste, c'est que les parties de JDR que je jouais ressemblaient de moins en moins aux fictions que j'affectionnais : les films de Wong Kar Wai, Lars Von Trier, Spike Jonze, le cinéma asiatique contemplatif etc.

C'est pourquoi, j'ai créé Psychodrame, Prosopopée et Démiurges, pour explorer un champ qui me semblait vierge. Car ce sont ces fictions que je veux rencontrer en JDR, celles qui me font vibrer ! Et longtemps, j'employais de très mauvaises méthodes pour arriver à cela (donc, j'étais insatisfait de mes tentatives). C'est en mettant en place des espaces de créativité et en créant mes jeux autour d'eux que j'y suis parvenu.

***

Voilà comment mon parcours qui m'a conduit à devenir blasé m'a amené à considérer l'importance des espaces de créativité en JDR.
Autant dire que leur présence me redonne généralement goût au JDR, leur absence me plonge dans l'ennui.
Discutons-en si cela vous interpelle.
Frédéric
 
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Lionel (Nonène) » 01 Oct 2009, 10:49

Super intéressant, je suis le fil avec intérêt et je vais, si tu es d'accord, raconter mon propre parcours rôliste de la même manière que toi.
Lionel (Nonène)
 
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Romaric Briand » 01 Oct 2009, 10:56

Excellente idée !
Un personnage de fiction souhaitant s'incarner dans la réalité... Les rolistes sont mes proies...
http://leblogdesens.blogspot.com/
http://sens.hexalogie.free.fr/
Romaric Briand
 
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Frédéric » 01 Oct 2009, 11:16

Lionel : ne te prive surtout pas ! ^^
Frédéric
 
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Nocker (Guillaume) » 01 Oct 2009, 14:39

Je crois ressentir une chose similaire.
L'envie d'être MJ pour les jeux classiques, parce que c'est la seule position qui permet vraiment de créer. Bien sûr, avec des jeux plus aboutis (fonctionnels), même les joueurs ont assez d'espace de créativité et la question est plutôt de trouver des joueurs dans ce cas.

J'ai un ami qui ne veut plus qu'être MJ, il refuse catégoriquement d'être joueur. Il semble dire que c'est une impression de contrôle qu'il recherche, qu'il n'aime pas la position de l'ignorant à qui on révèle les secrets du scénario, mais après avoir lu ce fil, je crois surtout que c'est parce qu'il aime créer des histoires. Et comme les JdR classiques ne permettent qu'au MJ de faire du Narrativisme (à cause d'espace de créativité trop réduit pour les joueurs), il préfère cette position.
Et moi, même en tant que grand Simulationnisme dans l'âme, je crois que je commence à le rejoindre un peu. Les trois motivations GNS (à part peut-être la plupart des formes de Ludisme) demande un large espace de créativité pour s'épanouir. Après avoir joué à Shock, je crois que je ne pourrais plus jamais faire de partie Narrativiste avec MJ.

La plupart des jeux classiques, et la manière de maistriser une partie classique se construit à peu près comme ça :
- Un MJ prépare son scénario avec des points de passage et une intrigue. Parfois avec plusieurs fins possibles. Il fait une sorte de Narrativisme
- Le joueur n'est autorisé qu'à donner l'intention d'action de son personnage (il ne peut ni parler du résultat attendu, ni parler d'intention à large échelle, c'est toujours règlé par tâches)
- Le MJ autorise (ou prône) les moments appelés "roleplay" qui sont souvent des tirades ou des descriptions spectaculaires sur un personnage. On est dans l'Exploration de Personnage avec un max de Couleur.
- Lorsqu'un joueur met en péril la continuité du scénario prévu, le MJ trouve des astuces pour le remettre dans le droit chemin ou lui donner les raisons (i.e. contraindre sa vision de son personnage, par exemple en disant qu'il est très attiré par tel PNJ) de le faire lui même. Illusionisme total, sauf dans les cas où c'est impossible à rattraper (voir point suivant)
- Parfois le MJ laisse un espace d'action plus large aux joueurs (le fameux "vous voyez ça, que faites-vous ?"). Certains sont perdus par ça, d'autres en profitent pour faire du Simulationnisme. Dans tous les cas, le MJ a pris soin que les décisions des joueurs dans ce cadre n'interféreront pas avec le reste du scénario (qui doit rouler sur les rails)
- Les Joueurs arrivent à la table en demandant un super scénario, et toute la cohérence qu'ils pense pouvoir exiger. La tâche du MJ est alors gargantuesque, puisqu'il doit s'assurer que les actions imprévues d'une demi-dizaine de rolistes (à l'imagination Ô combien débordante) ne mettent pas à mal la trame qu'il a prévu.
- Le MJ s'assure que cette cohérence et la trame qu'il a prévue seront respectées en réduisant au maximum l'espace de créativité et de décision des joueurs, la plupart du temps en leur faisant croire qu'il est bien plus grand que ce qu'il est. Le fait que ce soit le MJ qui décide quand il y a résolution par système mécanique et quand il tranche par son seul jugement est une aide précieuse pour garder les joueurs parqués. Illusionisme encore une fois. Et un bon gros "Le Truc Impossible avant le Petit Déj"


Si un joueur veut plus d'espace de créativité, il lui faut se rendre compte, en revanche, qu'il devra aussi prendre une partie de la responsabilité et de la tâche de MJ : avoir des idées qui plaisent aux autres, et devoir réfléchir à la cohérence de ce qu'il propose.
Personnellement, cette contrepartie ne me dérange absolument pas et c'est pourquoi j'ai tellement aimé Shock, où l'on était en fait une table de cinq MJ qui construisaient un scénario sans ces parasites appelés "joueurs" ^^
Le meilleur conseil aux rolistes, par John Wick.
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par ShamZam » 01 Oct 2009, 15:27

J'ai eu du mal à me mettre à la lecture vu le pavé mais je suis content d'en avoir pris le courage. Ton message qui argumente par l'exemple est pour moi des plus instructif. D'une part j'y ai compris ton fer de lance : la défense de l'espace de créativité et d'une autre j'en ai pointé le pourquoi je me sentais moi aussi blasé et moins motivé pendant les parties. Typiquement le rapport de parti que je vous avais fait, relatif à Ambre montre aussi que c'était bel et bien parce que j'avais une large marge de manœuvre au niveau imagination et résolution de problèmes que j'ai triper le moment.

Par contre suite à cette lecture, je renforce mon idée que tu n'es pas cohérent avec cette démarche quand dans Démiurge tu proposes des tables/tableaux pour les transmutations alchimiques. Mais j'aurais soin de détailler ça dans le commentaire que je dois te faire à ce propos, directement dans le document.
Alex
studio Gobz'Ink : Arlequin (AGONE), bestYoles, CARTOM, Drôles d'étoiles et Eclipse
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Frédéric » 01 Oct 2009, 15:34

Guillaume : je suis d'accord avec ton analyse qui rejoint la mienne (en tenant compte de l'emploi que tu fais des termes GNS).
Après avoir joué à Shock, je crois que je ne pourrais plus jamais faire de partie Narrativiste avec MJ.

Mais pour ma part, après avoir testé des JDR narrativistes sans MJ, j'aime tout de même beaucoup ceux avec MJ : Dogs in the Vineyard, Innommable...

Alex : je suis curieux de voir ce que tu veux spécifier au sujet des tableaux des pouvoirs dans démiurges (qui ne sont en fait que des listes mises en forme dans des tableaux).
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Frédéric » 01 Oct 2009, 15:42

Frédéric (Démiurge) a écrit :
Après avoir joué à Shock, je crois que je ne pourrais plus jamais faire de partie Narrativiste avec MJ.

Mais pour ma part, après avoir testé des JDR narrativistes sans MJ, j'aime tout de même beaucoup ceux avec MJ : Dogs in the Vineyard, Innommable...

Hmmm à la réflexion, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris ce que tu voulais dire : Les jeux dont je parle (In a wicked age en fait partie) proposent un rôle de MJ très précis, en retrait (appelé le jeu de basse en référence au bassiste d'un groupe de rock) ce qui laisse bcp d'espaces de créativité aux joueurs.

Donc, veux-tu parler des jeux que je cite ou des parties où seul le MJ crée l'histoire ?
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Nocker (Guillaume) » 01 Oct 2009, 17:07

Oui, je parle des jeux où le MJ arrive à la partie avec un scénario de préparé et contrôle tout sauf le sacro-saint libre arbitre des PJs.
Car il est vrai que bon nombre de jeux conservent ce rôle très pratique de "la fatalité", "l'antagoniste", "la force dynamique de l'histoire", etc. C'est un rôle plus réactif et dynamique que celui de MJ (dans le sens classique) qui pose des situations, et place son intrigue.
Je suis en train de lire un jeu Forgien, Misspent Youth, qui propose de jouer une clique d'adolescent rebelles dans un monde dirigé par l'Autorité (quelque forme qu'elle prenne). L'un des joueurs prends le rôle de l'Autorité, mais cela laisse encore une très large marge de maneuvre aux joueurs des adolescents (Précisons que ce jeu est Narrativiste).

C'est la différence entre dire "Le MJ contrôle le monde, les PNJs, la causalité et la destinée" et "le MJ est la force qui déclenche la destinée et/ou incarne les PNJs opposants"
Le meilleur conseil aux rolistes, par John Wick.
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Gaël » 02 Oct 2009, 03:43

Je pense que cette biographie de ta vie de rôliste doit être proche dans le fond de bien des acteurs de ce forum. Quand on s'intéresse à d'autres manières de faire du jeu de rôle, on est amené à remettre en cause ses fondements et à s'en détacher.

Pour ma part, je ressens également cette frustration sur des parties de JDR dites "classiques".

Je rajouterai en plus la question de la participation des joueurs autour de la table. Il m'est arrivé trop souvent de me retrouver écrasé par des joueurs plus charismatiques qui monopolisaient la scène et comme le système ne permet pas d'équilibrer ça, je me suis retrouvé à dessiner sur ma feuille de personnage d'ennui, me reléguant au statut de personnage secondaire, voire pire de figurant.

Autre point déjà exprimé, l'illusionnisme m'a très vite gonflé. Le JDR permet soi-disant de faire ce qu'on veut, mais en fait, on se retrouve davantage face à un livre dont vous êtes le héros simplement plus complexe. On peut aller à gauche ou à droite, mais dans tous les cas, on se retrouvera à des endroits identiques et la fin sera plus ou moins la même. Il m'est même arriver de sacrifier une soirée jeu de rôle pour faire du jeu de plateau. Au moins je ne savais pas qu'elle serait l'issue de la bataille!

Mais ce qui gêne le plus dans ces parties, c'est l'espace donné pour les sentiments des personnages. Étant amoureux du cinéma, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi les JDR classiques étaient si fades. Après avoir testé les jeux de Démiurges, j'ai compris pourquoi. Les systèmes classiques reposent quasi-uniquement sur le physique des personnages, et très peu sur le mental. Combien de jets de charisme par rapport aux jets de perception ou de dextérité ? Oui, très peu. Et ce n'est pas la gestion de la santé mentale de Cthulhu qui change beaucoup la donne. Quand on ressent une émotion au cours d'une partie de JDR classique, c'est par rapport à la qualité de narration du MJ qui se rapportent quasiment toujours aux PNJ.

Finalement, nous n'avons jamais joué les héros dans ces parties, mais seulement les forces de l'ordre. Le MJ nous livre un conflit qui a lieu entre les protagonistes principaux de l'histoire (des PNJ) et nous sommes amenés dans l'histoire plus ou moins de manière cohérente : la plupart du temps "On vous convoque pour vous donner une mission". Un briefing militaire pour aller résoudre un conflit qui ne nous concernent en rien. Reste la qualité de conteur du MJ, la franche camaraderie autour de la table et ses éternels fous rires et l'aspect ludique de "comment on va résoudre ce merdier". Certains s'en contentent largement, et c'est tant mieux. C'est même encore mon cas quand ces trois aspects sont de qualité.

Mais si nous sommes réunis ici, alors je prêche des convertis. Mais quel plaisir de savoir qu'on est pas seul, et que le JDR a bien plus encore à proposer qu'un stage à la police nationale.

Sur ce, je vous laisse sur cette boutade finale!
Gaël
 
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Frédéric » 06 Oct 2009, 12:12

Hello, je n'ai pas grand chose à ajouter à ce qui a été dit. Si vous voulez aborder un point plus spécifique dans ce qui a été soulevé, n'hésitez pas.
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par XIII » 29 Oct 2009, 02:54

C'est en effet intéressant de lire ton cheminement dans le monde du jdr.
Une question à propos de tas biographie, "Comment je suis devenu blasé", je n'ai pas l'impression que tu sois blasé à la lecture de ton parcours alors pourquoi ce titre ?
XIII
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Frédéric » 29 Oct 2009, 12:15

Salut, XIII ! Sois le bienvenu chez nous.

Ah ben je suis devenu blasé du JDR tel que je l'ai pratiqué pendant la majeure partie de ma vie rôliste.
Mais ce "souffle" que j'ai perdu, je le retrouve avec des jeux novateurs (souvent ceux qui viennent de The Forge). ^^
Frédéric
 
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par XIII » 29 Oct 2009, 13:26

Nous avons pas quelques aspect des point très commun dans notre parcours dans le monde du jdr. Toutefois, je n'ai pas l'impression d'avoir perdu "le feu sacrée" pour les jeux dit du commerce. Toutefois, je suis très sélectif quand je tente un nouveau jeu. Ma démarche étant plus orienté vers la maîtrise que jouer et ce depuis le début de ma vie dans le jdr.

Je trouve que certain jeu du commerce permette des créations très en dehors des sentiers battus, mais c'est agréable de temps en temps de revenir au "fondamentaux" d'une bonne histoire. C'est la démarche que je fais en se moment sur un scénario de convention de jdr, un simple huit-clos pour L'Appel de Cthulhu, je dont je suis fan depuis 1985 (je suis fan des écris de Lovecraft depuis encore plus longtemps... ).

Ce que je remarque toutefois, même sur un jeu aussi connus que AdC, j'arrive à ajouté ma "patte" créative, cette fois, j'expérimente un système de gestion de la folie des personnages en partie inspiré de Sombre ligth et avec un peu de "XIII poudre of imagination ®". Je pense que le jdr est un lieu de recherche pure et chaque partie permet de remettre en question certain principe à peu de frais (sauf si ça plante la séance de jeu).
XIII
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Re: Comment je suis devenu blasé

Message par Frédéric » 29 Oct 2009, 13:51

En fait, c'est surtout en tant que joueur que je suis blasé.

En tant que MJ, au fond, plutôt que de transformer des JDR existant, créer les miens me permet une totale malléabilité et donc une démarche basée sur la globalité du projet. Je n'aurais jamais obtenu Prosopopée en partant sur un JDR existant.

Aussi, ce que je recherche en tant que créateur, c'est de proposer des jeux dont l'appropriation créative n'est pas que celle du MJ, mais de la tablée entière.
Frédéric
 
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