Artanis a écrit :Merci pour cet avis franc ;)
De rien. Par contre, le jour où tu voudras un avis poli et mesuré, me demande pas, je sais pas faire. =D
C'est marrant, parce que à un moment je demandais aux gens de l'atelier si ce n'étais pas un peu abusé niveau tragique, au point d'en devenir ridicule, et les gens de me dire que non... du coup je n'avais plus retouché :D
C'est très difficile d'évaluer son oeuvre (au sens de "produit d'un ouvrage", pas tellement "d'oeuvre d'art", qui est un terme trop pontifiant à mon goût) sans se laisser influencer par les autres.
J'avais un ami qui faisait du théâtre : plus il en rajoutait, plus il surjouait, plus la salle applaudissait. Quand il ne demandait mon avis je lui répondais que non seulement son jeu devenait "creux", mais qu'il y avait peu de gloire dans la surenchère et qu'il devrait employer son talent (qui était réel) à s'exercer dans la "justesse".
Il me répondait "oui, mais la justesse, la plupart de ces gens sont incapables de la voir, si je veux qu'ils soient content et qu'ils applaudissent, faut que j'en rajoute". On trouvait tous les deux ça désespérant.
Par contre, dans le tragique, dans le kitsch même, il y a des choses à faire, à apprendre.
Le point de basculement entre le sublime et le ringard est très difficile à trouver, je sûr d'avoir été moi-même souvent ridicule de ce point de vue.
Je pense pas refaire un texte aussi dramatique avant un bon moment (moi le truc qui m'énervait le plus c'est le coup "du niveau de conscience supérieure", je trouve ça ridicule, mais je n'ai pas trouvé autre chose pour exprimer l'idée...)
Nouvelle technique (secrète de clan) : quand la prose n'offre que des alternatives insatisfaisantes, il est temps de passer à la poésie, à l'analogie, à la métaphore...
On pourrait remplacer par "tout un monde" (encore un peu grandiloquent, j'admets), ou le très général "un idéal". Quelles sont précisément les notions que tu mets dans ce terme (j'avoue qu'il est pas facile à remplacer).
Au fait : dans le genre grand guignol "Je choisi de connaître. (tatiiiiiiiiin)", c'est pas mal non plus... :lol:
Bonne remarque sur les descriptions plus "actives", plutôt que "passives" (en tout cas c'est ce que j'ai compris, et ça va dans le sens d'autres remarques de ta part et d'autres lecteurs).
Oui, c'est ça. Sauf que "active" suppose une action, alors que l'objet de ta description, pour devenir sujet, peut aussi subir une action ou se trouver dans un "état" particulier. Dans le cas de l'épée, la pointe est semble-t-il suspendue au dessus du sol (ok, la figure de style est bateau, mais c'est ça que ça veut exprimer : elle résiste à la gravité, elle "tient en l'air" de manière fixe, rigide).
Au fait, tu es conscient du côté "freudien" de cette description là, justement ?
Je n'avais pas remarqué la puissance évocatrice de la méthonymie, merci. Ce qui me fait d'autant plus plaisir c'est que c'est justement un "truc" que je voudrais maîtriser.
Ben, me semble que t'as le bon instinct.
Le prochain texte est moins tragique et moins dark. Je ne sais pas encore quand je vais le mettre. Il est aussi plus long...
Quand tu veux, je tâcherais de réagir plus rapidement.
Tiens, pour rire :
"De la suite de la guerre tu ne verras plus que les colonnes de prisoniers qu'on transfert vers l'Allemagne et la beuverie des soldats le 16 juin lorsqu'on annonce la réddition de la France.
Tu es incarcéré au Stalag 12, à Bensheim, où, n'étant que sous-officier, tu ne peux échapper au travail : de 12 à 14h par jour à remuer le sable et la chaux dans une cimmenterie. Il y a là, en plus des militaires, une poignée de prisonniers politiques, principalement des communistes allemands, hollandais et belges, qui attendent leur transfert vers les "camps d'internement".
La nourriture vous arrive moisie, les installations sanitaires sont réduites au minimum.
Tous les jours vous êtes réveillés à 6h et les officiers prisonniers font l'appel des "travailleurs volontaires" (c'est à dire tout le monde, pusique le travail volontaire est... obligatoire) qui, après un bol de soupe et un croûton de pain, se rendent à la cimmenterie.
Le soir on dort. Un peu. On rêve parfois, toi par exemple tu rêves des aigles dans les montagnes, du ciel, des étés, du dehors.
Au Stalag il n'y a pas de temps. Pas d'espace non plus : les couloirs, les baraquements, les clôtures, les bâtiments gris carrés juste juxtaposés, comme des photos. Tout est plat, on sent pas le vent. Pas de courrier bien sûr.
Même les gens sont gris, la gueule ou l'uniforme. C'est un monde de chiffre : les sacs de ciment, les matricules, les horaire toujours les mêmes. Pas de saison non plus. Il paraît qu'on est déjà en février. 9 mois. Pourtant rien ne bouge.
Les journées ont la même longueur, il n'y a pas de midi, de soir ou d'aube sous les lampes au phosphore.
On rêve d'un dehors. On murmure, on se raconte des histoires, qu'on va être échangés contre des travailleurs volontaires, des vrais peut-être, qui viendront de France pour prendre votre place ; faudrait être bien con.
Alors on se fabrique un but, tout doucement, une évasion, le grand fantasme qui fait rêver bien mieux que toutes femmes qu'on raconte dans les dortoirs avant de dormir, des jeunes filles, des épouses, des mères aussi pour ceux qui sont encore presque enfant.
La chaux attaque les mains, les yeux et les poumons, petit à petit on tousse plus sec, on ne peut plus pleurer. On n'a plus ni goût ni odorat sans doute, mais avec l'eau ferreuse et le pain sec on ne s'en rend pas compte.
On ne vit pas, on attends. On meurt doucement, on se rapetisse.
Pour certains c'est insupportable, pour au moins trois types qui veulent rester humains. Donc se faire la belle.
Depuis des mois qu'on accumule les petits outils piqués aux ateliers, qu'on les polit pour les rendre assez tranchant pour mordre le barbelés. Vous aussi vous notez des chiffres : des horaires, des angles morts.
Trois candidats au départ, Eboyan l'Arménien, un ancien du Reco, un silencieux, Borrel le caporal de 22 ans, un breton, un colérique qui s'étouffent au Stalag. Et toi.
Ca s'est fait une nuit : quitter le baraquement en retirant 2 planches du sol, à ras du mur, ramper, atteindre le grillage vite, profiter des ombres, les soldats font mal leur travail et les patrouilles se raréfient avec le froid. Une chance.
Coupez le fil de fer, le plus près possible du sol pour que ça ne se voit pas tout de suite, pour traverser le terrain vague en éviatnt les boches et les chiens, jusqu'au second grillage. On coupe encore. C'est long, trop long. Vient la lumière, les coups de feu, la course dans les bois.
Un instant on y croit.
Et puis le choc, le dos qui se déchire, le sol froid contre ton visage, les aboiements.
Repris."
Comme ça, toi aussi tu vas pouvoir critiquer ce que j'écris. Je te dirais ensuite d'où ça sort.