Bon, en dehors des sensiens hyperactifs, silentdrift dort un peu en ce moment, donc voici un petit CR d'une très bonne partie de Psychodrame jouée il y a une dizaine de jours avec Bichette.
Nous avons utilisé la version la plus récente des règles, bien que je l'ai fait de mémoire, ne me souvenant plus exactement de toutes les règles.
Bichette jouait Alexandre Brillard, journaliste qui était parvenu à sortir de la rue après avoir été SDF et dont la soeur était entrée dans un couvent radical
Traits
Problème: un proche a des problèmes avec des extrêmistes
Lien avec un autre personnage: Théo m'a sauvé de la rue
Lien avec le problème d'un autre personnage : Théo doute du bienfait de son geste
Croyance: J'ai fait de mon mieux pour m'en sortir
Croyance: Les gens ne pensent qu'à eux
Nuance: De rares personnes tendent malgré tout la main
Je jouais Théodore Buisson, comptable dans une organisation caritative catholique, et croyant en crise de foi
Problème: Je doute de l'Eglise Catholique
Lien avec un autre personnage: Alexandre, un ancien qui a bénéficié de mon organisation caritative [ce qui l'a aidé à sortir de la rue]
Lien avec le problème d'un autre personnage: Camille, la soeur d'Alexandre, est une ancienne petite amie du lycée
Croyance: Les non-chrétiens ne seront jamais heureux
Croyance: Je suis quelqu'un de bien
Alexandre devrait croire en Dieu
J'ai créé ce personnage parce que j'avais envie d'explorer le personnage d'un croyant en crise.
(Je n'indique pas les Emotions, nous n'avons pas joué très longtemps nous n'avons pas pu en profiter.)
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Partie
Je commence par une scène d'exposition, comme l'exigent les règles.
Théodore est au travail. Durant sa pause de midi, il lit le journal et tombe sur un nouveau scandale de prêtres pédophiles. Il se lève pour aller se promener dans la rue. Il rencontre une collecte d'argent pour l'Eglise, mais l'évite pour ne pas avoir à se confronter à son problème.
Bichette fait de même pour son personnage:
Alexandre tambourine à une porte du couvent pour parler à sa soeur Camille. Refus mécanique: on n'accorde pas de visite. Alexandre s'en va, furieux, il a rendez-vous l'après-midi avec un responsable de l'Eglise Catholique pour un article sur les extrêmistes.
Je demande à Bichette de lancer une scène de conflit pour mon personnage. Il reprend ma scène là où je l'avais laissée.
Théodore est hèlé par une bénévole qui le connait bien de la paroisse. "Vous avez entendu le scandale à la radio ? C'est incroyable". Je joue le malaise de Théodore. La scène se déroule mais finalement il n'y a pas de conflit, Théodore esquive le problème.
Je lance ensuite une scène de conflit pour Alexandre, à la demande de Bichette.
Alexandre est en train d'attendre pour son entretien dans l'antichambre de l'évêque. Il reçoit un coup de téléphone: c'est sa soeur ! Elle est parvenue à faire accepter un coup de téléphone. La conversation avance jusqu'à un conflit: acceptera-t-elle de le voir ? Elle refuse parce qu'elle est convaincue que le voir entravera son chemin vers le salut. Finalement Alexandre emporte le conflit, mais avec une retombée: sa soeur est mise en difficulté face aux couvent qui l'abrite.
Alexandre commence son entretien avec un certain énervement.
[Là on a discuté un peu pour les règles dont je ne me souvenais qu'à moitié en ce qui concernait le nombre de cartes dont chacun dispose, mais on est arrivés à quelque chose de proche de ce qu'elles étaient en fait]
Bichette lance une scène de conflit pour mon personnage.
Théodore découvre des irrégularités dans les comptes: les notes de frais de son supérieur (2000€ pour une nuit d'hôtel). Je demande un conflit intérieur pour mon personnage: en lui se combattent sa loyauté pour son organisation et son sentiment d'être quelqu'un de bien. Dans le conflit, je joue le sentiment d'être quelqu'un de bien et Bichette la loyauté pour l'organisation (d'ailleurs, Fred, comment on décide qui joue qui dans un cas comme celui-ci?). Ici j'ai choisi de jouer un conflit intérieur parce que je ne savais pas comment mon personnage devait se comporter, et j'ai pris le rôle que je trouvais le plus gratifiant pour lui.
Finalement, je l'emporte et j'accepte la retombée qui est de se faire virer. Je raconte l'issue de la scène et j'en profite pour faire de mon personnage un héros. Il s'engueule donc très fort avec son supérieur et finit par claquer la porte de son bureau, avant d'aller photocopier les comptes et les distribuer à tout le monde en expliquant clairement que son supérieur se fait des prostituées avec l'argent d'une association caritative. Le lendemain, il reçoit un avis de licenciement pour faute grave. C'aurait pu être considéré comme une action disproportionnée, mais mes émotions étaient intactes à ce moment-là, donc je n'en avais pas besoin.
Bichette décide de faire une scène d'exposition. L'entretien avec l'évèque a mal démarré: Alexandre a été assez dur avec lui (faisant référence rapidement aux extrêmistes) au point que l'évèque menace de mettre fin à l'entretien. Alexandre téléphone à Théodore, la conversation roule sur Camille et sur le fait que Théodore ait été viré.
Je choisi également de faire une scène d'exposition: l'entretien d'embauche de Théodore comme comptable au séminaire. Théodore esquive les raisons de son départ de l'organisation caritative, mais parvient à retrouver un travail, moins bien payé, mais toujours en accord avec ses intentions.
Bichette me demande une scène de conflit pour son personnage.
Je décris son arrivée au convent où se trouve sa soeur. Je décris l'endroit façon vieux bâtiment social des années 60. Alexandre dispose de 15 minutes (pas plus pas moins, je décris l'horloge et la bonne soeur qui attend dans le couloir) pour parler à sa soeur à travers une grille. La conversation avance et le conflit finalement repose sur l'enjeu que Camille va dire à Alexandre pourquoi elle est entrée au couvent; la retombée étant qu'Alexandre se mette à croire en Dieu devant une telle ferveur. Bichette l'emporte et accepte la retombée. Il raconte que Camille raconte comment son frère lui manquait quand il était SDF et que, sur les conseils de Théodore, elle est entrée au couvent. Alexandre le prend pour lui, il a le sentiment que c'est de sa faute si sa soeur est là. Mais sa ferveur l'impressionne et il commence à se poser des questions.
On a arrêté là (en terminant sur une belle scène), il se faisait tard. Au total, en comptant la création de personnage, on a joué 2-3 heures.
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Commentaires
Bon, pas de doute, Psychodrame est un jeu solide, on a eu tous les deux beaucoup de plaisir à jouer (Bichette confirmera sans doute) et on aurait volontiers continué s'il n'avait pas été si tard (Bichette, j'ai gardé les feuilles, on pourra reprendre la partie là où on l'a laissée). Comme d'habitude, j'ai eu le sentiment de mettre mes tripes sur la table. Ce jeu m'impressionne à chaque fois par sa capacité à rendre intéressante les émotions et sentiments quotidiens.
C'est vraiment bien qu'on puisse choisir de faire des scènes d'exposition durant la partie. Ca permet de se reposer (comme joueur) des scènes de conflit qui sont souvent tellement intenses, et ça permet de reprendre un peu la main sur son personnage.
Je suis content d'avoir pu jouer durant cette partie sur autre chose que des sentiments "classiques" (comme l'amour qui devient presque une facilité quand je joue à Psychodrame). J'ai encore beaucoup d'envie d'explorer les possibilités de ce jeu, de se projeter dans d'autres "chemins de vie". J'ai une admiration profonde pour Psychodrame justement à cause de cela. Jouer à Psychodrame est au fond un exercice de tolérance (ce qui n'a jamais été mon fort), de compréhension de l'autre, au-delà de sa capacité à nous remettre en cause personnellement.
J'ai parfois regretté que mon problème ne soit pas plus au centre des scènes (même s'il apparaissait toujours en toile de fond) ; il n'a pas progressé de la partie alors que celui de Bichette était à 2 points à la fin. Fred, je me demandais si on ne pourrait pas désigner le Trait que l'on veut voir au centre d'une scène de conflit quand on en demande aux autres ? Qu'en penses-tu ?
Par ailleurs, j'ai retrouvé un problème que j'avais déjà vu dans une partie précédente: celui qui ne joue pas le personnage, comment doit-il jouer ? Dans l'intérêt de l'antagonisme ? En cherchant à donner le choix le plus difficile/intéressante pour le joueur ? C'est cette deuxième option qu'on a choisi avec Bichette (sur son initiative) et je pense que c'est de loin la meilleure (sauf peut-être si le conflit est entre deux personnages de joueurs). Je crois que ça vaudrait le coup de l'écrire dans les règles. Qu'en penses-tu ?
Comme d'habitude, je réponds à toutes vos questions avec plaisir.