Les illustrations dans un bouquin de JDR

[Frédéric]

Salut,
Je me pose actuellement pas mal de questions quant à la nécessité de mettre des illustrations dans un bouquin de JDR, j'ouvre le débat ici.

Pour Démiurges, je crée un jeu dans lequel l'esthétique de la fiction est primordial et je m'adresse à un public de rôlistes plutôt expérimentés, donc, la question ne se pose pas : il y aura des illus aussi belles que je pourrai les faire.

Pour Prosopopée, j'ai vraiment peur que les illustrations brident l'imagination des joueurs en ciblant trop l'esthétique du jeu qui devrait en réalité naître d'un consensus de chaque groupe et donc d'être différente à chaque partie. J'ai donc décidé de faire une mise en page décorée de manière zen, pour coller au fond du jeu, mais sans proposer d'illustrations "illustratives".

Pour Psychodrame, la question est plus corsée : je suis mitigé entre le fait de faire de ce jeu un jeu "grand public" avec des illustrations tout de même stylisées "Roman graphique" (comme celles qu'on trouve sur mon blog), ce qui pourrait cibler le produit pour un public spécialisé).
Mais si je voulais assumer pleinement Psychodrame en tant qu'œuvre autonome ? Je me pose la question : les illustrations n'auront d'autre but que de rendre le livre attrayant et "esthétisant", car elles n'apporteront rien à un univers qui gagnera davantage à puiser dans le vécu de chacun.
Ces illustrations ne risquent-elles pas de briser l'autonomie de l'œuvre en en faisant un produit ?

J'ai la ferme conviction que Psychodrame peut intéresser aussi bien les fans de Grey's anatomy, néophytes complets en JDR et pas forcément d'affinités artistiques (simplement un certain goût pour le drame), que les artistes désireux d'appréhender une activité créative singulière (qu'ils connaissent ou non le JDR).
Ne risquerais-je pas de fermer Psychodrame aux premiers si je ne mets pas d'illus et ne risquerais-je pas d'essuyer les critiques des seconds si j'en mets ?

[Christoph]

Hello Frédéric

Oui tu risques. C'est un choix que toi seul peux assumer. Le mieux serait de te renseigner un maximum sur le public cible retenu et anticiper ses attentes. Il peut-être très intéressant de réfléchir au canal de distribution aussi. En effet, si ton livre sera introduit à des non-rôlistes par des rôlistes, ce n'est pas la même chose que si tu t'attends à ce que des non-rôlistes y tombent dessus sans l'intermédiaire d'un rôliste. Dans le premier cas, il faut séduire le rôliste intermédiaire.

A mon sens, le "besoin" d'illustrations est avant tout une caractéristique rôliste. A un tel point que certains amis non-rôlistes m'ont fait la remarque: "oh, c'est kitsch, c'est du jeu de rôle?" (en l'occurrence, c'était un recueil de nouvelles de Lovecraft et Co.)

Tu pourrais jouer sur ce point en prenant juste deux-trois illustrations renversant complètement cette attente. Oui, il y a des illustrations, c'est bien un jeu de rôle, mais elles mettent en scène... des gens normaux de notre temps!?
Le rôliste se dira peut-être: "Et si j'en parlais à mes amis non-rôlistes?"
Le non-rôliste se dira peut-être: "Tiens, un jeu de rôle différent, je veux bien essayer." (L'effet est peut-être encore plus efficace si tu ne mentionnes même pas le fait que c'est un jeu de rôle dans ton texte.)

Peut-être que ces quelques illustrations pourront également te confirmer en tant qu'ancien étudiant des beaux arts et donc crédibiliser ton approche sur l'aspect rôliste?

[Frédéric]

Ah, ben c'est parfait !
Ta première phrase m'a fait demander si ce sujet en valait la peine, mais finalement le reste est plutôt encourageant.
C'est vrai que je ne veux pas discriminer une de ces deux cibles, du coup le style "roman graphique" peut sembler un bon compromis car comme tu le soulignes, il peut mettre en avant le fait qu'il s'agit d'un jeu pour un public différent.