Bravo, excellent podcast aussi, j'étais suspendu à vos lèvres !
Rom, je trouve que tu as fait un excellent travail sur ce podcast, en tant qu'animateur, sur les sujets que tu as soulevé, etc. je tenais à te le dire.
Du coup, j'ai la pression ,je vais devoir répondre à certaines choses ^^
La chose qui me fait bondir, c'est qu'on juge d'un JDR dont le but est de susciter des émotions complexes, qu'il échoue en tant que "jeu", ou que le fait qu'il ait pour but d'amener les participants à explorer une question, un propos le rende moins malléable aux MJ, donc moins bien. Mais, si ce n'est pas son but, pourquoi donc le critiquer sur ce point ? Il suffit de mentionner son public cible supposé, ou du moins, ces particularités. Et pourquoi un jeu qui ne toucherait que 20 personnes dans le monde serait un mauvais jeu ? Si tel devait être le cas, nombre de grands peintres, cinéastes et compositeurs auraient vu une bonne partie de leur production brûlée ou négligée.
Diderot disait "Je compte sur peu de lecteurs, et n'aspire qu'à quelques suffrages. Si ces pensées ne plaisent à personne, elles pourront n'être que mauvaises ; mais je les tiens pour détestables si elles plaisent à tout le monde."
Il y a un présupposé d'unité dans la pratique, la culture et les attentes des rôlistes qui me met mal à l'aise.
Quand je regarde un film ou une série, je fuis les X men et Spiderman, les Spielberg et les Cameron, je m'ennuie, ça ne m'intéresse pas. Faut-il descendre (ou baisser la note) les Gus Van Sant, les Lynch et les Jarmusch sous prétexte qu'ils ne remplissent pas leur fonction première de divertir ? Heureusement, dans le cinéma, il existe une presse adaptée aux publics qui recherchent ces films là.
Mon approche et mes attentes envers le JDR sont identiques à mes attentes envers le cinéma. Comme je le dis dans
cet article, je ne m'intéresse pas aux jeux (ni jeux de plateau, ni wargames, ni jeux vidéo, ni jeux de cartes, ni jeux de société). Si je joue aux JDR et si j'en crée, c'est dans un rapport identique au cinéma et à la littérature. Et comme les X men ça me fait chier, eh bien j'écris et je joue à des JDR sur des thèmes proches des films et des romans qui m'intéressent. Et ils ont tous ou presque un propos, une problématique forte.
Ça ne m'intéresse pas d'avoir 200 pages d'univers, je veux pouvoir explorer des problématiques sur le monde ou l'humanité. Et un univers riche, détaillé avant de jouer n'est pas le matériau premier des jeux que j'aime et qui vont dans ce sens (ce qui ne veut pas dire que c'est antagoniste). Mais, arrêtons les clichés, ce n'est pas parce que j'aime jouer à Dogs in the Vineyard et que Dogs in the vineyard oriente tout son gameplay vers des choix et des dilemmes moraux qu'on fait tous des tronches de déterrés autour de la table.
On s'éclate, on rit, on vit des émotions très fortes. En revanche, poutrer du gobelin et m'infiltrer dans une mégacorpo, découvrir la super intrigue du MJ, ça ne m'excite pas, je m'ennuie à ces tables. Et Romaric a raison de définir le divertissement comme le fait de se distraire de nos problèmes existentiels. Certaines œuvres nous mettent le nez dedans, vous conviendrez qu'il est paradoxal de se distraire de nos problèmes existentiels tout en se mettant le nez dedans, non ? J'aime Six Feet Under, The Wire, Little Miss Sunshine, American Beauty, Dans la Peau de John Malkovich qui mettent le nez dans les problèmes existentiels. Je n'aime pas Transformers, Avatar, Star Wars, X men qui cherchent à nous distraire de nos problèmes existentiels (parfois malgré un semblant de questionnement)...
Rassurez-vous, je regarde aussi des animés et des films fantastiques, mais je préfère Ghost in the Shell, Watchmen, les Miyazaki et Fullmetal Alchemist à Naruto, Batman et Dragon Ball Z, pour les mêmes raisons.
Et je suis persuadé que certains rôlistes (et non encore-rôlistes) ont des goûts ou une approche similaire, si ce n'est partiellement compatible, donc je pense qu'il faut arrêter de considérer les JDR comme Jeux avant d'être des Fictions. Ils peuvent être l'un comme l'autre (et c'était le cas bien avant que Romaric, Fabien et moi ne commencions à publier nos jeux). Il faut arrêter de considérer que le Propos qu'un auteur inclut dans son jeu nuit au plaisir que l'on peut y prendre. Les plaisirs sont simplement beaucoup plus variés qu'on ne l'imagine.
Pour la question de l'univers, je ne pense pas que la richesse d'un univers écrit à l'avance fasse beaucoup pour la qualité des parties, sauf pour les jeux qui donnent les pleins pouvoirs aux MJ.
Tout cela est à mon avis une simple conception du JDR issue des pratiques classiques (cad : où le MJ a le dernier mot sur tout) et je crois qu'il y a bien peu de gens capables d'analyser correctement les jeux qui sortent de ce schéma.
Tout cela pour dire que je souscrit complètement à l'analyse de Christoph dans ce sujet :
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