Salut à tous !
D’abord, Christoph, merci pour la mise au point, j'ai pris le temps de lire les messages que tu citais et je commence à mieux comprendre l'"intention" et le fonctionnement général de ce forum. J'apprécie cette rigueur.
Je n’ai pas encore testé Monostatos en partie, parce que je préfère prendre du temps pour préparer mon univers et mon matériel de jeu avant de me lancer. Je devrais pouvoir sauter le pas cet automne, une fois installé à Paris.
Je n’ai donc pas d’expérience « réelle » à partir de laquelle discuter dans les rubriques « Parties » ou « Bancs d’essai ». « Publications » ne correspond pas à ce que je recherche (ma mise en page et mon format actuels me suffisent pour le moment).
Je recherche des relecteurs me donnant un point de vue extérieur sur mon univers et mon travail, pour répondre à ces questions :
Est-ce que ça vous donne envie d’essayer ?
Est-ce que le système de jeu vous semble cohérent avec son intention ?
Est-ce que l’univers vous semble cohérent ? (de ce point de vue, j’ai déjà une réponse de Meta)
Ces questions me sont importantes pour continuer à bien orienter mon développement du jeu, pour qu’il ne soit pas.
Le fil de mon post se fait donc dans l’optique « Connexion ». Je vais essayer de formuler mes réponses dans ce sens, c'est-à-dire en essayant de clarifier mon intention et la cohérence générale que je cherche à donner à mon jeu et à l’expérience de jeu.
Est-ce que c’est OK comme ça ? Dites-moi si ça ne correspond pas encore à l’esprit du forum.
1) Qui sont les personnages ?
Dans un univers et une société oppressants et déshumanisants (un ami l'a comparé à juste titre à celui de Cyberpunk, bien qu’il s’agisse d’un univers de fantasy), mourant dans une confortable apathie, les personnages sont les derniers et uniques héros, au sens le plus fort et le plus haut du terme. Ce sont des guerriers individualistes, des artistes innovants, des conquérants orgueilleux… qui s’opposent de tout leur être à la conception du monde qu’essaie d’imposer le Culte de Monostatos.
La création de personnage (cf.
Système de jeu) pousse à cela en imposant de répondre à 5 questions :
I. Allure Quelle est l’allure de votre personnage ? Quelle est la première impression qu’il donne ? Comment apparaît-il aux autres ?
II. Origines D’où vient votre personnage ? De quelle région du monde ? De quelle ethnie ? Quelle place sociale, quel métier y exerçait-il ?
III. Orgueil En quoi votre personnage est-il bien supérieur au reste de l’humanité ? Qu’est-ce qui le place au-dessus de lui-même ?
IV. Sacrifice Qu’a-t-il sacrifié ou abandonné derrière pour parvenir à cette place ? Qu’a-t-il dû accomplir pour parvenir à ce niveau de perfection ?
V. Quête Que recherche-t-il actuellement ? Pour quoi se donne-t-il du mal ? Qu’est-ce qui justifie à ses yeux de continuer de vivre et d’agir ? En quoi est-il encore incomplet aujourd’hui ?
Les questions III, IV et V servent directement à diriger le personnage dans cette direction : le personnage ne peut pas être n’importe qui ; arriver à ce stade n’est pas dû au hasard, il a dû abandonner volontairement quelque chose pour y parvenir ; le personnage n’est pas totalement triomphant, il doit encore s’accomplir.
Par ailleurs, les personnages peuvent utiliser des points de Vitalité pour améliorer leurs actions, comme les points d’énergie ou de Vide dans d’autres jeux. Néanmoins, regagner ces points de Vitalité ne se fait pas en priant ou en dormant, qui sont fondamentalement des actions passives, de rétraction en soi, etc. Au contraire, c’est en prenant des risques, en cherchant à séduire, à être créateur et affirmateur que les personnages pourront regagner ces points.
[D’ailleurs, j’aimerais trouver un terme plus approprié que Vitalité, qui est
trop marqué « jeu de rôle » et qui est un peu trop connoté « vitalisme » cher à la bourgeoisie du 19ème siècle ; si vous avez des idées, je suis preneur]
J’espère que c’est assez clair, ça le sera sans doute plus une fois que j’aurai terminé les personnages pré-créés.
2) Que font les joueurs ?
Je ne suis pas sûr de comprendre la question. Pour moi ils interprètent leurs personnages et tentent de les faire progresser et de progresser le scénario que leur propose le meneur, comme d’habitude. De ce point de vue, je n’ai pas d’intention particulière, peut-être parce que je n’en comprends pas la nécessité.
Si cela répond à ta question, la campagne pousse les joueurs à prendre des initiatives pour provoquer les scénarios (ou aller les chercher) plutôt qu’à attendre que ça leur tombe tout cuit dans le bec : le monde ne changera pas s’ils ne font rien !
De même, un système sans dé empêche de compter sur la chance : quand on ne peut pas franchir un obstacle d’une certaine manière, on ne peut pas – point. Il faut alors chercher une voie annexe ou des aides extérieures pour y parvenir. Les joueurs sont donc incités à chercher d’autres manières de parvenir à leurs fins.
Est-ce que ça répond à ta question ?
3) Quel est le rapport à la philosophie de Nietzsche ?
Comme je le précise dans la
note d’intention, je veux faire appel à Nietzsche de deux manières différentes.
1. D’une part en exploitant toute la critique nietzschéenne de la société moderne et ses descendants (Foucault notamment), en opposant des personnages hautement créateurs, affirmateurs et vivants à un monde morne, faiblissant, diminuant – un monde qui reste « logique » et attirant, un monde qui veut « trop bien faire », un monde « humain, trop humain », une version pervertie de l’idéal des Lumières – pas un empire des ténèbres si cher à la fantasy classique.
D’où différents types de peuples dans la description de l’univers
Peuples et paysages, représentant caricaturalement chacun différents travers de la société occidental (contrainte sur le corps, poursuite acharnée du bonheur, sentiment d’être l’aboutissement de l’humanité, « romantisme », etc.).
2. D’autre part, j’essaie d’utiliser l’esthétique nietzschéenne (celle de la Naissance de la tragédie en tout cas) d’une part pour structurer la métaphysique de mon univers entre apollinien et dionysiaque, d’autre part pour mettre sur pied sur pied une ambiance de jeu axée sur la fascination, sur le grandiose, décrivant un univers douloureux, difficile et oppressant.
De Nietzsche, je laisse notamment de côté la critique de la métaphysique ou la réflexion sur le savoir, qui m’intéressent moins et que j’aurais du mal à intégrer dans un univers de JdR.
De manière plus générale, je cherche à mettre la philo au service de la fantasy et pas le contraire (je ne cherche pas à faire du jeu de rôle pédagogique), ce qui signifie que je cherche surtout à obtenir un univers cohérent en soi (dont les joueurs n’ont aucun besoin de connaître les structures philosophiques pour en profiter, d’ailleurs j’en parle très peu quand je présente le jeu), mais un univers « coloré » par la philo, imprégné des critiques à notre société qu’elle peut apporter. Je voudrais pousser la fantasy à un autre niveau, en conservant ce qu’elle a de meilleur tout en la structurant à l’aide de la philo.
Je me dois de préciser que j’ai eu relativement peu de cours de philo, et que j’en ai acquis une bonne partie en autodidacte (lectures, lectures). Je n’ai pas fait de doctorat en philo, moi ! ;) Donc n’hésitez pas à me corriger, tout en restant gardant ceci à l’esprit.
Voilà, merci d’avoir pris le temps de me lire jusque là. Je reprends donc les questions que je me pose et pour lesquelles j’aimerais avoir votre avis :
Est-ce que l'univers et le système de jeu vous semblent cohérents avec les intentions exprimées ci-dessus ?
Et surtout, est-ce que vous aimeriez y jouer ou maîtriser ce jeu ?
Merci d’avance,
P.S. : je me suis déjà fait taper sur les doigts dans d’autres forums pour avoir utilisé mon prénom (Fabien, donc) comme pseudo. Mon nom commence par H (origines germaniques), donc Fhabien est venu assez rapidement. Maintenant vous savez tout ! :)