Bonjour à tous
Le weekend du 2-3 avril se tenait la convention Orc'Idée, à Lausanne (Suisse). En reprenant la typologie lancée par Guillaume et Fabien, je dirais que c'est une convention essentiellement « à parties ». En effet, un programme est prévu longtemps à l'avance (avec une cinquantaine de parties) et les joueurs s'inscrivent bien avant la convention. Cela n'exclut pas quelques parties « pirate » ou encore un peu de jeu de plateau et autres, mais c'est essentiellement une convention de jeu de rôle, où l'on vient pour jouer. Et c'est un public assez « hardcore », les gens savent pourquoi ils viennent et ont une identité rôliste assez développée. Néanmoins, la zone dévolue aux animations, stands et boutiques est centrale : on ne peut passer aux tables de jeux sans passer par cette zone. Les parties ne se déroulent pas isolées les unes des autres (il y a juste des panneaux pour séparer les tables dans deux salles de cafétéria). Les créneaux horaires sont relativement libres, ce qui garantit qu'il y a des gens qui n'ont rien à faire à tout moment (avec néanmoins des pics et des creux).
Notre stand
Avec mon amie Sylvie, nous avons tenu un petit stand pour promouvoir le jeu indépendant. Nous avions quelques prototypes : Monostatos, Prosopopée, Psychodrame et Innommable, et nous avions des jeux à vendre : Sens: Renaissance et Mort, Dirty Secrets, Sweet Agatha et Zombie Cinema. Sylvie et moi étions partenaires à parts égales dans ce modèle de stand qui avait pour noyau un aspect boutique. Nous avons acheté quelques jeux avec une remise et nous les revendions, nous débrouillant pour rentrer dans nos frais (en plus des jeux, il y avait les cartes de visite, la bannière silentdrift à amortir, nos déplacements et nos consommations, mais pas de salaires). Se basant sur les ventes de l'année passée, nous avons décidé de prendre un petit risque, sachant qu'avec des titres en français, on atteindrait plus facilement un public que ce qui avait été le cas avec Zombie Cinema l'année passée (3 exemplaires). Résultat des courses : nous nous sommes faits dévaliser en une journée ! À 19h nous plions bagages, car nous avions vendus tous les Dirty Secrets (6), Sweet Agatha (6) et Zombie Cinema (5). Nous avions également vendu une paire de Sens à Lionel. Comme nous étions épuisés (la convention Ludesco peu avant, beaucoup de travail aux études/boulot), nous avons donc décidé de ne pas revenir le dimanche, estimant qu'au vu des résultats du samedi nous étions satisfaits de notre mission.
Nous allons développer ce modèle et le peaufiner pour les prochaines conventions. Le but n'est pas de se payer un véritable salaire, mais du moment que nous vendons des jeux pour des gens qui se font un bénéfice, nous en demandons une portion afin de rentrer au moins dans nos frais, sinon ça n'en vaut pas l'effort. En même temps, comme nous voulons soutenir ce genre de jeux, nous serons moins chers qu'une boutique classique. Et tout auteur venant sur place s'ajouter à nos rangs garderait tous les bénéfices sur ses propres jeux pour lui.
Concernant la façon de vendre
Soyons honnêtes, les gens s'en foutaient de l'indépendance, ils voulaient connaître les jeux. Un petite description, un coup d'oeil à l'exemplaire de démonstration, et les gens décidaient rapidement s'ils le voulaient ou pas. Aucune démo n'a été jouée (mais nous n'en avons pas non plus proposé), bien qu'un achat ait été fait sur une démo effectuée l'année passée. Au vu des prix des jeux, les gens se permettaient des achats « pour voir ce que c'est », ce qui avec un titre classique à trois fois le prix est tout de même plus risqué.
C'était formidable d'avoir Sylvie avec moi (oui, à plus d'un titre évidemment). D'une part, ne connaissant pas Dirty Secrets aussi bien que moi, elle a rapidement réalisé que je faisais des pitchs trop techniques. Après une discussion entre quatre yeux, j'ai revu mon explication standard à l'essentiel agrémentée d'une vague gesticulation en direction d'une grille de crime et les gens semblaient crocher mieux. D'autre part, en tant que femme, elle établissait un contact de complicité particulier avec les quelques femmes parmi la foule. Ceci couplé au fait qu'en particulier Sweet Agatha peut à première vue exhiber une sensibilité plus féminine que l'essentiel de la production rôliste. Une évaluation statistiquement non pertinente semble indiquer que la proportion féminine de nos acheteurs était plus élevée que la proportion féminine des visiteurs à la convention... à voir. Sylvie m'a aussi dit que Prosopopée a attiré l'œil de potentielles clientes, ne serait-ce que parce que la couverture (celle de l'année passée) était belle. C'est un peu du charabia pour jouer avec la thèse que beaucoup de jeux indépendants trouveront un bon débouché dans la clientèle féminine et évaluer si elle a du poids (plus qu'un sujet de discussion, cela devrait être un sujet de réflexion pour les auteurs et leur manière d'écrire leurs textes.)
Argument bœuf pour Zombie Cinema et Sweet Agatha que Sylvie a particulièrement bien su exploiter : la breveté des règles ! Agiter la page devant les yeux médusés des passants en expliquant qu'avec ça on jouait une partie entière a précipité la décision de plusieurs clients.
Ne pas négliger les ventes par effet de nouveauté. Je pense que nous pouvons compter à chaque année sur quelques acheteurs-collectionneurs qui achèteront presque exclusivement du fait que c'est nouveau (estimation très vague : 4-5 unités écoulées de cette manière). C'est encore très difficile à évaluer la proportion, mais je pense qu'il faut prendre en compte.
Cela n'explique pas la hausse de vente de Zombie Cinema par rapport à l'année passée ! Outre les facteurs déjà évoqués, il faut aussi prendre en compte que la crise économique n'est plus un sujet de discussion et que nous avons pu pratiquer des prix plus bas d'environ 10% que l'année passée (pour ZC et Sens) dû à la chute de l'euro face au franc suisse.
Je suis déçu du manque de succès de Sens. J'ai peut-être quelqu'un qui m'en achètera une paire après-coup, mais c'était moins la ruée que l'année passée. Peut-être justement l'effet de nouveauté était-il déjà passé, ou alors son prix plus élevé en comparaison des autres titres ont découragé les acheteurs « curieux-de-voir-ce-que-ce-stand-propose ».
Démos et prototypes
Pas une démo jouée cette année. Nous n'avions qu'une petite table, ce qui ne nous encourageait pas à en proposer, nous n'étions aussi que deux membres permanents (Lionel, quittant brièvement son stand Swiss Made JdR, et mon frère Michael m'ont remplacé un petit coup, merci à eux). Les gens ne semblaient pas avoir particulièrement besoin de tester pour acheter.
Il y avait un peu de buzz autour de Monostatos (quelques visiteurs en avaient entendu parler par internet) et j'ai eu le plaisir de croiser Paragon et Alain (haazeven) qui ont manifesté un vif intérêt pour Innommable (yeah, ça me donne confiance !) Comme déjà évoqué, Prosopopée a attiré l'œil de quelques visiteurs, à qui nous avons donné une carte de visite en consolation en disant que « il sera sorti d'ici la fin de l'année » (ça te laisse de la marge, n'est-ce pas Frédéric ?)
En rétrospective, les prototypes n'ont pas eu l'exposition que j'aurais aimé leur donner, mais quelque part la situation ne s'y prêtait pas particulièrement. Quelques passants ont perdu intérêt quand ils ont vu que ce n'étaient que des prototypes, un ou deux amis m'auraient acheté Innommable s'il était déjà sorti (enfin même s'il me restait quelques ashcans en français). Si nous avons plus de bras l'année prochaine, j'essaierai de renforcer l'aspect démonstration. En même temps, Prosopopée et peut-être d'autres seront passé du stade prototype au stade terminé d'ici là, ce qui changera à nouveau la donne.
En conclusion, j'ai la très nette impression que ce qui porte la promotion des jeux de rôle indépendants, c'est surtout les jeux terminés et achetables !
Sylvie, s'il manque des choses ou que je raconte des salades, n'hésite pas à compléter ou à me corriger. Les perspectives des autres gens qui ont interagi avec le stand m'intéressent également, et qui que vous soyez, si vous avez des questions, nous y répondrons avec plaisir.