Le bon côté de cette critique, c'est que clairement l'auteur a testé le système de jeu et en a bien compris les fondamentaux (contrairement à celle de JdR Magazine, qui restait très superficielle). De manière plus générale, c'est agréable de voir que l'auteur fait confiance au jeu et lui donne pleinement sa chance.
La partie qui me déplaît le plus dans cette critique est celle-ci :
Le revers de la médaille est que, comme tout jeu un tant soit peu conceptuel, Sens Renaissance se coupe très clairement d'une large partie du public roliste. D'une part, sa manière de lier la réalité des joueurs aux aventures vécues par leurs personnages pourra donner lieu à des débats sur la pratique "politiquement incorrecte" du jeu de rôle proposée par Romaric Briand ; il reste en effet important pour beaucoup de bien placer une frontière entre ce qui ressort du jeu et ce qui a trait à "la vraie vie". D'autre part, avouons que la part de rêve et d'évasion proposée dans un jeu comme Sens est assez restreinte, et ce précisément parce que le joueur garde constamment un pied dans sa réalité (si je suis comptable dans la vie, ai-je vraiment envie d'interpréter un comptable dans un jeu ?). Des considérations qui pourront faire naître des réactions épidermiques assez extrêmes vis à vis d'un jeu possédant autant de fans que de détracteurs.
Justement Sens parvient à mêler les deux de manière puissante pour le jeu et significative pour le joueur. Cette affirmation est un des grands tabous et un des grands clichés du milieu rôliste que Sens parvient à faire exploser à son avantage : je pense qu'une des voix pour donner au jdr ses lettres de noblesse (un de mes rêves) sera l'exploration du mélange entre réalité et fiction.
Je suis étudiant en école de commerce, mes perso de Sens n'ont jamais été étudiants en école de commerce ; dans mes Faits de Cellulis, j'ai toujours mis ce qui me plaisait le plus chez moi pour le faire ressortir en jeu. J'ai joué un orfèvre raciste, un métaphysicien schopenhauerien et une masse d'eau consciente et componctieuse. Je trouve que l'argument de l'absence d'évasion dans Sens ne tient pas.
Il y a par ailleurs l'idée, plus diffuse dans le reste de l'article, que le public rôliste aura du mal à accueillir Sens parce qu'il ne correspond pas aux canons du jdr habituels, qu'on pourrait "légitimement" (?) "détester" (!) Sens à cause de cela... blablabla ! L'Histoire montre que les oeuvres de qualité sortent toujours du lot. (Prenez
L'homme unidimensionnel d'Herbert Marcuse : un bouquin très difficile à lire, mais une des bibles de mai 68 !) Il n'y a pas, comme voudraient le croire les marketingeux, d'attentes particulières du public, de marchandise parfaite que le public attendrait secrètement et en silence... il faut renverser son point de vue : dès qu'un travail de qualité émerge, les gens sont assez intelligents pour s'en rendre compte et lui rendre le succès qui lui est dû ! Ca mettra peut-être du temps, mais Sens sera reconnu à sa juste valeur !