Salut Shiryu
Rappel : ce site promeut deux idées.
- qu'il est possible de parler et d'analyser des parties et d'en tirer des enseignements utiles pour jouer ou créer (comme Frédéric le dit, ceci n'a rien à voir avec l'activité d'un éditeur) ; et
- qu'il est possible pour un auteur de publier son jeu lui-même, tout en gardant l'ensemble des droits et le contrôle commercial, bref, de l'auto-édition. Un jeu publié de la sorte est dit « indépendant ».
Réponse à la première question : En tant que seul représentant officiel de silentdrift, je ne fais que vérifier que les projets discutés sont bien indépendants, sauf pour la rubrique Parties (il y a donc bien une sélection, Frédéric !) Je ne prends aucune décision créative ou commerciale concernant les projets présentés ici, silentdrift ne peut donc en aucun cas être considéré comme un éditeur, simple question de définition.
Réponse à la question bonus : Je ne vais pas changer cela, car ça ne m'intéresse tout simplement pas d'être éditeur. Et même, ce serait contradictoire de faire de silentdrift une maison d'édition, ce serait une énorme baffe pour tous ceux qui se sont investis ici précisément parce que ce forum soutenait l'indépendance.
Fonction démêlage : Même si les messages sont effectivement envoyés à titre bénévole, rien n'exclut la possibilité que des mandats rémunérés soient conclus suite à un appel dans la rubrique Connexions (rémunération d'un maquettiste, illustrateur, etc.) L'indépendance ne dit rien sur comment les gens sont rémunérés au sein d'un projet (tout comme le fait d'être édité ne garantit rien a priori en termes de rémunération).
Il faut aussi préciser qu'en aucun cas silentdrift ne couvre toutes les fonctions d'un éditeur conventionnel. On n'y fait pas de relecture, on n'y fait pas de mise en page, etc. Chaque auteur doit donc s'arranger pour que les fonctions essentielles à son projet soient couvertes, ce qui nécessite des interactions hors-silentdrift (même si elles peuvent être amorcées sur le forum). J'irais même plus loin : on ne crée même pas de jeu sur silentdrift ! Certains projets sont discutés, parfois en profondeur, mais beaucoup de choses ne passent jamais par le forum et tout est décidé en dehors, par les auteurs face à leur page blanche ou leur feuille de comptabilité.
La plupart des éditeurs francophones ont des titres tout à fait indépendants dans leurs catalogues, puisque ce sont souvent à la fois des éditeurs et des auteurs. En plus de cela, ils publient d'autres jeux. Beaucoup d'exemples montrent aussi que les auteurs sont écoutés en grande partie par les éditeurs. Il ne faut donc pas surfaire la notion d'autonomie. De plus, les éditeurs cherchent eux aussi de nouveau modèles de financement et de publication.
Finalement, des jeux extrêmement novateurs à leur époque ont été publiés de manière traditionnelle :
Nobilis,
Dying Earth,
La Méthode du Dr. Chestel et j'en passe des
tonnes.
Les indépendants américains ont chamboulé le paysage ludique, mais c'était aussi parce qu'ils ont mené une analyse critique de leur loisir, ce qui a donné lieu à un ensemble d'outils que l'on nomme actuellement « théorie forgéenne ». L'indépendance a joué un rôle central puisqu'elle a permis la diffusion de jeux considérés comme risqués ou inintéressants vu les canons en vigueur, mais seule elle ne serait pas arrivé à ce résultat. Le pari de silentdrift est de voir si cette recette peut apporter quelque chose au jeu de rôle francophone (voir aussi
ceci).
Le clou du spectacle : L'indépendance ne dit qu'une seule chose : que l'auteur est l'éditeur et vice-versa. Et que donc les intérêts de ces deux casquettes convergent plus sûrement. En jeu de rôle, l'indépendance a du sens parce que c'est une mesure de rationalisation économique, rendue possible par des technologies récentes, entre-autres : internet, pdf, PayPal et similaires, impression numérique ou même à la demande, financements publics (Ulule, Kickstarter, Indiegogo, etc.) Le marché étant très petit, ce n'est pas clair pourquoi on prendrait
par défaut un éditeur (ou un distributeur d'ailleurs).
De plus, puisqu'il n'existe aucune formation en jeu de rôle (normal, on le comprend encore mal), la seule légitimité des éditeurs est qu'ils sont eux-mêmes rôlistes, souvent auteurs, souvent auto-édités d'ailleurs ! Tiens tiens... Un éditeur n'est donc pas nécessairement une garantie de qualité comme il peut l'être dans d'autres milieux, donc faut-il vraiment lui laisser une marge importante ? Concrètement, on aura en général un plus grand tirage en passant par un éditeur établi qu'en tant que auteur indépendant débutant, ce qui implique une production plus reléchée en moyenne. En revanche, on peut espérer de meilleures marges en indépendant, et évidemment on contrôle l'évolution commerciale de son jeu. Voir par exemple la discussion
[Romance érotique] De bonnes raisons de trahir l'indie.
L'indépendance est donc un choix économique avant tout.On peut le prendre parce qu'il soutient des engagements idéologiques (comme la plupart de ceux qui sont actifs ici, mais c'est une autre histoire), on peut aussi le prendre pour des raisons pratiques. Peut-être est-ce une raison pourquoi ce débat a un faible retentissement en francophonie : beaucoup d'éditeurs sont auteurs de jeux, donc leurs jeux sont indépendants, bref... quoi de neuf sous le soleil ? C'était peut-être différent à une époque, en tout cas le mythe est encore répandu : le graal de l'auteur débutant est d'être publié par un éditeur ! Mais ce n'est certainement plus une nécessité aujourd'hui. Réfléchissez : combien de nouveaux éditeurs sont apparus l'année passée ? ces cinq dernières années ? c'est parce que ces gens ont compris que la publication n'était pas une entreprise impossible. Ce que te dit silentdrift, Shiryu, c'est que tu peux créer un jeu personnel et bien foutu en participant à silentdrift quand tu en as besoin et qu'ensuite tu peux le publier toi-même ! C'est tout.