[Psychodrame] - Sujet difficile
Publié : 18 Juil 2009, 12:57
Et bien voilà, c'est une première, nous avons joué une partie de 2h autour d'un sujet difficile : un père de famille respectable a commis un viol, comment son entourage réagira-t-il ?
J'ai proposé à Magali ou Fanny (les deux autres joueuses) d'endosser le rôle du violeur, mais comme j'étais le seul à ne pas être réticent (bien au contraire, j'étais vraiment enthousiasmé par la difficulté du rôle), je l'ai donc endossé moi-même.
Fanny jouait Sandrine la femme du violeur, assez stricte vis à vis de la morale, ancienne droguée ayant trouvé le chemin de la rédemption dans la religion.
Magali jouait sa fille Camille, en admiration devant son père et dans le déni concernant les accusations de viol. De plus, elle éprouve une certaine jalousie œdipienne à l'égard du succès de son père auprès des femmes.
Joseph, le père de famille irréprochable ayant pourtant commis l'un des pires actes qui soit est médecin et jouit d'une image d'homme et de père modèles.
J'ai choisi délibérément de donner des justifications à l'acte du père, mais jamais d'excuses.
Jouer ce rôle m'a mis dans une posture vraiment particulière : j'ai eu un certain dégoût de mon personnage, assez rapidement, qui était fort, puisque cela collait bien avec celui qu'il pouvait ressentir pour lui-même.
Aussi, on n'avait pas décidé de la façon dont le viol s'était produit et c'est tant mieux, cela nous permettait de nous nourrir des idées apportées pendant l'histoire.
Ainsi, la victime est une camarade de lycée de Camille, du coup, Camille rentre énervée après une journée de cours, passe un coup de fil et jette le téléphone par terre.
Joseph monte la voir et lui demande ce qu'il y a.
Camille dit qu'elle en a marre de ces ragots qui courent autour de son père.
Celui-ci noie un peu le poisson et commence le repas, au cours duquel Sandrine tente d'en savoir plus sur ces rumeurs, mais Joseph se braque de façon démesurée, va manger seul dans la pièce d'à côté, monte le son de la TV etc. pour fuir la discussion.
Plus tard, Camille raconte en privé à sa mère quel est le ragot...
Sandrine décide donc d'appeler la victime (une certaine Anne-Sophie, dont elle connaît la mère).
Là, une superbe scène (sans conflit) dans laquelle Sandrine cherche à vérifier la rumeur sans trop y croire, face à une Anne-Sophie qui accuse sans dévoiler, par pudeur et honte.
S'ensuit une scène au téléphone dans laquelle Sandrine veut des explications de la part de son mari, mais celui-ci noie le poisson encore une fois, puis se met en colère, d'être dérangé en plein travail pour des âneries infondées.
Il explique que la jeune fille était venue dans son cabinet pour un examen gynécologique et que par manque d'habitude, cela a dû la perturber...
Sandrine et Camille débarquent au cabinet de Joseph et le prennent à part pour éclaircir la situation.
La dispute monte, le ton est parfois assez violent, mais Joseph finit par éclater en sanglot, trahissant sa culpabilité.
On n'a pas eu le temps de poursuivre, mais c'était déjà fort émotionnellement.
J'ai envie de faire une petite analyse synesthés(t?)ique :
Étant dégoûté par mon personnage, je pense que je lui ai transmis plus ou moins volontairement ce dégoût. Toutes les scènes où il fuit la discussion et cherche à ne pas rendre de comptes est une défense, mais le fait de craquer à la fin confirme l'idée qu'il n'assume pas tant que ça son acte.
***
Pourquoi ce rapport de playtest ?
Pour dire que vraiment, le fait d'aborder des sujets "sales" augmente considérablement l'implication émotionnelle des joueurs (en tout cas, s'ils signent pour une telle partie).
C'est la première fois qu'on décide de jouer un tel sujet (d'ordinaire, il y a toujours quelqu'un qui s'y oppose) et l'essai est transformé.
La tension que j'éprouvais à devoir justifier de tels actes, alors que je les condamne moi-même était tout proprement puissante.
Je vous conseille d'essayer ^^
J'ai proposé à Magali ou Fanny (les deux autres joueuses) d'endosser le rôle du violeur, mais comme j'étais le seul à ne pas être réticent (bien au contraire, j'étais vraiment enthousiasmé par la difficulté du rôle), je l'ai donc endossé moi-même.
Fanny jouait Sandrine la femme du violeur, assez stricte vis à vis de la morale, ancienne droguée ayant trouvé le chemin de la rédemption dans la religion.
Magali jouait sa fille Camille, en admiration devant son père et dans le déni concernant les accusations de viol. De plus, elle éprouve une certaine jalousie œdipienne à l'égard du succès de son père auprès des femmes.
Joseph, le père de famille irréprochable ayant pourtant commis l'un des pires actes qui soit est médecin et jouit d'une image d'homme et de père modèles.
J'ai choisi délibérément de donner des justifications à l'acte du père, mais jamais d'excuses.
Jouer ce rôle m'a mis dans une posture vraiment particulière : j'ai eu un certain dégoût de mon personnage, assez rapidement, qui était fort, puisque cela collait bien avec celui qu'il pouvait ressentir pour lui-même.
Aussi, on n'avait pas décidé de la façon dont le viol s'était produit et c'est tant mieux, cela nous permettait de nous nourrir des idées apportées pendant l'histoire.
Ainsi, la victime est une camarade de lycée de Camille, du coup, Camille rentre énervée après une journée de cours, passe un coup de fil et jette le téléphone par terre.
Joseph monte la voir et lui demande ce qu'il y a.
Camille dit qu'elle en a marre de ces ragots qui courent autour de son père.
Celui-ci noie un peu le poisson et commence le repas, au cours duquel Sandrine tente d'en savoir plus sur ces rumeurs, mais Joseph se braque de façon démesurée, va manger seul dans la pièce d'à côté, monte le son de la TV etc. pour fuir la discussion.
Plus tard, Camille raconte en privé à sa mère quel est le ragot...
Sandrine décide donc d'appeler la victime (une certaine Anne-Sophie, dont elle connaît la mère).
Là, une superbe scène (sans conflit) dans laquelle Sandrine cherche à vérifier la rumeur sans trop y croire, face à une Anne-Sophie qui accuse sans dévoiler, par pudeur et honte.
S'ensuit une scène au téléphone dans laquelle Sandrine veut des explications de la part de son mari, mais celui-ci noie le poisson encore une fois, puis se met en colère, d'être dérangé en plein travail pour des âneries infondées.
Il explique que la jeune fille était venue dans son cabinet pour un examen gynécologique et que par manque d'habitude, cela a dû la perturber...
Sandrine et Camille débarquent au cabinet de Joseph et le prennent à part pour éclaircir la situation.
La dispute monte, le ton est parfois assez violent, mais Joseph finit par éclater en sanglot, trahissant sa culpabilité.
On n'a pas eu le temps de poursuivre, mais c'était déjà fort émotionnellement.
J'ai envie de faire une petite analyse synesthés(t?)ique :
Étant dégoûté par mon personnage, je pense que je lui ai transmis plus ou moins volontairement ce dégoût. Toutes les scènes où il fuit la discussion et cherche à ne pas rendre de comptes est une défense, mais le fait de craquer à la fin confirme l'idée qu'il n'assume pas tant que ça son acte.
- Je veux/Mon perso veut : Je cherche à gagner les conflits
Mon PJ cherche à se protéger et à protéger sa femme et sa fille. - Je sais/mon perso sait : Je sais que de toutes façons, à l'issue de la première scène, ma femme et ma fille seront au courant.
Mon perso ne le sait pas, mais il sait exactement ce qui s'est passé, alors que ce n'est pas mon cas, puisque les autres joueurs pourraient très bien amener des éléments à ce sujet. - Qu'est-ce qui me motive/Qu'est-ce qui le motive : Je veux lui donner la possibilité de nier ce qui s'est passé, de faire comme si ce n'était jamais arrivé, comme une falsification de conscience.
Il cherche à éviter que les inculpations ne nuisent à son image de marque et à sa carrière, il veut éviter le procès et la prison et il veut protéger sa femme qu'il aime toujours et sa fille qui seraient anéantis par la vérité. Il a sans doute une grande culpabilité, mais en même temps, ses croyances tendent à lui permettre de justifier son acte, en interprétant la vérité d'une manière qui l'arrange ("elle était consentante", par exemple). Il y a donc une grande ambiguïté dans ce personnage et j'ai vraiment apprécié cela.
- Je ressens/mon perso ressent : Je ressens du dégoût pour mon personnage et je ne me sens pas à l'aise dans sa peau. J'ai l'estomac noué.
Lui fait bonne figure mais intérieurement, je lui prête à la fois de mon dégoût, mais aussi la peur de se faire prendre.
***
Pourquoi ce rapport de playtest ?
Pour dire que vraiment, le fait d'aborder des sujets "sales" augmente considérablement l'implication émotionnelle des joueurs (en tout cas, s'ils signent pour une telle partie).
C'est la première fois qu'on décide de jouer un tel sujet (d'ordinaire, il y a toujours quelqu'un qui s'y oppose) et l'essai est transformé.
La tension que j'éprouvais à devoir justifier de tels actes, alors que je les condamne moi-même était tout proprement puissante.
Je vous conseille d'essayer ^^