Hello
Ce message a longtemps traîné dans mon tiroir, je l'avais presque oublié. Mais je tiens à soutenir Fabien et profiter de son essai « transformé » (à la rugby) pour envisager la suite de la partie.
Bravo encore à Fabien pour ce super fil, qui fait avancer la discussion de l'indépendance ! J'espère qu'il contribuera à faire voler en éclat le mythe de l'auteur en herbe qui espère se faire éditer par une vraie maison... alors qu'il aurait en fait les moyens de le faire lui-même ! Après tout, une bonne part des éditeurs actuels sont des auteurs indépendants, et personne n'a fait l'académie du jeu de rôle pour obtenir un diplôme d'éditeur. (Qu'on ne me fasse pas non plus dire ce que je n'ai pas dit : si le travail que Fabien décrit vous débecte, et que vous trouvez un éditeur qui vous convient, je ne vous jetterai pas de pierre.)
J'aimerais néanmoins revenir sur un point, qui serait plutôt une réflexion pour de futurs fils qu'un débat à avoir ici (ce fil étant dédié à l'expérience de Fabien). Quand Fabien utilise le terme « viable », il l'applique uniquement au niveau du jeu pour dire qu'il y a plus d'argent qui rentre qu'il n'en sort. D'autres personnes pourraient avoir une autre définition du terme « viable », se demandant par exemple si ça paie les heures passées dessus (création, tests, rédaction, discussions sur silentdrift, diffusion et communication). Et ça ce n'est pas le cas pour la plupart, voire la totalité, des indépendants que je connaisse, probablement même pas pour ceux qui cartonnent bien aux États-Unis. Même si on s'en fiche que ça nous paie ou pas, il faut quand même réfléchir au temps investi. J'ai passé des heures et des heures sur mon jeu
Innommable, et d'autres personnes l'ont testé et retesté. Est-ce que le résultat final en vaudra vraiment la chandelle ? (Ce n'est pas une question à laquelle je vous demande de répondre ici, hein.) N'aurait-il pas mieux valu que j'en fasse moins pour un résultat pas beaucoup moindre, ce qui m'aurait laissé le temps pour d'autres projets (rôlistes ou non, remarque) ? (Celle-là non plus, merci.) L'indépendance a démontré que l'argent n'était pas l'obstacle le plus important pour la diffusion d'un jeu. Mais la viabilité doit aussi prendre en compte le temps passé dessus, parce que si un auteur s'épuise à écrire un jeu puis disparaît, les nerfs brûlés, le cerveau éteint et les doigts défoncés (mais sans avoir perdu d'argent!), alors on n'avance pas vraiment la cause. C'est le prochain gros défi : peut-on apprendre, en tant que communauté, à écrire de bons jeux en moins de temps ? Peut-être que je me fais trop de soucis, après tout, Seth Ben-Ezra a mis plus de
cinq ans pour son premier jeu, et seulement
une année et demi pour son deuxième (tout en travaillant et ayant une famille lors de toute cette période, et les deux jeux sont d'une très grande qualité et plutôt innovants pour leur époque).
Cyril : Merci pour ton point de comparaison ! Les allégations concernant Lulu m'étonnent un peu : Lulu fait partie de la (nouvelle) industrie du livre, et les ouvrages sont imprimés en France, Espagne ou Grande-Bretagne aussi. Cependant, Romaric te rejoindra sur la question de l'imprimeur local (je précise que ceci n'est pas une question d'indépendance), mais l'imprimeur local ne fait pas office d'entrepôt et de service de vente par correspondance, donc il faut prendre ça aussi en compte dans les coûts.
Pour la question de la collégialité, tu peux prendre à peu près n'importe quel rapport de convention publié dans la rubrique du même nom et tu verras que quand l'un des participants du forum se déplace et tient un stand, il vend aussi des jeux pour le compte des autres. L'indépendance ne veut pas dire la solitude. Comme le dit Steve, cela se fait selon les affinités et les possibilités de chacun, mais ça se fait. Sinon, ma position personnelle sur la question de l'édition et de la distribution classique est malheureusement rude : c'est à elle de s'adapter, pas aux auteurs indépendants (tout comme l'apparition de l'indépendance aux USA est une
adaptation de certains auteurs au système de distribution en place à la fin des année 90). Cette notion de fidélité à un système subissant des soucis dus aux nouvelles technologies me semble étrange, surtout pour des auteurs qui n'ont jamais eux-même bénéficié de cette structure. Les choses évoluent, les gens s'adaptent. Bien sûr, rien n'empêche un auteur d'inclure dans ses arguments de vente qu'il suit un modèle écologiquement durable et local, ou pourquoi pas Max Havelaar (impression à l'étranger, mais de manière équitable ?), mais c'est à chacun de voir ce qu'il veut faire.