Bonjour
Je ne peux m'empêcher de poser mon humble prose sur ce forum et le thème que je vais aborder est : Essentialisme et Existentialisme.
Petite défintion assez simple et grossière, les philosophes me pardonneront, peut être. La théorie de l'Essentialisme est fondée sur le postulat que l'Essence précède l'Existence. En gros le "ce pour quoi vous existez" est déterminé avant que vous existiez. Un exemple simple : lorsque je décide de réaliser un dessin je conceptualise, j'imagine celui-ci. Son Essence existe donc alors que je n'ai pas commencé à le créer. D'un point de vue religieux des notions comme le Destin ou "Dieu a un plan" sont Essentialistes. La théorie de l'Existentialisme est le contrainre (argh, quel raccourcis). L'Existence précède l'Essence. Ainsi, lorsqu'un individu naît il n'a pas de Destin, rien n'est immuablement déterminé. C'est la liberté de devenir. Nietzsche est essentiellement Existentialiste. Pour lui seuls les actes d'une personne définissent ce qu'elle est. Par opposition aux pensées et paroles qui ne sont que du vent. Un homme est ce qu'il fait, pas ce qu'il dit. Personnellement je partage pleinement cette vision des choses.
Au sein de Sens maintenant j'y vois une résurgence de l'opposition entre ces deux théories. En effet, le Déterminisme tel qu'il y est décrit est une conséquence d'une vision Essentialiste du monde. Lorsque Sens Détermine un personnage de son histoire, il y pense, il façonne son Essence puis le crée par le même biais. C'est ce même principe qui s'applique lorsqu'un romancier écrit un livre ou un scénariste un film : tel personnage sera comme ça, il pensera comme ça et agira comme ça. Or les Bugs sont les seuls personnages de l'histoire qui ne sont pas controlés par Sens. Tout comme les personnages des joueurs ne sont pas contrôlés par le MJ. Certes, dans un premier temps leur Essence précède leur Existence, lors du processus de création de personnage. On pense à celui-ci, on l'imagine, on le Détermine, on le crée en en ayant une vision. Puis dès que le jeu commence tout bascule. Partant du principe qu'un être est ce qu'il fait, le personnage deviendra ce que son joueur lui fera faire. Il évoluera et pourra même prendre une direction qui n'avait pas été prévue par son créateur. On se place alors dans une vision Existentialiste du personnage.
Un phénomène se produit alors, que l'on retrouve dans Sens, celui de la divergence. Même si Sens a prévu mot pour mot (comme dans les épreuves de Sens : Renaissance) ce qui doit se passer, à travers une vision Essentialiste des choses, l'absence de détermination des personnages des joueurs va devenir contagieux. A ce moment là le MJ se retrouve dans une situation où il doit constamment redéfinir le déroulement des choses en fonction des paramètres changeants. Tel personnage non joueur devait faire telle chose or les personnages joueurs ont rendu l'action impossible, comment le personnage va réagir ? Peut-il toujours réaliser ce pour quoi il est destiné ? Le Meneur de Jeu va devoir, à partir de ce qu'il a initialement déterminé de son personnage et des nouveaux facteurs, redéterminer celui-ci.
Cela dit une certaine inertie est toujours présente. Dans un podcast le terme avait été utilisé : inertie de l'Histoire. Ici nous parlerons d'inertie de l'histoire, celle que MJ et Joueurs sont en train de faire vivre à leurs personnages. Sens a déjà Déterminé la fin de l'histoire. Certes les Bugs sont là, ils vont influencer celle-ci, mais globalement elle arrivera à sa fin. Si tel événement ne se produit pas comme Sens l'avait prévu ou si tel personnage ne meurt pas au moment prévu, cela lui arrivera de toute façon à un autre moment et l'histoire reprendra son cours. Je vais faire un paralèle avec la Seconde Guerre Mondiale et le Nazisme. Attention on marche sur des oeufs. En gros la théorie est que si l'on pouvait revenir dans le temps pour tuer Hitler et qu'on le faisait cela changerait certainement l'Histoire que nous connaissons mais de toute façon les événements se dérouleraient. Certainement plus tard, sous une autre forme, mais certainement car ils sont issus d'un système complexe. Les causes étaient présentes, peu importe la forme que prendraient les conséquences, celles-ci surviendraient à un moment ou un autre.
Je terminerai par un clin d'oeil à l'oeuvre d'Azimov : Fondation. Dans celle-ci un mathématicien de génie met au point un algorithme qui est capable de prédire le futur de l'humanité dans son ensemble. Et effectivement tout se passe comme il l'a prévu jusqu'à ce qu'un Bug apparaisse et vienne tout perturber : un événement imprévisible. Plus tard on se rendra compte que l'algorithme n'est pas terminé et qu'il est constamment affiné par une société secrète (j'essaye d'éviter de spoiler cette magnifique oeuvre). En gros, comme je le disais ci-dessus, à l'instar de Sens, les chercheurs de cette société secrète font évoluer leurs prévisions en adaptant les paramètres.
Voilà, c'est déjà pas mal pour aujourd'hui.
Bonne journée
Ludiquement
BJ