Retour sur ma première vrai sensation de rôliste mature

[Scykhe]

Avant d'entre dans le vif du sujet, je me présente rapidement :

Frédérick (ou Scykhe vu qu'un autre Fred intervient sur le forum ça évitera les quiproquo) 25 ans, j'ai découvert le jdr à 10 ans avec mon cousin et Star Wars avant de me lancer dans l'aventure d'être MJ avec Cyberpunk 2020 à 13 ans. J'ai été maître du jeu pendant deux ans sans jamais être de l'autre côté de l'écran ou presque et ce n'est qu'à 15 ans avec l'arrivée au lycée que j'ai réellement put faire mes premières armes en tant que joueur.

Après quelques experiences intéressante mais peu convaincantes, je veux revenir sur la partie qui m'a fait changer et qui marque vraiment un avant et un après.

Le contexte : Première partie avec un groupe jusque là inconnu, il n'y a que le maître du jeu que je connais car il est dans le même lycée que moi et que j'ai été à sa table lors d'une convention (convention très amusante mais peu enrichissante sur le plan rolistique.... on a gagné le prix de la table avec la meilleur ambiance "Chez Gérard le bistrot du coin" en chantant une version vampirique de la marseillaise tout en se servant de Loug garou tronçonneuse...).
Pression supplémentaires, autant le MJ a mon âge, autant les autres joueurs sont largement mes ainés de 5 et 11 ans respectivement.

Le jeu : Selenim V2, jeu d'enquête occulte. Bien, jusque là je n'ai fais que du Cyberpunk sans un poil d'occulte...

La partie :

On commence par la création du personnage, comme on est un peu pressé je ne cherche pas bien longtemps et je prend ce que je jouais le mieux à l'époque : un tueur à gage (c'était ma pèriode obscure, il fallait que je joue des gens sombre et mystèrieux...). A ce moment là, dans ma tête, je n'imaginais pas une seconde que l'action puisse se dérouler ailleurs qu'aux USA et c'est donc tout naturellement que j'ai pris Anglais en langue maternelle avec un peu de français en seconde langue. Le scénario commence et là c'est le drame, on joue en France et les autres personnages sont français... bien... instant de désarroi... je regarde le mj qui me dit que je peux encore changer... instant de réflexion... et je décide alors d'assumer mon choix, à la fois par orgueil et parce que c'était une occasion de montrer aux rolistes vétérans ce que j'avais dans le ventre.

Et me voilà donc partie à faire tout mon roleplay avec un accent anglais, à ne pas me servir de mot compliqué en français, à inserer des morceaux de phrase en anglais par endroit et à insister aussi sur le décalage culturel entre français et amérique.

Le scénario c'est très bien passé par la suite et j'ai souvent rejoué avec ce groupe. Mais grâce à cette erreur initiale de ma part, j'ai vraiment habité le personnage et toute son interprétation. Toute bonne chose en entrainant une autre comme les autres joueurs ont vu que je m'en sortais pas trop mal ils n'ont pas hésité à bien jouer avec moi, ce qui m'a encore plus aidé.

Pour la petite histoire je n'étais pas le premier "jeune" que le MJ ramenait à cette table et jusque là les autres avaient été parfaitement médiocre avec des personnages sans saveur et sans personnalité qui ne faisait que suivre sans initiative.

Ce fut pour moi le premier pas vers un jeu plus réfléchi, plus mature et au final beaucoup plus passionant.

Je repense à tout celà parce qu'il y a quelques semaines, un joueur novice à ma table a décidé d'interpreter un personnage avec un accent allemand et que ça a eut presque le même effet sur lui que sur moi.

Voilà pour la petite anecdote que je voulais partager avec vous. Bonne lecture.

Scykhe

[Frédéric]

Bonjour, FredScykhe ! Bienvenue sur silentdrift.

J'étais amusé en lisant ton rapport de partie, parce que dans les parties que j'ai jouées, les personnages avec des accents étaient plutôt de vilaines caricatures qu'une plus-value à la couleur du jeu. ^^

Mais je pense après lecture que j'arrive mieux à comprendre en quoi sur ce coup ça a pu être une implication sous forme de contrainte fertile.

[Christoph]

Hello Frédérick, sois le bienvenu sur ce forum!

Dirais-tu que jouer un personnage haut en couleur est une "nécessité" en règle générale dans tes parties (que tu sois MJ ou non)?
Qu'est-ce que les joueurs ont à faire, autre que du roleplay, dans les parties que tu as décrites?

[XIII]

Bonjour Frédérick ;

J'essaie d'éviter au maximum les accents sur une table de jeu quand c'est possible. Bien que se soit fun à jouer c'est fatiguant pour soit et pour les autres au bout d'un moment (ça fait un peu cousin anglais en vacances... il est adorable au début et ensuite tas des envie de meurtre quand il ouvre la bouche). En tant que MJ toutefois, si je peu faire un PNJ avec accent ça peu être marrant voire donner une cachet à un PNJ sans importance mais récurant dans le scénario ou la campagne.

Maintenant, en tant que joueur, relevé le défis de la contrainte de jouer un personnage d'origine américaine en France c'est en effet très mature d'avoir relevé le défis. D'autant qu'un coup de gomme bien placé aurait simplifier le travail. Ce qui est intéressant c'est que tu as ressentis un passage d'un niveau de jeu à un autre par cette expérience.

[Scykhe]

Merci pour vos réponses.

J'ai pris le temps de mûrir un peu ma réponse que voici.

Pour répondre à XIII et Frédéric sur le sujet de l'accent qui devient caricatural, je suis assez d'accord dans la majorité des cas. Mais je distingue deux volontés différentes de jouer un personnage avec accent, celle qui consiste à vouloir ajouter une touche légère et décalé au personnage (un marchand avec un accent du Maghreb, un scientifique fou avec un accent allemand...) et qui devient souvent caricatural et très cliché et celle qui consiste à vouloir introduire une notion de différence culturelle et sociale avec le reste d'un groupe. Les deux exemples que je cite s'inscrivent plus dans cette volonté. Ça ne fonctionne pas forcement bien mieux que l'autre mais elle présente pour moi plus d'intérêt car elle a le mérite au moins de pousser le joueur à ce poser plus de question sur le fond de son personnage car au final dans ce cas ce qui importe c'est l'interprétation d'un bagage culturel et social différent ce qui peut être un plus dans certains univers. Comme bien entendu l'accent n'est pas obligatoire pour avoir une culture différente, au final je pense que l'accent est juste un premier pas dans une démarche constructive et peut servir de garde fou pour se souvenir de la différence qu'on souhaite introduire.

En tant que MJ, comme le dit XIII, il est plus acceptable pour un PNJ de le jouer avec accent caricatural si celui ci est mineur et que ça sert l'ambiance. Mais il ne faut pas pour autant que tous les garagistes PNJ deviennent portugais sinon l'originalité disparaît.

Après ce premier point je vais répondre à Christoph qui m'a bien fais me creuser la tête. Ce qui me donne l'occasion de mettre des mots sur des choses que je gère de manière instinctive. Je suis d'ailleurs un MJ très instinctif avec les défauts et les avantages que ça peut avoir.

Pour moi jouer un personnage haut en couleur n'est pas une nécessité que je soit MJ ou joueur. Les joueurs n'aiment pas forcement ça et l'ambiance qu'un mj veut donner à son univers ne s'y prête pas forcement.
Par contre en général, j'aime que les personnages aient du relief. Ça peut être n'importe quoi, d'un détail dans l'apparence, dans le background ou le roleplay. Mais je ne veux pas voir à ma table de guerrier générique N°4 et de Gentil soigneur N°2.
Je vais donc en venir à ce que je demande à mes joueurs. Ma réponse est simple mais vague, ça dépend du joueur et de ce que je masterise.

J'ai vu suffisamment de joueur autour de ma table et j'ai initié suffisamment de personne pour savoir qu'il n'existe pas d'exemple du roliste parfait. J'ai aussi appris qu'un bon groupe était la résultante d'une bonne synergie entre les joueurs. Je pourrais entrer en détail sur ce que je demande mais il faudrait que je détaille mes différents cas et on s'éloignerait un peu trop du sujet. Si ça intéresse je peux tout a fait créer un/des nouveau(x) sujet pour aborder ça.

Globalement, outre du roleplay de base, la seule chose que je demande à mes joueurs durant une partie c'est de ne pas hésiter à prendre des initiatives. J'insiste souvent la dessus en leur disant que si ils ne font rien il ne leur arrivera rien, en bien comme en mal. Je le fais depuis cette scène qui pour moi représente un de mes plus gros échecs de mastering :

Le jeu - Cyberpunk 2020

Les joueurs se font passer pour des marchands au près d'un gang, l'infiltration se passe mal et la moitié du groupe (celle infiltré) se retrouve à la merci du gang sous la menace de leurs armes. L’autre moitié du groupe qui assurait une couverture depuis l'extérieur suit toute la scène par micro et caméra thermique. La situation est délicate, les joueurs n’ont pas été bons mais ça arrive sauf qu’ils ne font rien. Ceux à la merci du gang restent à genou et ne tentent pas de s'enfuir, ceux à l'extérieur ne font rien non plus. Je décris la scène avec plein de détails pour leur donner des ouvertures mais rien pas un mot, pas une réaction. Bilan, le gang tue les intrus. Fin du scénario et de la campagne pour certains joueurs qui ont été dégoûtés. (Et jamais grand jamais je ne reviens sur un de mes choix de MJ)

On a discuté du scénario avec les joueurs et ils m'ont dit être persuadé que quelque chose d'extérieur allait se produire et qu'ils attendaient que je finisse ma description. Je me suis rendu compte que j'avais donc du leur donner de bien mauvaises habitudes auparavant et j'ai décidé de changer les choses.
Donc maintenant j'annonce clairement la règle : Même si ça vous semble désespéré, faites quelque chose ! Au pire votre personnage mourra ce qui arrivera aussi si vous ne faites rien.

J'espère avoir répondus à vos questions.

Scykhe/Fred l'autre

[Frédéric]

C'est ok pour moi, merci pour ta réponse ;)

[Christoph]

Merci Frédéric de relancer ce sujet, j'avais complètement oublié avec le stress des Joutes.

Merci Frédérick pour cette réponse détaillée. Y a-t-il des points que tu veux discuter davantage ou est-ce que tu es satisfait du fil?