par Christoph » 20 Avr 2012, 00:04
Très sympathique épisode, mais provoquant !
Romaric, je crois que dans tes propos tu oublies parfois que ce n'est pas parce qu'on milite pour l'indépendance qu'on doit combattre les éditeurs. Attention aussi à cette idée qu'on navigue entre indépendance (en tant que idéal) et réalisme. L'indépendance, du moins à la sauce forgéenne, est justement un pari du réalisme : fini les gros bouquins de 300 pages, fini la sur-production, fini les sables mouvants d'une gamme de suppléments et scénarios qui n'en finit plus (imaginez le boulot, et le stock de livres, pour un seul jeu), fini les 36 collaborateurs avec lesquels il faut se coordonner et fini aussi la barrière à l'entrée dans le monde de la publication pour les nouveaux. En coupant court avec le mode habituel, on se permet d'autres publications.
Le modèle que semblent avancer les Écuries d'Augias c'est que les anciens bien établis aident les nouveaux : c'est généreux, mais c'est aussi une position de contrôle occupée par les vieux roublards. Yann & Co. ont montré qu'ils avaient une grande ouverture d'esprit ; pour autant, je ne vois pas en quoi ce serait une position plus réaliste que l'indépendance. J'aimerais aussi soulever un autre aspect, d'après les sous-entendus de Daniel et Yann, le travail à fournir pour un jeu de rôle indépendant ou un jeu de rôle d'un éditeur associatif n'est guère différent : il est important, et on ne se paie pas de salaire, donc on est en plein idéalisme dans les deux cas, si ce n'est que Lionel peut plus travailler sur l'écriture et Yann plus sur la production des ouvrages (on peut spécialiser les rôles quand on a une telle structure, ce qui n'est pas aussi évident quand on est indépendant, bien que indépendant ne veut pas dire solitaire).
Bref, une production modeste pour un jeu qui tient en un bouquin ça me semble tout à fait réaliste dans un marché où le public est restreint et mal connu. Bien sûr, toi t'es quelque part entre deux (indépendant qui écrit beaucoup de livres avec beaucoup de pages), mais ça montre bien que réalisme et idéalisme sont des questions à se poser dans chaque mode d'édition.