Julien a écrit :Frédéric a écrit :Nous sommes morts parce qu'on a fait le mauvais choix, c'était assez nul car nous n'avions pas vraiment de visibilité sur ce qui nous attendait, on a choisi à l'aveugle
Y avait il aucun moyen de savoir ou de deviner ce qui risquait de se passer ? Des descriptions suspectes faites par le MJ par exemple, ou bien l'un de vos deux personnages avait il la possibilité d'aller en éclaireur furtivement ?
Je reprends ta question dans ce nouveau sujet. Je rappelle la situation :
J'étais chez un ami et un ami à lui venait faire jouer la suite de la campagne de Warhammer qu'ils jouaient depuis un bon moment (donc, jeu du commerce, scénario du commerce, mais techniques et arrangements propres au MJ). J'ai été convié à me joindre à eux et j'ai joué un perso créé pour l'occase.
J'intègre la campagne dans un moment important : on est dans une cité humaine fortifiée, on prend des chambres dans une auberge pour passer la nuit. Tout va pour le mieux mais on sait qu'un danger approche. Pendant la nuit, des hommes rats (scavens) pénètre dans ma chambre ! Je les combats, ferme la porte de ma chambre et tambourine à celles de mes camarades pour les avertir. On combat, puis on sort dans la rue et c'est la déferlante de scavens dans la ville !
Les gens courent dans les rues comme des dératés, on court également mais un des PJ, un nain, se casse la gueule dans la cohue suite à un jet de dés. Je suis le seul à retourner l'aider pour éviter qu'il se fasse piétiner. Plus loin, les gardes de la cité ont bloqué la rue, on ne peut pas passer, donc on prend une ruelle. Les autres joueurs sont déjà passés.
Et là, on peut passer par les toits ou par les égouts pour passer la barrière de gardes.
Le joueur qui joue le nain, en cohérence avec son personnage insiste pour qu'on passe par les égouts
dans les égouts, on allume une torche et on progresse, jusqu'à ce que des voix nous somment de nous arrêter et nous décochent des tirs d'arbalètes avant que l'on ait pu répliquer.
On se fait cribler à tel point que je crève. Le nain agonisant rampe en sens inverse dans les égouts où il se fait bouffer par les scavens.
Les autres joueurs étaient arrivés avant et étaient passés par les toits, ils ont réussi à passer le poste frontière sans problème. Nous sommes morts parce qu'on a fait le mauvais choix, c'était assez nul car nous n'avions pas vraiment de visibilité sur ce qui nous attendait, on a choisi à l'aveugle.
Le MJ était navré après la partie, mais il s'est contenté de respecter le scénar.
Et il s'est rendu compte que c'était nul. C'est un excellent MJ, le reste était enlevé, théâtral, il avait vraiment une énergie, il donnait son temps de parole à tout le monde et ça faisait longtemps qu'il était MJ.
Les gardes dans les égoûts étaient bien trop puissants, et nombreux, ils nous tiraient dessus dans le noir donc on est morts comme des merdes dans les égouts sans pouvoir se défendre, point final.
De plus, celui qui jouait le nain, le jouait avec beaucoup de talent et s'appliquait à être crédible par dessus tout ! Il était têtu, impossible de le faire passer par les toits, c'était illogique. Mais les égouts, c'était un piège.
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Il y a trois aspects dans ce problème :
- le premier, c'est la façon dont la mort peut survenir dans le jeu,
- le deuxième, c'est de savoir s'il y a toujours un moyen de résoudre la situation,
- le troisième, c'est de savoir si un choix est un vrai choix.
Un choix sans perspective qui débouche sur un piège mortel sans résistance possible est à mon avis à éviter, même dans le cadre d'un donjon, j'aurais tendance à dire que si le piège est indétectable, il faut au moins que son issue ne soit pas une mort certaine.
Dans la situation, il faut dire qu'on marchait dans l'eau, donc on faisait du bruit, avec une torche, donc on était repérables quoi qu'on fasse à l'autre bout du conduit. Les autres n'avaient pas de torche, ils étaient indétectables et armés d'arbalètes, on était donc à leur merci.
1) La mort du personnage doit être adaptée :
- si je joue "story now", je veux que la mort de mon personnage ait un sens et je veux avoir eu des choix dont l'un pouvait potentiellement me faire mourir en toute connaissance de cause.
- si je joue "step on up", je veux avoir de véritables moyens de me battre, que l'issue ne soit pas déterminée à l'avance et qu'il y ait un vrai défi et que la difficulté ne soit pas disproportionnée.
- si je joue "constructive denial", je veux que ma mort soit la façon dont les choses vont dans cette situation. Le MJ doit faire en sorte que je puisse accepter ma mort de toutes façons.
2) Je dois savoir quel est l'enjeu et quelles sont les issues possibles.
- si je joue "story now", le joueur doit pouvoir mettre en balance son enjeu avec autre chose (sa droiture, la vie d'une relation, ses valeurs etc.) pour obtenir gain de cause,
- si je joue "step on up", il est important de voir si on réussie ou si on échoue, mais le joueur doit être capable d'influer sur le résultat en prenant des risques ou en établissant des choix tactiques.
- si je joue "constructive denial", le résultat devra être celui qui convient le mieux, mais cela doit être évident pour tout le monde et surtout, on pourra s'intéresser à la façon dont ça se passe et faire en sorte que malgré un échec, le héros demeure héroïque (l'esthétique et la crédibilité dominant).
(Je ne sais pas si je suis clair).
3) La question du choix est de toute première importance :
il existe de vrais choix et de faux choix. Un vrai choix est motivé et mis en perspective.
Dans la situation présentée dans ce sujet, la motivation est claire : on essaye d'échapper à la menace. Mais pour sortir, le MJ nous propose deux choix : passer par les égouts ou par les toits.
Il manque la mise en perspective : si on avait une idée de ce qu'on peut trouver dans les égouts ou sur les toits, on saurait ce qu'il vaut mieux faire.
Si en plus on avait l'assurance de ne pas mourir gratuitement et d'avoir une prise sur la situation (voir les points 1 et 2), on pourrait se lancer à corps perdu dans la situation en toute confiance vis à vis du MJ. SI j'avais dû faire un nouveau PJ pour continuer la campagne, je pense que j'aurais dû jouer mon perso complètement parano pour lui permettre de survivre (même si j'aime pas ça).
Bien sûr, il y a aussi un problème de démarche créative, puisque le piège allait forcément s'abattre sur le nain qui, plaçant la crédibilité de son personnage par dessus tout le reste refusait catégoriquement de passer par les toits. Le piège s'insinuant dans le jeu comme un défi (il faut anticiper les pièges placés par le MJ pour les éviter) se révèle inadapté à la démarche que nous adoptions.
J'espère avoir répondu à ta question, Julien. Je peux développer davantage les points qui t'intéressent.