[Jeu de dupes] Pétrole africain

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[Jeu de dupes] Pétrole africain

Message par Christoph » 07 Jan 2010, 02:37

Hello

Dimanche, Julien, Lionel et moi nous nous sommes retrouvés pour jouer. Lionel a proposé Jeu de dupes et Journal Intime, et nous avons décidé d'essayer Jdd.

Préparation

Nous avons parcouru les règles et un peu discuté de ce qu'on pourrait faire. J'ai proposé de jouer dans un pays africain où l'on aurait trouvé de nouveaux gisements de pétrole. L'un jouerait le dictateur du pays tentant d'accaparer les ressources pour lui-même, un autre jouerait un prospecteur d'une grande compagnie tentant d'obtenir un deal juteux et un dernier jouerait des rebelles voulant profiter de la situation pour susciter un mouvement de révolte en démontrant l'abus des puissants.

A ce stade, nous avons arrêté l'objectif principal: imposer sa vision concernant l'emploi du pétrole.

Nous avons affiné le concept des personnages tout en se les répartissant, suite à quoi la procédure de création de personnage est devenue privée. Je donne tout de suite les objectifs secondaires, dont nous avons le fixé le nombre à deux pour faire une partie rapide, tout en précisant que nous avions bien compris leur nature secrète.

Lionel: Rachid Boulavan
Directeur de Tamoil pour la région sub-saharienne, sa motivation est de devenir directeur général de la compagnie. Issu de la grande famille Boulavan, proche des Kadhafi, c'est l'espoir de ses proches pour gravir les échelons du pouvoir politique et économique.
Objectifs secondaires:
  • épouser une femme de bon statut du pays où il prospecte
  • [je n 'arrive pas à lire le deuxième]

Julien: Jean-Paul N'gou
Motivé à devenir ministre, ce délégué spécial du ministère du pétrole pour la région [où allait se dérouler la partie, non-spécifiée, sinon qu'elle était francophone], fils d'un proche du « président », a étudié à Lyon. Il a actuellement 37 ans, est marié et a quatre enfants.
Objectifs secondaires:
  • Organiser une soirée d'information pour les habitants de la région
  • Obtenir la collaboration de la mafia locale pour lutter contre l'ONG et Tamoil (présenter la région comme instable)

Christoph: Shalula Kaoré
Militante de l'ONG « Femmes pour la nation », cette militante des droits démocratiques et de l'égalité des sexes [motivation, donc] a passé beaucoup de sa vie en prison. Le reste du temps, elle le consacre aux manifestations, à ses trois enfants de pères différents et à diriger le mouvement.
Objectifs secondaires:
  • Etre reconnue d'utilité publique
  • Inscrire l'égalité des sexes dans la constitution

Le document actuel est incomplet et impossible à comprendre sans téléphoner à Frédéric. Que ceux qui veulent tester le jeu le fassent après avoir extorqué un pdf mis à jour.
  • La première chose présentée est le matériel de jeu nécessaire (appelé étrangement « Préparation), puis on nous propose de créer des personnages. Stop! Comment peut-on créer des personnages si on ne connaît pas déjà l'objectif principal? Pire, le texte nous explique même pas le but du jeu avant de nous plonger dans la création de perso! Comme nous l'avons naturellement fait, il me semble qu'il serait beaucoup plus judicieux de commencer par réfléchir à une situation, avec un contexte et des idées de personnages que l'on peut affiner dans un second temps. Le document devrait refléter cela pour faciliter la compréhension du jeu.
  • Je suis personnellement un peu sceptique sur l'utilité d'une histoire pour le personnage, mais pourquoi pas.
  • Nous avons eu pas mal de soucis à nous décider sur ce que pourraient être de bons objectifs secondaires pour ce jeu. Le texte ne nous aide pas vraiment, il faut même aller fouiller pour savoir exactement ce qu'ils représentent. C'est très dangereux, dans un jeu ludiste, de laisser les joueurs décider de leurs propres objectifs dans le but de gagner. Dans la discipline athlétique du saut en hauteur (ou à la perche) on décide effectivement de la hauteur à tenter, mais en fin de compte, c'est quand même celui qui saute le plus haut qui gagne. Or, je peux très bien placer la barre très bas, il n'y a dans Jeu de dupes aucun moyen de récompenser la difficulté objectifs secondaires.
  • Comment choisit-on un bon nombre d'objectifs secondaires (en fonction de la durée de la partie désirée, notamment)?
  • Et, quelles sont les caractéristiques essentielles à un bon objectif principal? Il me semble comprendre qu'il doit exclure toute possibilité de réussite à plusieurs. Notre objectif principal était peut-être un peu limite à ce niveau-là, on aurait très bien pu être tentés de s'arrêter à un compromis, or le jeu ne nous le permets pas.

Rien d'insurmontable pour des roublards, nous avons donc commencé la partie!


Première scène
Lionel est metteur en scène et décide de cadrer sur la rencontre officieuse entre N'gou et Boulavan. Il raconte comment l'accès au bâtiment du ministère est entravé par des manifestantes scandant des slogans progressistes. Après avoir échangé des politesses, Lionel fait sortir Boulavan et entrer Shalula pour un entretien privé avec N'gou. (Lionel ne pouvait pas poursuivre d'enjeux dans cette scène, au mieux a-t-il le droit de se défendre. Ce choix de règles se défend, mais je peux aussi envisager que le tour où l'on cadre correspondrait à un avantage considérable pour se positionner dans le conflit comme celui du service en tennis.)
J'ouvre les hostilités en demandant d'augmenter la part du bénéfice sur le pétrole dévolu à l'éducation, prétextant qu'avec la part actuelle, les écoles ne se construiraient pas avant vingt ans. Julien et Lionel me prient de cesser tout de suite l'accent africain. Je suis d'accord.
Jean-Paul propose plutôt une place dans l'administration, afin que Kaoré puisse elle-même œuvrer à réaliser ses objectifs.
Nous nous regardons, et réalisons que c'est un conflit à régler aux cartes!
En vérité, je m'en foutais d'obtenir plus d'argent pour l'éducation, je visais juste à faire reconnaître les FN (humour douteux, certes), mais je me garde bien de le dire à Julien. Nous tirons cinq cartes chacun, en plaçons cinq au centre. Nous rejouons les échanges verbaux en les appuyant avec des cartes cette fois.
Pour ma part, j'avais tiré trois ou quatre trèfles, ce qui signifiait que je pouvais aisément dominer avec le Mensonge une fois que nous abattrions les cartes. J'ai donc essentiellement cherché à employer des techniques me permettant de piocher trois cartes sans rien montrer à Julien. Du coup, je crois bien que j'ai réussi à le mener en bateau quant à mes aspirations. Prendre une carte à découvert ma servi à bluffer Julien, mais je n'ai fait cela qu'une fois, c'était trop intéressant de tirer trois cartes.
Dans la fiction, je fais mine d'accepter la proposition de N'gou à contre-cœur, puis j'abats cinq trèfles: je mentais! En fait, je coche mon objectif de reconnaissance officielle, car difficile de prétendre maintenant qu'avec une place dans l'administration, les FN n'étaient plus reconnues...

Remarques!
  • A un moment, Julien dit: « Mme Kaoré, pourquoi ne rejoignez-vous pas simplement le gouvernement? », j'ai répondu « Parce que les femmes n'y sont pas les bienvenues? », suite à quoi Julien a voulu rétorquer « Mais si, il y en a plusieurs! » On s'est regardé, perplexes, car nous trouvions ces phrases arbitraires et sans fondement, alors que nos personnages auraient dû savoir dès le début ce qu'il en était et orienter leurs discours en conséquence. Lionel a proposé de trancher en faveur de l'absence de femmes (ce qui m'arrangeait bien, sinon le concept même de mon personnage aurait été moins pertinent). Il n'y avait pas de cartes associées à cet échange. En clair, nous ne savions pas qui était responsable de définir le contenu préexistant aux événements de notre partie et nous ne voulions pas trop lâcher le morceau vu la force que cela pouvait donner aux arguments.
  • Piocher trois cartes c'est bien. Mais en plus pouvoir garder les cartes peu importe la couleur de la technique employée pour les piocher, c'est méchant.
  • Les règles disent que celui qui a le plus de cartes du même type en début de partie a « l'avantage ». Nous n'avons pas trouvé ce que cela signifiait concrètement pour la suite.
  • Qu'est-ce que cela implique d'avoir une main gagnante d'une certaine couleur? Nous avons joué en disant que cela contraignait la narration finale, comme dans ce cas où j'ai révélé un mensonge.
  • Or, ceci fonctionne certes avec le mensonge, qui permet de révéler que les actions précédentes étaient du bluff, mais pour les autres attitudes, ça me semble plus difficile. Aussi, jouer le mensonge en cours de résolution pour piocher dans la ligne centrale est contre-productif: on révèle à son adversaire sa véritable tactique. Si de surcroît on finit avec un main à majorité de cœur, il devient très difficile de trouver une explication cohérente: mentir pour « présenter les véritables atouts de la proposition » ? C'est absurde. Il me semble en fait que les règles traitent de la même façon des mécanismes psychologiques/rhétoriques qui sont fondamentalement différents dans leur fonctionnement. Le mensonge ne peut être révélé en tant que tel qu'après coup (ce qui pose le problème de l'interprétation des cartes jouées auparavant), l'argumentation et la persuasion sont un travail sur la durée, qui ne peut souffrir d'aucun mensonge sous peine de perdre sa crédibilité. Le mensonge devrait probablement être un « coup spécial » risqué. Ceci dit, le mensonge reste délicat à interpréter dans les cas où l'on vient de discuter d'éléments dont les joueurs ne savent pas eux-mêmes s'ils sont censés être véridiques ou non relativement au contexte des événements joués.
  • Julien m'a fait remarquer que si son objectif secondaire avait justement été de placer Kaoré dans le gouvernement (dans le but d'affaiblir sa crédibilité en tant qu'opposante par exemple), alors il y aurait eu deux objectifs cochés. Or on dit que le perdant n'obtient pas son objectif. Comment gérer cette contradiction entre conclusions logiques des événements et application de règles qui permettent d'évaluer ces événements?


Deuxième scène
Tiens, comment décide-t-on du prochain metteur en scène? Nous avons dit que ce serait au vainqueur du conflit précédent de cadrer, afin de ne pas pouvoir obtenir deux objectifs secondaires de suite.
Je fais un cadrage minimaliste, essentiellement basé sur ce qui avait été dit dans la scène précédente: nous jouons les négociations entre le gouvernement et les différentes compagnies pétrolières voulant décrocher un contrat. Je joue les PNJ, donc quand Lionel adresse la parole au ministre du pétrole, je joue pour lui.
Lionel essaie assez rapidement de demander la main de la fille du ministre en mariage, en flattant le mec comme pas possible. Il donne un niveau de 5 à ministre (celui-ci aura-t-il désormais toujours un niveau 5 ou peut-on le changer à chaque conflit?)
Julien veut savoir comment on peut s'allier au ministre. Les règles sont formelles, on ne s'allie qu'avec l'intéressé. Donc pas possible de s'allier au ministre, qui est ici la cible.
J'hésite à accepter la notion que le ministre ait une fille à marier, mais contredire Lionel sur ce point serait ridicule. Je lui dis réponds donc simplement « Mais vous êtes musulman! » (c'était fort probable, mais... qu'est-ce qui me permettait de l'affirmer?)
Ensuite, nous ne savions pas à qui c'était de jouer. Est-ce que Julien jouait après moi? Si oui, qui devait ou pouvait lui répondre (dans le but de choper des cartes)? Et après?
Rapidement, Lionel n'arrive plus à accorder le moindre crédit à ce qu'il est en train de faire. Impossible d'évaluer la pertinence de nos propos en se servant des règles comme guide, tout nous semble arbitraire.
Nous décidons donc de mettre un terme à la partie, ayant bien assez de matière à écrire un rapport!
Je résume:
  • Un même PNJ garde-t-il toujours le même niveau de manipulation?
  • Quel est l'ordre du tour? Se base-t-on sur un principe abstrait en dépit de la fiction ou est-ce justement la fiction qui nous renseigne sur le tour de jeu (ce qui permettrait aux malins de se positionner avantageusement dans le débat pour jouer plus souvent)?
  • Alliances uniquement avec l'intéressé?


Mot de la fin
Vaguement sceptique avant la partie, je me suis vite trouvé tout excité par la situation! Ah, on allait pouvoir s'en mettre plein la tronche! Finalement, des règles qui permettent de déterminer le plus fort dans un jeu d'intrigues et de manipulation, ça peut être chouette! Malheureusement, ce n'est pas au point. Certes, c'était une partie de test et cela n'allait pas nous effrayer, mais j'ai quand même eu l'impression que tu n'aurais pas encore dû diffuser le texte en l'état, car il est tellement lacunaire que nos commentaires risquent tout simplement de manquer de pertinence par rapport à tes intentions. Attention donc pour tes prochains textes! J'aime bien tester, mais je veux que ce soit utile pour l'auteur et pour cela il faut passer un seuil minimal pour que le testeur puisse comprendre les intentions de l'auteur (pour la version du jeu en cours) et jouer jusqu'au bout. S'il faut trop de rustines, on crée de facto un jeu en temps réel, qui risque bien de ne pas être celui que l'auteur vise.

Ça peut sembler un peu sévère, mais sois assuré que je ne t'en tiendrai pas rigueur, Frédéric!


Il est fort probable que Julien et Lionel aient leur propre commentaires à ajouter, si tu veux attendre d'avoir une image aussi complète que possible de notre partie avant de réagir.
Innommable: hurlez.
Zombie Cinema, en français dans le texte.
Christoph
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Re: [Jeu de dupes] Pétrole africain

Message par Lionel (Nonène) » 07 Jan 2010, 10:57

Juste en passant, le 2ème objectif de mon perso était : - passer pour démocrate et progressiste
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Re: [Jeu de dupes] Pétrole africain

Message par Silver (Julien) » 07 Jan 2010, 12:15

Bon rapport Christoph, tu as relevé les principaux points.

Pour l'anecdote j'avais écris l'objectif secondaire "placer Kaoré dans le gouvernement" au début. Puis finalement je me suis dis que ça allait être trop dur et j'ai changé.

Les joueurs se fixent eux-même leurs objectifs secondaires. En plus du problème de difficulté que Christoph a relevé, il faudrait à mon avis que ces objectifs secondaires soit contradictoires, de façon à créer des conflits entre les joueurs. Dans l'idéal, j'ai l'impression que c'est un jeu qu'il faudrait jouer avec des personnages pré-tirés, qui ont des objectifs secondaires entremêlés, histoire que les conflits naissent de manière naturelle. Ou alors, utiliser un système de cartes qui contiennent des objectifs secondaires suffisament généraux du genre "Trahir le joueur à votre droite" et chacun spécifie en partant de là.

J'aime bien l'idée de la résolution par carte dans un jeu de négociation. Peut-être que pour éviter des retournements de situation à la résolution, il faudrait au minimum spécifier que les cartes utilisés pour la résolution doivent être d'une couleur que le joueur a utilisé (en tirant une carte de cette couleur) pendant le conflit.

Le joueur qui n'est pas partie dans un conflit joue le rôle d'arbitre. Le problème, c'est que le joueur aura toujours une préférence sur la résolution du conflit, parce qu'il aimerait affaiblir telle ou telle personnage pour arriver à ses fins. Peut-être que l'introduction d'un MJ permettrait de résoudre le problème des objectifs secondaires (c'est le MJ qui les écrit) et ce problème d'arbitrage. Je trouverais plus intéressant d'y arriver sans MJ ceci dit.
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Re: [Jeu de dupes] Pétrole africain

Message par Frédéric » 07 Jan 2010, 13:23

Hello tous les trois, merci pour ce CR précieux !
Bon, alors tout d'abord je m'excuse de l'état du jeu et de son manque de jouabilité. Mon tort, ça a été de le mettre en ligne avant de le tester. De même pour Journal Intime et Jeu de Dupes, d'ailleurs, VRPg et SEN ont également été mis en ligne sans avoir été testés. C'est une chose que je ne referai plus, maintenant que je vois qu'ils risquent d'être joués de manière un peu catastrophique... Mon enthousiasme a pris le pas sur ma raison. Je vais d'ailleurs préciser sur le forum Limbic Systems quels jeux sont testés avec un avertissement pour ceux qui ne le sont pas ou dont le test est lacunaire).

Suite à mes playtests, j'ai déjà plein de modifications à faire sur le papier. Notamment le fait que les techniques et caractéristiques gagneraient à être les mêmes pour tout le monde.
Mes jeux ont toujours une phase chenille avant de devenir jouables et intéressants du point de vue de mes objectifs.

Je trouve la situation excitante, c'est bien le genre de parties pour lesquelles je fais ce jeu !

***

Christoph, la plupart de tes commentaires sont très pertinents (ça devient une habitude !)
Je vais revenir sur quelques uns :
  • Situation en premier, check !
  • L'histoire du personnage, bah, c'était pour tester le fait de donner un peu d'épaisseur aux PJ-prétexte pour se bastonner verbalement. ^^ Ça doit quand même être très court.
  • Concernant les objectifs, il y a un gros travail à faire, je suis d'accord. On avait notamment établi lors de notre playtest à la Guilde que les objectifs secondaires devaient passer par une autre personne : obtenir l'assentiment de quelqu'un, piéger quelqu'un etc. Mais c'est vrai que laisser les joueurs l'inventer (et le garder secret est méga casse-gueule. À ce stade de mon game design, je me suis dit : c'est en testant qu'on devient testeron.
  • Le nombre d'objectifs à atteindre, je verrai à la longue si je peux en tirer une formule approximative du genre : nombre de joueur x nombre d'objectifs = temps de jeu. À part estimer le temps de la partie, ça n'a pas d'autre vues pour le moment.
  • Les caractéristiques essentielles à un bon objectif principal, je ne sais pas. Les deux testés pour le moment me semblent bon, à voir quant aux limites de ce qui en constitue un de valable.
  • Concernant l'avantage d'être metteur en scène, je crains que ça fournisse un très gros déséquilibre, si l'on applique l'idée que les joueurs peuvent atteindre leurs objectifs sans conflit.
  • Ton exemple sur le mensonge me fait bien prendre conscience qu'il faudrait en fait que je propose des techniques différentes pour chaque attitude : mentir, c'est prendre une carte autre que celle qu'on affiche, ce genre de trucs... Pour le moment, j'essaye de voir si j'arrive à obtenir un truc jouable sans MJ, donc il faut quelque part qu'on puisse vérifier que le joueur adverse ne fait pas n'importe quoi, donc chaque technique doit avoir des avantages et des inconvénients équilibrés... Compliqué ! Mais ça ne m'effraie pas. :D
  • L'autre problème d'autorité pour savoir qui a raison sur les femmes et le gouvernement devrait être tranché par le metteur en scène, je pense... On ne peut pas tout définir à l'avance... à moins de prévoir un moyen arbitraire (aléatoire ?) de régler ces litiges.
  • Quand on utilise une technique, on pioche trois cartes, mais on doit toujours en défausser autant qu'on en a pioché. Cette règle s'applique sur l'ensemble des pioches du conflit. La règle est mal écrite.
  • L'avantage conféré par les cartes de la même couleur est uniquement à la fin du conflit, quand on abat les cartes. Mais comme on n'a pas encore défaussé les cartes selon les attitudes jouées, c'est provisoire. Je ne sais pas si je suis clair... ^^
  • Le fait que la victoire doive s'interpréter via la couleur choisie me plait beaucoup, je n'avais pas pensé à ça !
  • La contradiction entre conclusions logiques des évènements et application des règles qui permettent d'évaluer ces évènements est un problème épineux. Déjà, si on trouve une bonne solution à l'arbitraire de la création des objectifs, il y aura peut être une bonne piste. Mais le jonglage entre "créativité", interprétation libre et ludisme reste très périlleux...
  • Comment décider du prochain Metteur en scène, c'est une bonne question. Nous on avait essayé à tour de rôle dans le sens des aiguilles d'une montre, à voir ce que donnent d'autres idées, comme le fait que ce soit le vainqueur...
  • Le niveau des cibles PNJ peut changer à chaque conflit, je n'y vois pas de pb.
  • Julien veut savoir comment on peut s'allier au ministre. Les règles sont formelles, on ne s'allie qu'avec l'intéressé. Donc pas possible de s'allier au ministre, qui est ici la cible.
    J'ai écrit ça moi ? Ah ben merde, j'arrive même plus à trouver où... Bon, ben non, il peut y avoir des alliances dans tous les sens, c'est ça qui fait un des intérêts du jeu...
  • Ensuite, nous ne savions pas à qui c'était de jouer. Est-ce que Julien jouait après moi? Si oui, qui devait ou pouvait lui répondre (dans le but de choper des cartes)? Et après?
    ça c'est une vraie question, je ne sais pas comment optimiser le tour de pioche et de narration... des idées ?
  • Le fait de perdre l'intérêt de ce qu'on fait m'interpelle. Il faudra que je vérifie, mais j'ai l'impression que j'ai le même pb dans Journal Intime et Entropie : chercher coûte que coûte à atteindre un objectif, ça devient facilement artificiel quand le joueur doit lui-même donner l'impulsion. Dans Bienvenue à Poudlard ou Démiurges, l'objectif est titillé par le MJ qui tend des perches. Dans Psychodrame, l'objectif nait des oppositions entre les PJ face au problème, c'est bien plus subtil. Je pense que "l'objectif frontal", de JdD, JI et Entropie, ça peut amener un désintérêt...

En tout cas je suis content que vous y ayez trouvé un intérêt, c'était un peu mon pari en créant ce jeu. Je pense que vous avez assez bien cerné où je voulais en venir, bien que je suis d'accord : le jeu en l'état est injouable sans moi.
Je mets un point d'honneur à préciser lors de mes prochaines publications si un jeu a été testé ou non. Pour éviter que ce genre de cas de figure se reproduise.

***

Julien :
  • Les objectifs secondaires prétirés, pourquoi pas, c'est souvent une bonne solution pour des jeux ludistes, mais ça me chagrine... Si les joueurs créent l'objectif principal eux-mêmes, ça va être difficile de trouver des objectifs secondaires universels. Je vais quand même réfléchir pour voir si je ne trouve pas des constantes...
  • Pour la cohérence entre la couleur jouée et l'utilisation des attitudes, je suis d'accord, il y a des contraintes à poser. Je testerai ce que tu me proposes.
  • Pour le MJ, je pense que j'en introduirait un si je ne trouve pas d'autres moyens (ou s'ils sont trop coûteux) pour assurer l'arbitrage

Mes questions :
  1. Avez-vous tenté de valider vos objectifs secondaires sans conflits ?
  2. Avez-vous réussi à utiliser les Techniques ? (Visiblement au moins Christoph une fois) Lesquelles comment ?
  3. Comment avez-vous alterné les narrations ? Tour par tour comme dans Ditv, ou chacun dit ce qu'il veut, il faut juste dire un truc pour avoir le droit de piocher ? Ou une autre variante ?
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Re: [Jeu de dupes] Pétrole africain

Message par Silver (Julien) » 07 Jan 2010, 14:14

  1. On n'a pas vraiment essayé de valider des objectifs secondaires sans conflits. Enfin dans un premier temps oui, chacun a essayé d'amener l'objectif secondaire sans entrer dans un conflit direct, mais dès qu'un autre joueur remarquait qu'un objectif secondaire était en jeu, un conflit était démarré. C'est d'ailleurs assez logique d'un point de vue ludiste : je ne vais pas laisser un autre joueur réalisé un objectif sans "combattre".

    Dans la négociation sur l'argent investit dans le social entre mon personnage et celui de Christoph, au début ça c'est fait sans conflit. A un moment Christoph a demander de passer aux cartes, voyant que son objectif secondaire était en jeu et voulant en finir.

    Pour la discussion entre Lionel, le ministre du Pétrole et mon personnage, on (Christoph et moi) a demandé un conflit dès qu'on a vu que Lionel embrayait sur le mariage de la fille.

    Je pense qu'il est très difficile d'amener subtilement des objectifs secondaires, surtout si ces derniers sont difficiles (c'est à dire qu'ils ont des répercutions touchants les autres joueurs) et donc les conflits sont presque automatiques.
  2. L'alternation des narrations s'est fait de manière assez libre, mais avec une tendance au tour par tour puisqu'il s'agit souvent de négociation entre deux personnes.
  3. Pour les Techniques, j'en ai utilisé une une fois (je ne me rappelle plus laquelle) et sinon 3 ou 4 fois des Attitudes.
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Re: [Jeu de dupes] Pétrole africain

Message par Christoph » 08 Jan 2010, 01:23

Heps

Content que cela te soit utile!

Je rebondis sur deux remarques:

Responsabilité du contenu: en fait, je réalise que le problème n'est pas seulement qu'il n'est pas clair qui doit décider de ce qui est ou n'est pas (on peut décider que c'est le metteur en scène, mais il ne faut pas se leurrer, il n'est pas impartial, donc pourquoi lui plutôt qu'un autre?), mais c'est le moment auquel on décide de ce qui est vrai ou pas. Parce que quand Julien prétend qu'il y a des femmes au gouvernement alors que moi je dis qu'il n'y en a pas, il y a forcément un des deux personnages qui est un gros débile. Ou autrement dit, nos personnages ne pouvant ignorer une donnée aussi cruciale, ils n'auraient jamais dit de la merde à son sujet.
On peut peut-être imaginer une ressource qui permet à un joueur de poser des faits unilatéralement pour préparer un argument. Ainsi, j'aurais pu dire « Il n'y a pas de femmes au gouvernement! » tout en payant ma ressource, et Julien aurait su que, vlan, c'était vrai, il n'aurait pas répondu « Mais si. » Ça permet aussi à Julien de payer la ressource avant d'inviter Kaoré dans le gouvernement, pour me mettre dans une sale position.

Piocher trois cartes: Nous avions joué le fait d'ôter trois cartes après la pioche. Mais il reste qu'il n'y a aucune information concernant les cartes effectivement retenues, alors que dans le cas d'une attitude le joueur sait ce que je pioche. Peut-être faudrait-il, pour équilibrer les deux options, ne garder parmi les trois cartes que celles de la couleur de la technique jouée, quitte à immédiatement jeter les trois cartes piochées.


Quelques précisions sur notre partie:

Egalité aux cartes: pour casser une égalité au nombre de cartes, nous avons considéré la carte la plus haute.

Narration et pioche: Quand quelqu'un agressait nous agressait, il piochait des cartes. Ensuite, (1) on répondait, (2) on relançait (et là on piochait). La réponse n'avait pas d'effet mécanique, mais permettait de garder la cohérence dans la négociation. Très DitVien. Enfin, ça c'était pour les duels. On n'a pas su comment faire dans les mêlées.

Validations des objectifs: j'ai essayé de faire passer la reconnaissance d'utilité publique de mon association comme conséquence de l'enjeu, mais ce n'était pas l'enjeu du conflit lui-même. Quand Lionel a demandé en mariage la fille du ministre, j'ai fait réagir le ministre selon ce qui me semblait évident sur le moment: problème de religion. Si Lionel avait bien préparé la chose, je n'aurais peut-être pas tiqué et je me serais fait avoir comme un lapin. Mais bon, je me serais bien douté de quelque chose, et j'aurais peut-être décidé de jouer le ministre comme un emmerdeur juste pour pouvoir m'opposer à Lionel, alors même que la crédibilité en aurait pâti. Ça c'est un réel problème pour moi. La crédibilité est la condition sine qua non pour moi en jeu de rôle (c'est d'ailleurs un point qui m'a fait bondir dans Journal Intime: pourquoi la crédibilité est-elle un critère d'évaluation? je n'ai aucune envie de jouer avec des gens qui se permettraient de dire des choses non-crédibles.)
La notion de lier chaque objectif secondaire à un PJ me semble permettre de sauver une grande partie des meubles, tout en donnant plus de mordant à la partie (jouer contre un PNJ n'a probablement pas la même saveur, à terme).

Choisir sa propre adversité: les joueurs choisissent leur propre étalon pour mesurer leurs réussites. C'est comme devoir jouer un monstre et le perso qui le pourfend en même temps. C'est juste pas optimal. Ce qui pourrait être drôle, au moins à titre d'essai, c'est que chaque joueur décide d'un objectif secondaire pour chacun des autres PJ (visant à chaque fois un autre PJ), en secret. Ainsi, on ne décide pas de ses propres objectifs, le défi a relever me semble avoir plus de valeur. En plus, on connaît certains des objectifs des autres personnages, mais clairement pas tous. Il y a un risque d'avoir deux fois le même objectif secondaire, mais pourquoi pas? Ça voudrait simplement dire qu'il faut gagner deux conflits pour assurer l'objectif (mais ça implique des choses pour la narration: on devrait montrer une progression, mais pas une réussite totale, ce qui pourrait vendre la mèche).

Techniques utilisées: si je me souviens bien, nous avons fait du « Pied dans la porte », de « l'indifférence », de « l'étiquetage » et de la « critique ». Peut-être aussi « leurre » je ne sais plus.
La technique « dénonciation » est difficile à placer, puisque il n'est souvent pas clair si ce que dit un joueur est un détail inventé sur le moment pour faire joli ou si c'est vraiment un mensonge (toujours le problème de savoir qui a la responsabilité sur le contenu).
Je suis assez convaincu qu'il faut distinguer le type de prise de cartes en fonction de la technique utilisée, ou au moins en fonction de l'attitude. On peut imaginer que certaines techniques font défausser des cartes à l'adversaire (et repiocher un truc au bol) pour représenter une dénonciation ou une critique, avec une autre on donnerait une carte spécifique depuis la ligne centrale pour parasiter le jeu de l'adversaire, etc.
Aussi, je ne suis pas convaincu si la distinction entre attitude et technique est justifiée. Parfois l'attitude est plus précisément décrite que la technique, présentée comme une spécialisation de l'attitude.


Voilà, je crois que je vais me taire maintenant (je pourrais encore remplir des pages et de pages pleines d'hypothèses et d'idées) et te laisser écrire une nouvelle mouture à tester!
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Re: [Jeu de dupes] Pétrole africain

Message par Frédéric » 08 Jan 2010, 01:38

C'est très très bon tout ça !
J'aime bien l'idée de dépenser une ressource pour ancrer un fait, imposer sa véracité pour pouvoir ensuite jouer dessus.

Prochaine mouture du jeu, je ne sais pas quand, j'essaye de mettre la priorité sur Prosopopée, mais je me retrouve avec plein de projets courts qui passent devant, pour pouvoir jouer, parce que bordel, tout le travail qu'on fait sur un jeu, qui n'a pas d'influence sur les parties, (finalisation, illustrations...) c'est fastidieux.
Bon, je m'égare.

En tout cas, je vois dans toutes ces remarques de bons moyens de renforcer la démarche créative du jeu, merci beaucoup.
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