Discussion : de la potentialité artistique du JDR

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Discussion : de la potentialité artistique du JDR

Message par Frédéric » 12 Fév 2009, 20:16

Je vous propose de discuter ici de cette question complexe, à partir de l'article suivant : De la potentialité artistique du JDR.
Le but est de consolider cet article afin de trouver des références supplémentaires, et de nous enrichir de nos réflexions.

Le sujet me tient à cœur, je modèrerai ce sujet d'une poigne de fer, vous êtes prévenus, faites en sorte que ça ne soit pas nécessaire en ayant une lecture charitable et en respectant l'étiquette.
Dernière édition par Frédéric le 27 Mars 2009, 14:26, édité 1 fois.
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Message par Lionel (Nonène) » 12 Fév 2009, 21:08

Juste pour te rendre attentif à un interview d'Olivier Caïra qui travaille actuellement sur "Définir la fiction", un livre plutôt théorique sur les manières d'unifier la théorie de la fiction pour y admettre des objets comme les jeux de simulation.

http://www.forgesonges.org/index.php?op ... =23:divers

Sinon, je trouve le sujet de ton article très intéressant. Je pense d'ailleurs que ton texte est sur la bonne voie.

Il y a malgré tout une véritable amélioration qui pourrait être apportée : il faut donner tes références de manière plus systématique car cela donne plus de force à un article.

C'est quelque chose sur laquelle j'insiste beaucoup car le manque de référence ça fait discussion de "bistrot" : on aimerait savoir sur quels bases théoriques tu te bases pour définir l'art. Ca peut sembler de peu d'importance mais ça fait la différence.

Pour donner de la force à un article, il faut savoir le protéger de la critique et surtout de celle qui sape la crédibilité. Car finalement un article sans référence, on peut se demander : "Qui est-ce type qui a la prétention d'avoir mieux compris l'art que ses prédécesseurs ? Comment peut-il faire abstraction de millénaires de réflexions ?"
Donner ses sources et références permettent de prouver que tu t'es intéressé à ce qui s'est fait avant.

De même, pour se protéger de détracteur, il est plus facile de détruire une réflexion qui n'a pas de base solide (qui se base finalement que sur la réflexion de l'auteur) alors que montrer la continuité du raisonnement donne des racines plus profondes à un article.

Enfin, c'est mon avis.
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Message par Frédéric » 12 Fév 2009, 21:33

Je suis entièrement d'accord avec ce que tu dis.
J'ai un certain nombre de références que je n'ai pas données, parce que le format article de blog s'y prête lmal, mais le but est de parvenir à un pdf rigoureux.

L'un de mes problèmes, c'est que je tire certaines idées de mes cours de beaux arts qui n'ont pas toujours de références indiquées. Pas plus tard qu'aujourd'hui, j'ai demandé à l'un de mes profs les références d'un de ses cours, qu'il m'a gentiment mailées.

Je me suis contenté ici de donner les noms des auteurs et de quelques ouvrages, mais je ne serai satisfait de cet article que quand il aura des références suffisantes.

Aussi, en discuter ici permettra sans doute de l'étoffer, c'est mon espoir. ^^

Je te remercie pour le lien, je vais lire ça au plus tôt !
Frédéric
 
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Message par Christoph » 13 Fév 2009, 16:18

C'est bon ça! M'étonnerait pas que tu puisses intéresser Caïra ou des magazines de JdR avec cela!

Je n'ai rien à dire à la première lecture. Je reviens si je trouve des choses intelligentes à dire.
Christoph
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Message par Frédéric » 13 Fév 2009, 16:22

Mersssssiiiiii, cher maaaaaaaîîîîîître !

Et bien j'écrivais cela au départ pour la Revue Rôliste, mais voyant que je stagnais grave, j'ai décidé de le soumettre à la plupart des rôlistes et artistes de mon entourage pour pouvoir développer, obtenir des références, voir où ça coince etc.

Ça peut valoir le coup quand il sera fini, de le proposer en effet !
Frédéric
 
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Message par Meta » 15 Fév 2009, 19:19

Je te propose ici une lecture critique et formelle de l'article. Je pourrais revenir sur des points précis, mais chaque point donnerait lieu à un débat. Or, tu as une théorie pertinente et défendable. Il te faut donc la défendre, et c'est pourquoi j'ai relevé dans le texte tous les points qu'il me semble falloir travailler pour que ta théorie soit plus claire et plus décisive dans son potentiel de pertinence.

J'en profite pour préciser que, si tu veux éditer ce travail dans un magazine ou en faire un essai, il faut que tu doutes davantage. Un travail d'esthétique ou de philosophie de l'art ou d'analyse critique se doit d'être plus prudent. En fait, il faudrait, idéalement, poser une "problématique", justement. La question "peut-on faire de l'art avec du jeu de rôle ?" est un sujet vaste : trouve une problématique, une difficulté précise que tu veux aborder. En bataillant dessus, et en montrant que tu cherches à la vaincre par des références et la pertinence de ta réflexion, ton travail deviendras plus scientifique, plus utile, plus intéressant.


Enfin, note que le présent travail a été par ma personne très apprécié et le grand nombre de remarques n'est en rien l'indication d'une désapprobation, bien au contraire. J'ai relevé tout ce qui me semblait problématique ou insuffisant pour désigner les points qui permettront à l'article de venir éventuellement une référence.


Certains se demandent : « le jeu de rôle est-il un art ? »
Je répondrai que la question est mal posée, ce à quoi nous pouvons réfléchir, c'est : « peut-on faire de l'art avec le jeu de rôle ? »

Ici, il faudrait justifier pourquoi la question est mal posée. Justifier aussi la pertinence du travail qui va suivre : qu'est-ce qui le rend utile, voire indispensable ?

Définir en quoi l'art et le jeu de rôle peuvent coexister est pour moi une ligne de travail, un champ de recherche et de questionnement et non la volonté de prouver quoi que ce soit, ni d'ériger le jeu de rôle à un rang culturel.
Certains s'y sont essayés avant moi et je dois dire que rien dans les articles de Mike Pohjola ni de Rotwang Knievel ne m'a paru creuser la question dans la direction qui lui convient, à savoir en regard de l'évolution au fil des siècles de la définition de l'art.

1- L'art au delà de la vision réductrice du médium
1.1- De quoi parlons-nous ?
- L'art est indissociable du monde sensible ; comprendre : ce qui nous est perceptible, ce que l'on peut appréhender par nos sens.
Justifier l'importance de cette précision.
- L'art est une qualité immanente d'une production, d'un acte.
Très obscur.
- L'art n'existe pas en dehors de la perception d'un public comme le proclame la fameuse phrase de Marcel Duchamp : « C'est le regardeur qui fait le tableau ».
A justifier et défendre.
- L'art est un questionnement produit dans une dimension formelle.
Pourquoi un « questionnement » ? Il faut expliquer, ce n'est pas clair.
- Ainsi, je résumerai ces quatre points en une définition : L'art est la perception d'une problématique formelle produite dans le monde sensible.
Commencer par là est problématique, bien qu'il faille proposer une première définition du mot « art ». Quel statut a cette définition ? Est-celle juste ? Que désigne-t-elle ? Ou plutôt de quel art parlons-nous ici ? Est-ce une prétention universelle ?
On juge la qualité d'une œuvre d'art par la cohérence de la proposition et de la démarche de l'artiste en tant qu'elles transparaissent de l'œuvre, ainsi que dans l'authenticité et la pertinence de sa mise en œuvre.
Sources ? Justification ?
L'activité artistique est un processus créatif de manifestation de la perception humaine par un intermédiaire : un médium, qu'il soit sonore, pictural, narratif ou d'une autre nature. Paul Klee disait : « rendre visible l'invisible. »
Elle est l'expression d'un point de vue.
Arbitraire, dit ainsi.

1.2- L'art en tant qu'activité humaine
L'activité artistique est dite autonome par opposition à l'hétéronomie de la plupart des activités humaines, ce qui signifie que l'art n'a de but qu'en lui-même.
A préciser : que signifie « n'a de but qu'en lui-même » ?
Fabriquer une voiture pour gagner de l'argent est une activité hétéronome, de même que produire une vidéo pour vanter les mérites d'un shampooing.
Les demoiselles d'Avignon de Pablo Picasso questionne les canons de la peinture du début du XXème siècle, c'est une production autonome.
Bien entendu, un artiste peut gagner de l'argent par sa pratique, mais la valeur de l'art est indépendante du coût de fabrication d'une œuvre ou de son temps d'exécution. La valeur monétaire est un reflet de la valeur esthétique jugée par l'acquéreur.
A prouver.
Considérez bien que ces notions d'autonomie/hétéronomie se situent dans le champ « industriel » (qui relève de l'activité humaine) et non psychologique.
La différence entre autonomie et hétéronomie s'applique à la distinction entre l'art et l'art appliqué, ce dernier étant une démarche créative appliquée à une nécessité qui lui est étrangère (design automobile, publicité etc.).

1.3- Le jeu dans l'art
Le rapprochement entre art et jeu est plus que probant depuis les années soixante, avec des mouvements comme Fluxus, pour qui le processus de production artistique prévaut sur l'œuvre figée.
A préciser. Qui est Fluxus ?
L'art s'insère dans le champ du « jeu avec le réel », dans les espaces inoccupés de l'activité humaine hétéronome, autrement dit, dans le « jeu » des rouages de la société. La plupart des actions et performances d'artistes comme celles de Joseph Beuys ou de Marina Abramović relèvent d'un jeu qui produit du sens dans le contexte de sa mise en œuvre.

2- L'activité ludique entre-t-elle dans le champ de l'autonomie ?
Le jeu, possède trois fonctionnalités reconnues (source ?): il permet d'apprendre, de se divertir et de sociabiliser.
Pour faire glisser ce champ d'activité dans celui de l'art, il faudrait le dépouiller de ses fonctionnalités pour le rendre autonome.
Ceci ne paraît pas très clair.
Tout jeu n'est pas nécessairement éducatif, bien que comme toute expérience, il produit une assimilation d'informations. Le tout est de ne pas rendre ce phénomène prioritaire.
Pourquoi ne le faut-il pas ? Et pourquoi ce risque existe-t-il ?
De même pour l'aspect social du jeu, qui, bien que primordial ne me semble pas entraver son autonomie s'il n'est pas le but premier des participants.
A préciser, et donner des exemples.
Concernant le divertissement, cela pose davantage de problèmes, nous allons le voir.

2.1- Comment un jeu peut-il ne pas être divertissant ?
Cela n'est rendu possible que par deux moyens :
2.1.1- La richesse sémantique du mot « jeu », qui, comme nous l'avons déjà évoqué, peut signifier une activité de relative gratuité, comme une parenthèse avec le monde, un rapport aux choses, une mise à l'épreuve pouvant mener à des activités créatives telles que « jouer d'un instrument » (en anglais : « to play »), un espace indésirable entre les pièces d'une mécanique, une activité soumise à des règles acceptées par consensus (en anglais : « game ») etc.
Selon Roger Caillois, le jeu reflète la structure de l'ensemble des activités humaines, mais se crée dans une parenthèse où l'erreur, l'expérimentation et l'échec sont permis car leurs conséquences sont relatives. Ici se trouve un espace de production artistique par référence, car le jeu permet d'éprouver le monde. Cette dernière phrase me semble très obscure (« par référence » ? « éprouver le monde » ?).
2.1.2- L'apparition de jeux fictionnels et narratifs : le jeu de rôle et les jeux vidéo. En associant des structures ludiques à la production ou à l'exploration de fictions narratives, le jeu s'ouvre de nouvelles portes lui permettant de quitter le champ du ludique en intégrant de nouvelles potentialités. A préciser.
Bien entendu, ce type de jeu existe depuis bien plus longtemps que Donjons & Dragons (Dave Arneson et Gary Gygax) : les surréalistes et le groupe DADA pratiquaient toutes sortes d'activités créatives et ludiques à dessein artistique, cependant la forme actuelle du jeu de rôle est définissable comme médium à part entière, ce qui n'est pas le cas de ses ancêtres. Exemples ?
2.2 - L'art et le divertissement peuvent-ils coexister dans une même œuvre ?
2.2.1- L'étymologie du mot « divertissement » nous éclaire sur l'un des aspects fondamentaux des activités que l'acception englobe : Du latin divertere : détourner.
L'homme qui se divertit est l'homme qui fuit ses préoccupations existentielles et métaphysiques, qui cherche à se soustraire à sa misère quotidienne. Alors que l'art propose un questionnement, une problématique qui s'ancre dans le réel, le divertissement nous en détourne. Je trouve cela très arbitraire. Il faut absolument le prouver (comme ce peut être long, il faudrait au moins résumer la thèse d'un ou deux auteurs qui affirment cela, et leur argument décisif).
Le spectacle de divertissement est la vitrine du système dominant (cf. Guy Debord, La société du spectacle). Cette référence politique devrait être précisée ou retirée, à mon sens.
Le spectaculaire, c'est une scène d'action de cinéma, des effets pyrotechniques, des effets sonores, des trucages bluffants. C'est le développement extrême du métier d'illusionniste.
« (L’artiste) s’il n’est pas dramaturge, il est publiciste. Le thaumaturge, c’est le publicitaire. » (Paul Virilio, Catherine Ikam, Louis Fléri, Portraits réel/virtuel (1999) Paris Audiovisuel, Maison Européenne de la photographie (Exposition présentée à la Maison Européenne de la photographie du 24 février au 30 mai 1999.p.11)
Car l'image devient fascinante, quand, inféodée à la technique elle se purge de tout sens, de toute aspérité pour confiner à une perfection lisse et ostensible dans le but d'émerveiller et d'impressionner.
Le spectaculaire est le feu d'artifice qui capte notre regard, nos pensées et les détourne de ce qui fait sens.
De par l'outil spectaculaire, le divertissement remplit son rôle et vide une œuvre de ses problématiques potentielles, mais ce faisant, elle se soumet à l'idéologie dominante : la neutralité sémantique d'une œuvre est aussitôt convertie en une apologie de son système de production du fait qu'elle a été produite par et pour lui.
Pourquoi parler d'idéologie dominante ici ? En quoi cela sert-il le propos ?
2.2.2- Notons que dans un médium narratif comme la littérature, le cinéma ou le jeu de rôle, la distinction art/divertissement devient complexe, car problématique et spectacle peuvent s'alterner dans la durée.
Quelles sont les conséquences de la jonction au sein d'une même œuvre du spectacle et d'une problématique ?
En premier lieu, nous observons que les moments de questionnement et de divertissement sont séparés.
Ce qu'il va falloir prouver, donc.
2.2.3- Comparons : Matrix d'Andy et Larry Wachovski et Mulholland Drive de David Lynch.
D'une certaine façon, ces deux œuvres cinématographiques possèdent des phases de questionnement et des phases plus distrayantes, où la narration sert une intrigue qui semble n'avoir d'autre but qu'elle même, sans problématique avérée. Nous découvrons ici une première différence : Matrix propose des scènes d'action pures et dures pouvant s'étirer considérablement dans la durée, voire constituer une partie plutôt conséquente de la totalité de la trilogie. Une intrigue est tissée sur les trois films. Par moment, les personnages abordent des questions métaphysiques en discutant ou en se confrontant à la métaphysique du monde présenté.
Mulholland Drive s'installe dans une intrigue plutôt classique, qui nous implique, mais qui se trouve soutenue par une impression de bizarrerie et par des scènes parfois crues. Cette partie du film en constitue la plus grande portion. De nombreuses questions sont posées dans l'histoire, mais la fin du film brouille les pistes, les identités semblent changées dans un imbroglio aux relents psychologiques ou existentiels.
Dans le premier film, des questions métaphysiques sont clairement posées, notamment : « la réalité est-elle bien ce que l'on croit ? » On pourrait donc déjà en extraire une problématique centrale.
Dans le deuxième, c'est la question de notre rapport au film, à l'intrigue et à notre part d'interprétation qui est prédominante. David Lynch nous laisse une grande part à l'interprétation de son œuvre, qu'il ne veut surtout pas expliquer. Et c'est là que Mulholland drive se différencie de Matrix : l'œuvre ne signifie pas, elle n'est pas un vecteur de communication d'une idée ou d'un questionnement, mais elle contient en elle, dans sa forme, du sens. C'est le principe de l'immanence.
2.2.4- Matrix ne nous demande pas d'aller chercher le questionnement mais nous le sert sur un plateau, au milieu de pâtisseries sucrées qui sont les scènes de pur divertissement dont la problématique disparaît au profit du spectacle. Qui a pensé en voyant les scènes d'action divertissantes de Matrix : « Mais c'est bien sûr ! C'est le spectacle qui constitue la matrice, qui nous empêche de voir la réalité et de se questionner sur elle. Arrêtons cette fuite schizoïde devant les productions de divertissement pour appréhender la vie et en faire ce que nous voulons vraiment qu'elle soit. » ?
Mulholland drive joue sur une frustration qui en soi est un questionnement sur ce que doit être une œuvre cinématographique. Sa structure globale permet à David Lynch de mettre au cœur de son film une problématique forte centrée sur la place de l'intrigue et du spectateur. Il n'est pas le premier ni le dernier à aborder cette problématique.
Ainsi, le mélange de divertissement et de problématique tend à diluer le questionnement s'il ne le dissout pas purement et simplement.
C'est peut-être vrai, mais cela me semble insuffisamment prouvé. On s'expose ici à une levée de boucliers à mon sens. Il faudrait à mon avis non pas partir de l'exemple, mais réfléchir sur les concepts qui seront ensuite illustrés par ces deux exemples. Ensuite, penser à l'exemple de Metropolois de Fritz Lang, où réflexion et divertissement semble fusionner parfaitement...

2.3- Comment le jeu de rôle pourrait-il relever de l'art ?
Oubliez toute classification des soi-disant arts, qui ne sont que des jugements de valeur arbitraires ou idéologiques. L'art est potentiellement émergent de tout médium, de toute activité humaine, tel que nous l'ont appris les artistes des dernières décennies.
Arbitraire. A prouver.
Il n'y a aucune classification à faire entre la musique, les arts plastiques, le théâtre, les performances, la littérature, le cinéma ou la bande dessinée et les autres. Ce ne sont que des supports différents pour la création.
Très arbitraire. A prouver (et très longuement, il y a là matière à un véritable thèse). A mon sens, si la difficulté est trop grande, mieux vaut éluder ce problème.
Un film, bien qu'étant une création, n'a pas l'assurance d'être artistique par le simple fait qu'il appartient au champ des productions cinématographiques. Selon le préhistorien de l'art Emmanuel Anati, la différence entre art et création se situe au niveau de la « vérification », soit la nature réflexive pouvant s'associer à la création. Vérifier, c'est situer son travail dans le champ artistique de son époque, le confronter à ce qui a été fait avant et cerner sa problématique. A développer. Qu'apporte cette référence dans le propos ?

2.3.1- Tout jeu de rôle est créatif.
- Voici la définition du jeu de rôle que j'emploierai afin de bien clarifier mon propos :
« Le jeu de rôle est une activité de groupe où chacun participe à la création d'une histoire, en effectuant des choix selon la situation de la fiction »
Justifier davantage le choix de « cette » définition.L'enjeu est peut-être d'éviter ceci : http://forums.ffjdr.org/viewtopic.php?t=13830
. Je ne m'intéresse donc volontairement pas au « jeu de rôle grandeur nature » ni aux jeux vidéos, je laisse ces champs de recherche à ceux qui veulent l'explorer.
- L'activité « jeu de rôle » n'est que ce qui se situe pendant la séance de jeu, d'exploration d'une fiction construite collectivement.
Les règles et le contenu pré-écrits ne sont qu'une préparation et un soutien à l'activité. Si un point de scénario ou de règle n'est pas exploré pendant la partie, il sera tout simplement inexistant.
Le texte des règles du jeu et de présentation de l'univers sont comme une partition de musique : la partition n'est pas la musique, mais elle joue un rôle essentiel sur la forme de l'œuvre.
- Pour que cette œuvre soit d'art, une problématique devra en émerger.
C'est peut-être le point central de ce travail. Cela mériterait des pages de développement sur cette seule phrase, car elle est ici arbitraire et doit être abondamment et décisivement défendue.
Mais pas n'importe comment :
Elle doit être immanente au médium et donc prendre racine dans la totalité de ce qui constitue la forme du jeu de rôle.
Elle doit être prédominante à tout autre but dans la partie, y compris se divertir.
Elle doit naître de la créativité des participants (et non seulement d'un MJ ou de l'auteur du livre de jeu).
Elle doit être partagée et perceptible, même si c'est à posteriori.
Encore une fois, il manque les justifications.
Tout ceci concerne le fait de continuer à pratiquer une activité qualifiable de jeu de rôle, que l'on fera art. Problème de syntaxe, phrase à reformuler.
Il est possible de faire de l'art autrement que de la façon dont je le développe, avec des activités plus ou moins proches du jeu de rôle, sans en être vraiment.
Il est important de comprendre que la teneur artistique d'une partie de jeu de rôle dépend des joueurs et de leur réceptivité aux stimulus du jeu et à l'émergence de la problématique. Justement, si c'est important, il faut aider le lecteur à le comprendre, car cela n'a rien d'évident.
Donc, un auteur peut tout mettre en œuvre pour rendre artistique son jeu, le pouvoir de le concrétiser en revient aux joueurs.

2.3.2- L'expérience est le cœur du jeu de rôle
Le jeu de rôle ne peut être légitimé au regard d'autrui car c'est une activité qui ne peut être appréhendée par le néophyte. Elle ne peut être appréhendée que par l'expérience, tout comme je ne peux raconter un tableau à quelqu'un et espérer qu'il partage l'expérience que j'en ai eue.
Fréquemment, en tentant d'expliquer à des rôlistes dont la pratique du jeu de rôle est plutôt classique, en quoi consistent des formes de jeu de rôle innovantes, je me heurte à un mur d'incompréhension et de préjugés. C'est comme tenter d'expliquer ce qu'est le jazz à quelqu'un qui ne connaît que la musique classique, avec des mots pour seul outil.
De la même façon, un rôliste ayant toujours eu une expérience purement divertissante aura peut être des difficultés à appréhender la portée artistique de son activité. Cela ne signifie pas pour autant que rapporter une expérience n'ait pas d'intérêt, mais cela questionne sur la façon dont on peut le faire.

2.3.3- Propager vos œuvres
Une partie de jeu de rôle est éphémère et son public restreint. C'est le cas de nombreuses musiques, pièces de théâtre, performances ou actions dans l'art contemporain. Si vous voulez entreprendre d'exposer votre séance de jeu dans une galerie, il faudra alors sans doute trouver un moyen d'en conserver une trace ou de répéter l'expérience. Mais ce n'est pas ce qui conditionne la portée artistique d'une activité, bien qu'elle fasse partie de sa reconnaissance par un public.
Cela est d'autant plus pertinent en jeu de rôle du fait que les participants sont à la fois auteurs et spectateurs de leur création collective. Le public est donc indissociable de cette activité créatrice. Ce n'est pas le nombre de spectateurs qui fait la qualité ou l'existence d'une œuvre d'art. On pourrait poser le contraire : il n'y a oeuvre d'art que parce que celle-ci est reconnue, car l'art pour un seul n'est pas art, mais seulement production, ou encore l'objet non jugé est objet neutre cosmologiquement parlant, donc ... Bref, il faut justifier davantage cette position.
Maintenant, pensez-vous qu'un public extérieur à la séance de jeu, en simple spectateur pourra saisir la substance de la partie ?
Cette question me semble épineuse. Il en reste que les enregistrements de séances de jeu de rôle donnent souvent plus l'impression d'autistes qui s'agitent inutilement autour d'une table, que celle de créateurs en plein processus intellectuel collaboratif. C'est en cela que le moyen de conserver une trace doit être mûrement réfléchi. Je pense que la retranscription à l'écrit est sans doute le meilleur moyen d'approcher le résultat d'une partie pour la part imaginative que l'écrit laisse au lecteur, quand une vidéo ou un enregistrement sonore pèchent par la mise en évidence des hésitations, du manque de force inhérent à l'improvisation imaginative confrontée à des supports desquels on crée des œuvres généralement extrêmement travaillées.
Il ne s'agit donc pas de présenter un compte-rendu de fiction voulant rivaliser avec un roman, mais bien de restituer l'expérience, avec tout ce que cela comporte de méta-jeu et de mécaniques. Comment faire ? Dictaphone ?

3- La part de l'auteur
Bien que j'aie présenté le jeu de rôle comme étant ce qui se déroule durant une partie, cette partie prend elle-même racine dans la structure du jeu (game) conçu, lui, souvent par une personne étrangère au groupe qui va vivre l'expérience.
Pensez donc que bien que l'expérience de chaque groupe soit différente, un texte présentant un jeu dont l'ensemble des modules orientent les joueurs vers une certaine problématique est déjà en soit une grande part de la création rôlistico-artistique. C'est sans doute également le plus simple moyen de propagation – mais non le seul – d'une œuvre rôlistique. Vous y faites une proposition que chacun s'approprie et c'est une force. On ne peut empêcher chaque spectateur de s'approprier une œuvre, et c'est tant mieux, car c'est souvent l'interprétation et l'assimilation produites qui le touchent le plus. Il faudrait insister sur ce paradoxe du jdr : il est art en action et art en tant que jeu proposé, l'oeuvre n'a pas la même forme ni le même statut. A développer, il me semble.
« Je veux donner aux spectateurs une ébauche de scène. Si vous leur en dites trop, ils n’y apporteront rien d’eux-mêmes. Proposez-leur juste une suggestion, et vous les ferez travailler avec vous. C’est ce qui donne son sens au théâtre : quand il devient un acte social. » (Orson Welles 1938)
Dans une plus large mesure, c'est ce que vous ferez en créant un jeu de rôle. Vous avez les moyens d'orienter les parties de ceux qui expérimenteront votre proposition, proposez-leur des espaces délimités de création et orientez l'ensemble sur votre problématique, c'est ainsi que vous produirez des instants artistiques par ce vecteur.
Ce n'est pas la condition sine qua non pour faire de la séance de l'art, mais cela y contribue considérablement. Comme un compositeur peut écrire une partition très libre que les instrumentistes s'approprient et autour de laquelle ils improvisent. Il crée une structure, un cadre qui peut bien souvent devenir le cœur des parties et de la forme qu'elles revêtent. L'auteur de jeu de rôle est un compositeur. Analogie à enrichir : compositeur et/ou chef d'orchestre, en tant qu'il s'essaye à la production ? Mozart n'est-il pas le meilleur interprète de sa partition ? Plus important : qu'est-ce qui garantit que le support amènera à faire le même art que l'expérience de l'auteur ? (suis-je clair sur ce point ?).

3.1- Exemples de jeu de rôle à problématique
Dogs in the Vineyard (Vincent Baker) est un concept extrêmement subtil bâti autour d'une problématique forte que j'analyse ici avec mes propres mots : Quand la morale justifie-t-elle la violence ?
Sens Hexalogie (Romaric Briand) est structuré par de nombreuses problématiques, mais il me semble que la principale est tournée vers l'imbrication de la fiction dans la réalité.
My life with Master (Paul Czege) est une critique virulente sous forme de pseudo parodie, des jeux de rôles tels qu'ils sont couramment pratiqués : Un maître despotique qui martyrise ses servants. http://www.halfmeme.com/master.html
Psychodrame, une de mes tentatives de développer une problématique dans un jeu de rôle : quand le jeu de rôle nous confronte à notre propre existence, que devient l'enjeu réel ?

Si nous analysons un jeu tel que Dogs in the vineyard de Vincent Baker, nous vérifions que tous les niveaux de conception du jeu nous emmènent vers une direction précise où les situations entraînent des choix de la part des joueurs autour des questions de justice, de morale et de violence.
C'est ainsi que nous pouvons considérer que l'auteur d'un jeu de rôle peut considérer son travail comme étant artistique, dans le sens où il présente un matériau travaillé, dont la cohérence des choix influeront sur les parties jouées et sur la possibilité de l'émergence d'une problématique. L'auteur a donc une part potentielle (« potentielle » ??), mais importante sur le résultat final.

4- L'esthétique en JDR :
L'esthétique se préoccupe de la relation complexe entre fond et forme en art. Au XXIème siècle et depuis plus d'un siècle, on en est arrivés à l'idée que le beau était subjectif (strictement parlant, cela semble inexact ; certains y sont arrivés ; et le terme beau est d'autre part, parfois redéfini, donc, problème ; il faut préciser). L'artiste cherche donc à faire une proposition esthétique depuis son propre point de vue. Il n'a pas vocation à l'universalité, bien que la portée artistique de son œuvre puisse difficilement être contestée. Si tel est le cas, on entre dans les problématiques d'avant-gardes.
L'esthétique en jeu de rôle se situe à plusieurs niveaux, et pas seulement dans l'imagination dont a fait preuve l'auteur pour définir son univers :
Dans Sens Hexalogie, Romaric Briand met à jour l'importance de considérer que la conceptualisation d'un jeu de rôle est une modélisation d'une vision de l'homme et du monde. Ainsi, Sens est entièrement modélisé à partir des théories du philosophe Ludwig Wittgenstein, pour qui le langage est un miroir de la structure du monde. Cette référence est, présentée ainsi, anecdotique : il faut l'insérer dans un questionnement.

Si l'art est immanence (expression à mon sens maladroite car arbitraire ; d'autre part, terme obscur pour un non philosophe), cela nécessite une appropriation de la forme de vos créations, car c'est par une compréhension des enjeux formels que l'on peut en faire émerger une problématique.
Pour cela, je vous propose plusieurs pistes :
- La synesthésie.

- LNS & Big Model : Big Model (Wikipedia)
LNS et autres sujets de théorie rôliste (par Ron Edwards)
GNS theory (par Eero Tuovinen)
Théorie forgienne (par Ben Lehman)

- Le détournement ou le jeu avec le jeu : Martin Le Chevallier, jeux vidéo artistiques


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Je vous propose de discuter plus avant de tout cela sur le forum de Limbic systems.
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Message par Frédéric » 15 Fév 2009, 21:46

Merci Axel pour ces commentaires (et merci de les avoir mis en gras ^^).

Bien entendu, je suis assez d'accord sur la nécessité de préciser certains points, de donner des références pour d'autres...

Maintenant, si je m'attache à tout cela, ce n'est plus un article que j'écris, mais un essai de 400 pages.

Ais-je été trop ambitieux ?

Je pense que je vais de toutes façons devoir assumer pleinement le caractère subjectif de cet article, car de toutes façons, la plupart de mes réflexions me sont venues de mon parcours dans l'art, par mes créations, par les cours que j'ai suivi, par les livres que j'ai lus, par les œuvres que j'ai vues. Seuls les deux derniers offrent des références. Alors, dois-je faire un travail de thèse universitaire rigoureusement documenté sur chaque point que j'aborde ?
Quand je lis un article d'André Rouillé, ou un livre de Régis Debray, ils ne mettent pas les références de chacune de leur pensée (bon, d'accord, je sais bien que je ne suis ni l'un ni l'autre, mais il y a un moment où c'est au lecteur de peser la pertinence d'un propos au delà de toute référence à une sommité).

Aux beaux arts, les professeurs tendaient à encourager la réflexion personnelle, est-ce un mal ? (Cela ne signifie pas que les références ne soient pas indispensables).

Bien sûr, tant que je n'ai aucune autorité dans le domaine, ma pensée ne sera prise au sérieux par personne (et c'est bien normal), mais cela signifie-t-il que je doive me contenter d'écrire des successions de paraphrases ?
Et puis, mon ambition n'est pas de proposer un travail abouti pour le moment, mais de déblayer le terrain.

Toi-même, pour un tel article, que développerais-tu que je n'ai pas abordé ? Quelles références aurais-tu à me conseiller ?

J'ouvre le débat, car j'avoue que tout cela m'interroge sérieusement. Dois-je laisser cet article tel quel sur mon blog ? Comme Christoph le dit : pourrait-il tel quel intéresser une revue ? Ou y a-t-il nécessité de creuser certaines pistes pour aller plus loin ?
Frédéric
 
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Message par Frédéric » 15 Fév 2009, 21:49

Ah ben merde, tu as édité ton message... du coup, on ne va pas comprendre ma question...

Bon, disons que pour ceux qui arrivent maintenant sur le fil, les questions que je posent sont venues après lecture de la première mouture du post d'Axel (Meta) qui a ajouté des commentaires après coup...
Frédéric
 
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Message par Frédéric » 15 Fév 2009, 21:52

Ok, du coup, tu as répondu à ma question précédente... :D

Je vais donc faire des choix à partir de tout cela.

Le thread n'est pas clos, on peut même tenter de développer certains points ici.
Frédéric
 
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Message par Lionel (Nonène) » 15 Fév 2009, 23:53

Bon plusieurs choses :

Je pense qu'il faut proposer ton article à des magasines.

Ensuite concernant le format de ton "article" et les références voici mon avis :

Finalement, ça dépend de la taille de ton texte.

- Si il reste court (ce qu'il n'est déjà plus tellement), il peut être simple article et dans ce cas il n'a plus besoin d'avoir des références systématiques (l'idéal est d'avoir deux versions : la version plus lisible sans les références et une version avec les références pour ceux que ça intéresse et/ou ceux qui critique ton travail). Mais un tel "article" devrait adopter un autre type de discours (provocateur ou accusateur) pour lui donner un impacte.

- A partir de 4-5 pages, un texte n'est plus vraiment un simple article. Dans le sens que seuls les intéressés vont le lire. Ca devient un article "scientifique". Dans ce cas, il FAUT mettre les références car les gens en veulent plus et ne lise pas ton article par hasard.

Ensuite, tu sembles craindre ne plus avoir le loisir d'apporter ta réflexion personnelle mais ce n'est pas le cas. Les réflexions personnelles doivent rester mais elles doivent être justifiées (tu le fais très bien dans ton article d'ailleurs). Alors que finalement, les références suffisent à justifier tout ce qui n'est pas de toi. Elles servent également simplement de support à tes propres réflexions finalement.

Ensuite à ta question, d'un mémoire ou d'une thèse : oui le sujet peut être l'objet d'un tel travail (très beau sujet d'ailleurs). Je dirais même que tant que personne n'ait fait un travail d'aussi grande ampleur, il sera difficile de faire totalement accepter l'affirmation "Le JdR est un art".

D'ailleurs, je vais prendre l'exemple de Coralie David qui a écrit un mémoire sur la question "Le JdR, mode d'expression littéraire ?". Je pense aussi que ce texte pourrait apporter pas mal d'eau à ton moulin : http://www.ffjdr.org/jdr/fond/etude_cdavid
Lionel (Nonène)
 
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Message par Frédéric » 16 Fév 2009, 00:24

Ok, c'est vraiment encourageant !

Je suis mitigé entre le fait de poursuivre le travail en creusant simplement les références et en "assainissant" le texte.
Ou le recentrer davantage sur la question de "la problématique en JDR" (qui nous amènera à nous demander : pourquoi avoir une problématique est-il intéressant... et qui retombera donc sur la question de l'art).

D'ailleurs, je prépare un playtest très particulier avec Psychodrame qui s'inscrira pleinement dans cette démarche...
Frédéric
 
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Message par Meta » 16 Fév 2009, 07:37

Maintenant, si je m'attache à tout cela, ce n'est plus un article que j'écris, mais un essai de 400 pages.
Ais-je été trop ambitieux ?

Sois ambitieux ! Et dans ce cas, donne-toi les moyens d'être à la hauteur de ton ambition. Autrement dit, travaille tes textes et tes réflexions, et ne sois surtout pas pressé. Cet article peut bien mettre six mois à voir le jour. Il faut le mûrir, ou tu risques de regretter de l'avoir publié ainsi plus tard car tu te diras, "tiens, j'aurais pu le traiter selon tel axe, ou parler de telle chose". La forme de ton article n'est pas un billet de blog (cela pourrait, car tu aurais pu produire un article du style des miens sur mon blog, mais ton style et la longueur indique que tu vises autre chose)

Je pense que je vais de toutes façons devoir assumer pleinement le caractère subjectif de cet article, car de toutes façons, la plupart de mes réflexions me sont venues de mon parcours dans l'art, par mes créations, par les cours que j'ai suivi, par les livres que j'ai lus, par les œuvres que j'ai vues. Seuls les deux derniers offrent des références. Alors, dois-je faire un travail de thèse universitaire rigoureusement documenté sur chaque point que j'aborde ?

Tout dépend de ce que tu veux faire, mais je pense qu'un article qui ne trouve pas son statut vivra mal sa condition. A mon avis, tu devrais proposer quelque chose de solide et "sérieux" en raison de la nature même de l'article. Tu veux montrer quelque chose, et ce que tu veux montrer n'est pas destiné aux convertis, à mon sens. Tu veux mettre un éclairage sur. Il ne s'agit pas de construire un thèse mais de produire un travail qui pourrait conduire à quelque chose comme cela. Ainsi, ton travail pourrait être non pas une thèse mais une introduction de thèse, c'est à dire la présentation de constats à partir desquels tu construis une problématique sur ton sujet.

Aux beaux arts, les professeurs tendaient à encourager la réflexion personnelle, est-ce un mal ? (Cela ne signifie pas que les références ne soient pas indispensables). Bien sûr, tant que je n'ai aucune autorité dans le domaine, ma pensée ne sera prise au sérieux par personne (et c'est bien normal), mais cela signifie-t-il que je doive me contenter d'écrire des successions de paraphrases ?

Il ne s'agit pas de paraphraser. Cite tes sources, et sois rigoureux en expliquant à quoi tu te réfères. Ta réflexion propre apparaîtra d'elle-même dans l'analyse même de ce qui a déjà fait, et tu verras qu'en prenant appui sur le passé tu décolleras vers ton propre avenir (je parle d'expérience ici). Tu ne produis pas une oeuvre d'art, ici, tu produis une "pensée critique", tu ne peux pas lancer des idées arbitraires selon moi. Donc, oui, essaie de justifier un maximum de choses. Choisis bien tes termes, reformule, etc...

Et puis, mon ambition n'est pas de proposer un travail abouti pour le moment, mais de déblayer le terrain.

Alors, à ce sujet, il me semble que tu bêches le terrain, en effet. Ton article m'est apparu assez désarticulé : des phrases s'enchaînent et donnent l'impression du "il y a ça, et il faut penser ça, et il y a ça aussi, et puis n'oublions pas que...". Très bien, tu as donc indiqué ce dont tu veux parler. Maintenant, il faudrait essayer de lier la réflexion, qu'elle coule et soit moins hachée, en proposant pour chaque partie une ligne directrice à la pensée : il me semble que comme ton travail est "problématique", tu ne peux pas te permettre un exposé, cela ne ferait pas mouche. Il faut produire une réflexion, et comme toute réflexion (qui tend à convaincre), il faudrait qu'elle soit progressive et/ou dialectique.

Comme Christoph le dit : pourrait-il tel quel intéresser une revue ? Ou y a-t-il nécessité de creuser certaines pistes pour aller plus loin ?

Oui, je pense que, même tel quel, des revues seront intéressées. Mais si tu penses à tout ce que je dis ci-dessus, je suis sûr que les revues de jdr se l'arracheront. Si tu produis un travail plus scientifique dans la forme, je pense même que tu pourras prétendre à toucher d'autres types de revues.

Je suis mitigé entre le fait de poursuivre le travail en creusant simplement les références et en "assainissant" le texte. Ou le recentrer davantage sur la question de "la problématique en JDR" (qui nous amènera à nous demander : pourquoi avoir une problématique est-il intéressant... et qui retombera donc sur la question de l'art).

Comme je te le dis plus haut, ce serait bien, je pense, que tu dégages une problématique. "pourquoi avoir une problématique est-il intéressant ?" : ceci peut être intéressant, mais vois si tu veux en faire la "question de ton sujet" ou la "problématique de ton sujet", ce qui est très différent.
Meta
 
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Message par Lionel (Nonène) » 16 Fév 2009, 10:29

Je ne peux que abonder dans le sens de Meta

Oui, je pense que, même tel quel, des revues seront intéressées. Mais si tu penses à tout ce que je dis ci-dessus, je suis sûr que les revues de jdr se l'arracheront. Si tu produis un travail plus scientifique dans la forme, je pense même que tu pourras prétendre à toucher d'autres types de revues.


Des revues de JdR peut être mais c'est pas certain. JdR magasine est loin de s'intéresser à des articles de fonds aussi sérieux qui ne correspondent pas à leur ligne éditoriale, je ne connais pas Dragon rouge mais j'ai entendu dire que la ligne éditoriale se rapproche de celle de JdR mag. Reste le Bob'Zine...

Oui, tu dois proposer ton article aux mags de JdR mais surtout je pense que tu dois le proposer à des revues d'art. Dans une revue rôliste, tu parleras à un public quasi converti et la scientificité de ton article n'a pas beaucoup d'importance. Par contre, dans une revue d'art... les choses sont différentes.

En cela, tu peux très bien t'adresser à ton prof qui a sans doute des entrées dans des revues. Il pourra également peut être t'aider dans les corrections ou les compléments (références, etc.)
Lionel (Nonène)
 
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Message par Frédéric » 16 Fév 2009, 14:16

Je crois que je commence en effet à mieux cerner les enjeux "éditoriaux" de ce texte !

Pour ma part, je l'ai abordé comme un mémoire de beaux arts, dégageant un certain nombre de questions et de problématiques telles que je les appréhende via un travail artistique (merci Axel d'avoir mis cela en relief, ta remarque me semble extrêmement pertinente).

Vos commentaires me permettent de prendre conscience de cela.

En effet, le format "article de blog" ne convient pas du tout à ce texte.
Je vais donc le travailler plus en profondeur.

Au milieu de mes autres projets, ce n'est sans doute pas 6 mois, mais 6 ans qu'il va me falloir. Qu'à cela ne tienne, je vais mettre en application le conseil d'Axel : "ne sois surtout pas pressé".

Mon objectif, sera de trouver les ressources théoriques pour pallier chaque faille de l'article. Après, si au final c'est un essai, tant mieux, sinon, si je n'ai le temps de développer qu'un article, il me faudra le consolider suffisamment pour lui conférer un maximum de crédibilité.
Certains chapitres passeront sans doute à la trappe.

Concernant la publication dans le monde de l'art, ça me paraît à la limite de l'envisageable (hormis dans les petites publications).

Je vous remercie encore de l'intérêt que vous portez à cet article !
Frédéric
 
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Message par Meta » 16 Fév 2009, 18:07

Tiens, au cas où ils sortiraient un jour un numéro susceptible de concerner tes recherches, je viens de découvrir ça, je te le mets en lien :

http://www.pinkertonpress.com/
Meta
 
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