par Thomas Munier » 30 Nov 2012, 12:04
Cher Alban,
De mon côté aussi je m'excuse si contre ma volonté je te fais passer pour le râleur de service. Tu devines que j'ai surtout voulu répondre à la question sur le metal, que tu n'es pas le seul à émettre.
Je t'avais déjà répondu en commentaire sur le blog, mais ça ne mange pas de pain de recopier ici :
La remarque d'Alban sur le metal m'interpelle. Tu n'es pas la première personne à dire qu'il y a beaucoup de métal. Du coup, j'ai fait le compte. Dans le bouquin, sur les 100 chroniques principales, il y a 25 titres tagués metal. Si j'étends le calcul à la totalité des albums mentionnés, le ratio baisse encore. Ma culture musicale est très éclectique. La symphonie languide de Gorecki, la synth-pop venimeuse de Silent Shout ou l'ambiant de Tangerine Dream ont autant leur place dans le livre que le metal.
Concernant les morceaux "pas écoutables" : j'admets volontiers que la noise de Babylone Chaos ou les imprécations gothiques de Diamanda Galas ne sont ni mélodiques ni agréables à entendre. Dans ce livre, je livre mon esthétique de l'horreur. La laideur, la violence et le bruit en font partie.
Je peux comprendre qu'on n'ait pas envie de passer du metal en jeu de rôle sombre. Personnellement, s'il s'agit de death ou de pagan metal, je vais l'utiliser en climax, dans des scènes ou j'ai besoin de bruit et de fureur. Beaucoup de bruit et beaucoup de fureur. Il me semble qu'un album de pagan bien senti, comme Moonsorrow, Solefald ou Windir, est parfait pour sonoriser une bataille sanglante et confuse. Charge des Uruk-Hai, Guerre impliquant des Armes-Dieux à Bloodlust Metal, ou bataille de la Guerre de Cent Ans.
En ce qui concerne le metal, je chronique essentiellement du black metal et du post-black metal parce que ce sont des genres très sombres, sales, saturés, avec un mauvais son. Du "Transilvanian Hunger" de Darkthrone qui évoque les films de la Hammer au souterrain "MoRt" de Blut Aus Nord qui évoquerait plutôt un snuff movie au fond d'une cave. ça, ce sont des pistes que je vais passer en musique de fond, pour proposer des tableaux forts.
Cela dit, je le répète encore, et je le répéterai autant de fois qu'il le faut pour qu'on ne pense pas que mon livre s'appelle "Metal Sombre pour Jeux de Rôles Sombres", je propose énormément d'autres choses et pas forcément des sons que tu jugerais "inaudibles". Chacun a sa sensibilité musicale, c'est normal, et si j'ai une très grande tolérance pour les musiques bruitistes, extrêmes et saturées, je me doute bien que ce n'est pas le cas de tout le monde. Dans le livre, il y a des choses très digestes. Je parle quand même du jazz vocal de Billie Holiday, de la pop de Tori Amos, du piano d'Erik Satie. Je dresse un panorama, sinon exhaustif (ce serait une gageure), en tout cas très larges des musiques sombres pour jeux de rôles sombres. Je t'invite à jeter une oreille sur des choses très belles telles que le "Without Sinking" de Hildur Gudnadottir, la B.O. de "Dead Man" par Neil Young, le planant "Music for Aiports" de Brian Eno, tous chroniqués dans le livre.
Puisqu'on parle de hip-hop, et de Dalëk, j'en chronique dans le livre ! Je parle aussi du hip-hop morne de lavomatic de King Midas Sound. Et j'évoque le flow nihiliste de Programme. Et pour sortir du livre, le jeu de rôle d'horreur pourrait aussi utiliser le trip-hop feutré et poignant de Silent Poets, la rage de NTM ou errer en ville avec le jazz slamé de l'album The Dawn d'Eric Truffaz.
Et pour finir, je vais jeter un coup d'oeil à ton article !