Salut Fabien
Excellente question!
Je suis d'accord avec toi concernant le fait que dans la mouture actuelle,
Innommable ne permet pas de jouer certains types de nouvelles de Lovecraft. J'ai encore de l'espoir d'arriver à quelque chose de similaire à
La Musique d'Erich Zann (avec un antagoniste qui s'ignore, seulement un ou deux joueurs), mais je ne vois pas comment je saurais arriver à
Je suis d'ailleurs (pourtant une des rares à laquelle je trouve un véritable souffle littéraire chez Lovecraft).
Fréd' a raison que je me situe plutôt dans la veine de
L'Affaire Charles Dexter Ward et que c'est difficile de faire cohabiter des PJ antagonistes entre eux (un peu de tension c'est excellent, de l'antagonisme...)
As-tu déjà lu mon dernier rapport de partie concernant le
partage d'éléments imaginés?
C'est une réflexion que je me suis faite ces derniers jours. Le gardien joue les antagonistes et le monde, les joueurs les protagonistes, c'est entendu. Mais qui joue véritablement la source? J'essaie d'expliquer qu'il faut avoir une idée de ce qu'elle est lors de la préparation que fait le gardien, mais je dis aussi qu'il faut écouter les monologues et se laisser influencer. Blablabla. C'est pas très clair cette histoire.
En fait, je crois que je dois prendre une autre attitude: la source est un élément partagé que tous les participants découvrent au fur et à mesure de la partie. Dans une partie où le MJ insuffle vraiment ses propres peurs dans la situation (à travers l'esthétique, les antagonistes ainsi que leur
idée de ce qu'est la source) et où les joueurs ont choisi des attaches qui leur sont véritablement proches, ça peut donner une sorte de cauchemar collectif assez remuant.
Bref, vous verrez tout cela à la version 009 si j'estime que cela tient la route.
Ce qui est sûr, c'est que les monologues ne peuvent rien révéler au sujet des antagonistes, ça c'est le domaine du gardien.
Sans antagonistes, les protagonistes sont immédiatement confrontés à la source. Cela sous-entend aussi que la source peut agir sans l'aide d'antagonistes. Or, il est entendu que les protagonistes sont insignifiants face à la source en pleine possession de ses moyens. C'est pour cela que c'est une course contre la monstre pour blaster les antagonistes avant qu'ils n'invoquent réellement de sales bêtes (les serviteurs, à la rigueur, on les tue à coup de fourche, mais leur chef?)
C'est le reproche que Frédéric et moi t'avions formulé quand tu nous a maîtrisé cette fameuse et indicible partie. Il n'y avait aucune chance pour nous de nous en sortir. Les antagonistes n'étaient qu'un prétexte, on n'a compris qu'après la partie qui c'était et Romaric les a tous explosés sans même vraiment s'en rendre compte. Du coup, nous étions déjà confrontés à la source en direct, contre laquelle nous ne pouvions décidément rien faire (étant donné nos personnages et ce qu'ils savaient de la situation). La seule issue était la fuite. Tu « gagnais » forcément.
Innommable est certes un jeu de sado-maso, mais c'est aussi un jeu fairplay. Si le gardien jouait vraiment la source directement, cela ne pourrait pas être fairplay et lovecraftien en même temps. Si jouer n'est qu'un exercice en futilité en attendant que le gardien pose sa révélation fantasmagorique, alors il n'y a pas besoin d'
Innommable (ce qui n'était pas non plus le cas de la partie en question).
D'où les antagonistes.
Vient la subtilité, celle qui devrait nous mettre d'accord. En réalité, rien n'oblige que les antagonistes soient vraiment des êtres humains, tant qu'ils sont échangeables et sacrifiables du point de vue de la source, mais néanmoins solides face aux protagonistes.
J'ai une situation qui traîne sur mon bureau que j'ai sobrement intitulé « Le Mur », où justement l'antagoniste serait un mur monstrueusement haut qui empêche les protagonistes de sortir de leur village. (C'est ma tentative de m'approcher de l'ambiance de
Je suis d'ailleurs.) J'ai un peu de la peine à définir le lien avec une source pour le moment, mais j'ai des pistes.
Si tu testes une partie dans ce goût-là, je serais ravi d'en lire un rapport!