[Yôkai] Renoncement et humanité
Publié : 11 Fév 2011, 02:34
Bon, suite à quelques playtests au cours desquels les responsabilités et les propriétés étaient un vrai casse-tête, j'ai retravaillé en profondeur le système de Yôkai.
J'ai joué avec Magali, et après une tentative stoppée net suite à des incohérences de game play, on a pu se lancer pour de bon de manière à tester le jeu sérieusement avant une partie à plusieurs joueurs prévue pour vendredi soir.
Magali joue l'humain, elle tire une Geisha et lui choisit le qualificatif "prude" (qui n'a pas été complètement exploité, mais c'est pas très important, ce n'est qu'un élément de couleur potentielle).
Pour ma part j'ai tiré un yôkai, mais la nouvelle règle stipule qu'il ne peut pas être révélé avant que le premier drame soit posé.
On a tiré comme lieu un dojo.
Nous commençons l'acte 1 en décrivant le lieu, couvert de tatamis, des rideaux de bois aux fenêtres, une photo du fondateur du dojo au mur...
Acte 2 :
Scène 1 : Le masque
Les pratiquant d'arts martiaux quittent le dojo, la geisha entre avec une serviette qu'elle tend au maître du dojo pour qu'il s'éponge. Un masque féminin horrible aux dents acérées est accroché au mur. Le maître la remercie sans un mot, puis sort et s'écroule à l'entrée du bâtiment. Elle accourt mais n'ose pas crier. Un disciple accourt et essaye de l'aider, il est pris de convulsions et transpire. Il a une marque de morsure dans le cou. Magali pose un dé de drame : le maître perd du crédit aux yeux de ses élèves qui remettent en cause sa grandeur. (On ajoutera plus tard qu'il est atteint d'un mystérieux mal et qu'il reste souffrant).
Scène 2 : Hannya (nom d'une ogresse des mythes japonais)
Dans la maison du maître, la geisha tente de faire tomber la fièvre en changeant les linges imbibées d'eau fraiche qu'elle applique sur son corps. La femme du maître regarde la geisha avec dédain. Le même masque rouge monstrueux se trouve dans le salon de la maison que la geisha évite soigneusement. Mais alors qu'elle va chercher des herbes médicinales, le masque a disparu. La geisha cherche un peu, mais ne le trouve pas. Elle entend un cri glaçant dans le jardin et elle voit une femme courir dans le jardin portant des cornes, des cheveux hirsutes et le visage monstrueux avec les dents pointues. La geisha s'agenouille, prostrée de terreur. Je pose un drame : la femme du maître est devenue une ogresse (les règles stipulent que c'est le "Kami" : le joueur qui joue les yôkai qui contrôle les personnages humains devenus yôkai également.) Nous avons posé chacun nos deux dés personnels, nous passons à l'acte 3
L'acte 3 est comme le deuxième, à la différence que les joueurs utilisent les dés de drame communs (donc plus de répartition équitable) et qu'ils peuvent résoudre des drames en utilisant les dés de résolution (au même nombre que les dés de drame au total).
Scène 3 : la disparition
Un enfant arrive dans la maison avec un bol couvert d'un tissus et dégageant une odeur agréable. Il vient de la part de sa mère apporter ce cadeau à la femme du maître. La geisha l'aide à trouver la femme, mais elle a disparue.
Scène 4 : La panique
L'enfant rattrape sur le chemin une femme ressemblant à la femme du maître, mais quand celle-ci se retourne, elle porte des cornes, son visage est hideux et ses dents acérées. L'enfant prend peur et s'enfuie. Dans son lit, le maître a une expression de terreur sur le visage, mais reste alité et souffrant.
Scène 5 : La pulsion
La geisha voit par la fenêtre une silhouette qui court vers la maison, il s'agit de l'enfant qui court. De son côté, l'enfant se retournant ne voit plus la femme démoniaque. Mais tout à coup, elle surgit de l'ombre et attrape l'enfant avec lequel elle s'enfuit. Je pose le drame suivant : l'enfant a été kidnappé.
Scène 6 : Un reste d'humanité
Le monstre court dans les bois en trainant l'enfant derrière elle. L'enfant sonné se met à fredonner une comptine pour se rassurer. La créature s'arrête derrière un arbre et enserre ses mains autour du cou de l'enfant... mais elle a une hésitation. Elle reconnait la comptine, il s'agit de celle que lui chantait sa propre mère quand elle était enfant. Je prends un dé de résolution, Magali m'en donne un en soutient. L'un fait un chiffre pair et l'autre un chiffre impair. Je dois attribuer chacun à un drame. Le chiffre pair résout un drame, le chiffre impair rend un drame insoluble. Je décide de résoudre le drame de l'enfant : l'ogresse le relâche et le laisse s'enfuir, mais elle est condamnée à rester un monstre.
Scène 7 : La nouvelle
L'enfant revient sur le chemin où il voit la geisha pliée en deux, elle vomit (comment ça le fait que je regarde docteur House en ce moment déteint sur moi ? ^^). L'enfant la conduit chez un médecin, elle apprend qu'elle est enceinte. Je lui pose un drame : être enceinte sans être mariée et d'un homme marié est un terrible déshonneur.
Scène 8 : Le rassemblement
Alors qu'elle est allongée sur le lit de sa chambre, en larmes, elle entend de grands bruits à l'extérieur. Elle sort et voit une procession de moines. Ils forment un cercle et récitent des sutras. Magali décide de procéder à une résolution : elle se mêle à eux et révèle son déshonneur. Je lui donne un deuxième dé, elle obtient également un pair et un impair. Elle décide que les prières des moines guérissent le maître, mais son déshonneur la poursuivra toute sa vie à cause de son enfantement.
Épilogue : on lance les dés de drame restant, pour déterminer qui est responsable de tous ces drames. La femme du maître devenue Hannya est désignée. Comme c'était mon personnage, je raconte qu'elle savait très bien ce qu'il se passait entre son époux et cette geisha. Aussi, elle a utilisé ce masque pour les effrayer afin de leur donner une leçon. Mais le masque s'est collé à son visage et elle n'a jamais pu le retirer, elle est devenue monstre.
Remarques
J'ai fait un grand nettoyage dans les listes de yôkai, il ne reste (presque) plus que des yôkai intelligents, terrifiants, amenant des problématiques.
Le système de résolution fonctionne très bien (du moins à deux joueurs), il conserve un principe de jugement du vote qu'on faisait dans la précédente version, mais le rattache plus directement à la fiction et ajoute toute une dimension d'abnégation très japonaise. Notre partie était riche en émotion, nous avons pris beaucoup de plaisir. Elle a duré 1h40 explications et préparation comprises (15 à 20 minutes, il me semble).
Concernant les responsabilités et les propriétés, ça fonctionne ainsi : chaque joueur humain contrôle les actes et pensées de son personnage. Le Kami contrôle les actes et pensées de son ou ses yôkai et tout ce qui est surnaturel (hors résolutions et drames, mais est-ce nécessaire de faire cette distinction ?).
Chaque joueur peut contrôler librement tous les personnages secondaires et le décor.
J'ai vraiment hâte d'y rejouer. Il y a beaucoup de points communs avec Prosopopée, mais l'expérience de jeu est vraiment différente, j'en suis très content. Encore des trucs à ajuster, bien sûr et une structure plus rigide que Prosopopée, je trouverai peut-être un moyen de la rendre plus souple...
Voici la version actuelle du jeu : http://froudounich.free.fr/PDF/Y%C3%B4kai%2006.pdf
J'ai joué avec Magali, et après une tentative stoppée net suite à des incohérences de game play, on a pu se lancer pour de bon de manière à tester le jeu sérieusement avant une partie à plusieurs joueurs prévue pour vendredi soir.
Magali joue l'humain, elle tire une Geisha et lui choisit le qualificatif "prude" (qui n'a pas été complètement exploité, mais c'est pas très important, ce n'est qu'un élément de couleur potentielle).
Pour ma part j'ai tiré un yôkai, mais la nouvelle règle stipule qu'il ne peut pas être révélé avant que le premier drame soit posé.
On a tiré comme lieu un dojo.
Nous commençons l'acte 1 en décrivant le lieu, couvert de tatamis, des rideaux de bois aux fenêtres, une photo du fondateur du dojo au mur...
Acte 2 :
Scène 1 : Le masque
Les pratiquant d'arts martiaux quittent le dojo, la geisha entre avec une serviette qu'elle tend au maître du dojo pour qu'il s'éponge. Un masque féminin horrible aux dents acérées est accroché au mur. Le maître la remercie sans un mot, puis sort et s'écroule à l'entrée du bâtiment. Elle accourt mais n'ose pas crier. Un disciple accourt et essaye de l'aider, il est pris de convulsions et transpire. Il a une marque de morsure dans le cou. Magali pose un dé de drame : le maître perd du crédit aux yeux de ses élèves qui remettent en cause sa grandeur. (On ajoutera plus tard qu'il est atteint d'un mystérieux mal et qu'il reste souffrant).
Scène 2 : Hannya (nom d'une ogresse des mythes japonais)
Dans la maison du maître, la geisha tente de faire tomber la fièvre en changeant les linges imbibées d'eau fraiche qu'elle applique sur son corps. La femme du maître regarde la geisha avec dédain. Le même masque rouge monstrueux se trouve dans le salon de la maison que la geisha évite soigneusement. Mais alors qu'elle va chercher des herbes médicinales, le masque a disparu. La geisha cherche un peu, mais ne le trouve pas. Elle entend un cri glaçant dans le jardin et elle voit une femme courir dans le jardin portant des cornes, des cheveux hirsutes et le visage monstrueux avec les dents pointues. La geisha s'agenouille, prostrée de terreur. Je pose un drame : la femme du maître est devenue une ogresse (les règles stipulent que c'est le "Kami" : le joueur qui joue les yôkai qui contrôle les personnages humains devenus yôkai également.) Nous avons posé chacun nos deux dés personnels, nous passons à l'acte 3
L'acte 3 est comme le deuxième, à la différence que les joueurs utilisent les dés de drame communs (donc plus de répartition équitable) et qu'ils peuvent résoudre des drames en utilisant les dés de résolution (au même nombre que les dés de drame au total).
Scène 3 : la disparition
Un enfant arrive dans la maison avec un bol couvert d'un tissus et dégageant une odeur agréable. Il vient de la part de sa mère apporter ce cadeau à la femme du maître. La geisha l'aide à trouver la femme, mais elle a disparue.
Scène 4 : La panique
L'enfant rattrape sur le chemin une femme ressemblant à la femme du maître, mais quand celle-ci se retourne, elle porte des cornes, son visage est hideux et ses dents acérées. L'enfant prend peur et s'enfuie. Dans son lit, le maître a une expression de terreur sur le visage, mais reste alité et souffrant.
Scène 5 : La pulsion
La geisha voit par la fenêtre une silhouette qui court vers la maison, il s'agit de l'enfant qui court. De son côté, l'enfant se retournant ne voit plus la femme démoniaque. Mais tout à coup, elle surgit de l'ombre et attrape l'enfant avec lequel elle s'enfuit. Je pose le drame suivant : l'enfant a été kidnappé.
Scène 6 : Un reste d'humanité
Le monstre court dans les bois en trainant l'enfant derrière elle. L'enfant sonné se met à fredonner une comptine pour se rassurer. La créature s'arrête derrière un arbre et enserre ses mains autour du cou de l'enfant... mais elle a une hésitation. Elle reconnait la comptine, il s'agit de celle que lui chantait sa propre mère quand elle était enfant. Je prends un dé de résolution, Magali m'en donne un en soutient. L'un fait un chiffre pair et l'autre un chiffre impair. Je dois attribuer chacun à un drame. Le chiffre pair résout un drame, le chiffre impair rend un drame insoluble. Je décide de résoudre le drame de l'enfant : l'ogresse le relâche et le laisse s'enfuir, mais elle est condamnée à rester un monstre.
Scène 7 : La nouvelle
L'enfant revient sur le chemin où il voit la geisha pliée en deux, elle vomit (comment ça le fait que je regarde docteur House en ce moment déteint sur moi ? ^^). L'enfant la conduit chez un médecin, elle apprend qu'elle est enceinte. Je lui pose un drame : être enceinte sans être mariée et d'un homme marié est un terrible déshonneur.
Scène 8 : Le rassemblement
Alors qu'elle est allongée sur le lit de sa chambre, en larmes, elle entend de grands bruits à l'extérieur. Elle sort et voit une procession de moines. Ils forment un cercle et récitent des sutras. Magali décide de procéder à une résolution : elle se mêle à eux et révèle son déshonneur. Je lui donne un deuxième dé, elle obtient également un pair et un impair. Elle décide que les prières des moines guérissent le maître, mais son déshonneur la poursuivra toute sa vie à cause de son enfantement.
Épilogue : on lance les dés de drame restant, pour déterminer qui est responsable de tous ces drames. La femme du maître devenue Hannya est désignée. Comme c'était mon personnage, je raconte qu'elle savait très bien ce qu'il se passait entre son époux et cette geisha. Aussi, elle a utilisé ce masque pour les effrayer afin de leur donner une leçon. Mais le masque s'est collé à son visage et elle n'a jamais pu le retirer, elle est devenue monstre.
Remarques
J'ai fait un grand nettoyage dans les listes de yôkai, il ne reste (presque) plus que des yôkai intelligents, terrifiants, amenant des problématiques.
Le système de résolution fonctionne très bien (du moins à deux joueurs), il conserve un principe de jugement du vote qu'on faisait dans la précédente version, mais le rattache plus directement à la fiction et ajoute toute une dimension d'abnégation très japonaise. Notre partie était riche en émotion, nous avons pris beaucoup de plaisir. Elle a duré 1h40 explications et préparation comprises (15 à 20 minutes, il me semble).
Concernant les responsabilités et les propriétés, ça fonctionne ainsi : chaque joueur humain contrôle les actes et pensées de son personnage. Le Kami contrôle les actes et pensées de son ou ses yôkai et tout ce qui est surnaturel (hors résolutions et drames, mais est-ce nécessaire de faire cette distinction ?).
Chaque joueur peut contrôler librement tous les personnages secondaires et le décor.
J'ai vraiment hâte d'y rejouer. Il y a beaucoup de points communs avec Prosopopée, mais l'expérience de jeu est vraiment différente, j'en suis très content. Encore des trucs à ajuster, bien sûr et une structure plus rigide que Prosopopée, je trouverai peut-être un moyen de la rendre plus souple...
Voici la version actuelle du jeu : http://froudounich.free.fr/PDF/Y%C3%B4kai%2006.pdf