Fabien | L'Alcyon a écrit :Je ne suis pas libre de dévoiler l'accord financier avec Trollune sans leur accord.
Je comprends tout à fait ces raisons. En fait, ce n'était pas forcément le bénéfice de Trollune qui m'intéressait mais plutôt "Combien tu gagnes toi sur chaque exemplaire vendu par Trollune". C'est le point de vue éditeur qui m'intéresse.
@Shiryu : Traditionnellement, dans la distribution normale, voici comment ça se passe. L'éditeur fait son impression et confie directement tout son stock (ou presque) à son distributeur. L'éditeur fixe le prix boutique, c'est-à-dire le prix que payera une boutique pour acheter un exemplaire de son jeu. Ce prix est public car il est indiqué dans le catalogue du distributeur. Les boutiques commandent ensuite leurs exemplaires chez le distributeur en consultant leur catalogue. Il payent donc le prix boutique et ils revendent leur jeu au prix TTC. Leur bénéfice sur chaque vente est donc de (prix public TTC - Prix boutique - TVA). Généralement, on parle des "trois tiers" dans la répartition : un tiers pour l'éditeur, un tiers pour le distributeur et un tiers pour la boutique. En réalité, c'est assez différent.
Je vais vous donner l'exemple de Romance érotique pour que ce soit plus explicite. (j'arrondis volontairement les chiffres)
Prix TTC : 10 €
Prix boutique : 6.20 €
Coût du distributeur : 20% du prix boutique.
Ca nous donne la répartition suivante :
TVA (si 7%) : 0.70 €
Boutique : (10-6.20-0.70) = 3.10 €
Distributeur : 1.24 €
Auteur/illustrateur : 1.20 €
Editeur : (6.20-1.24-1.20) = 3.76 €
La répartition par rapport à ce que paye un client est donc de 7% pour l'Etat, 31% pour la boutique, 12.4% pour le distributeur, 12% pour les auteurs, 37.6% pour l'éditeur.
Donc traditionnellement, une bonne partie du prix du livre de JdR revient à la boutique et à l'éditeur. Ce sont eux qui prennent également un risque financier (en plus des éventuels charges fixes qui sont valable pour tous les acteurs de la chaîne) : la boutique achète le livre sans certitude de vente, si le livre leur reste sur les bras, c'est de la perte sèche. Concernant l'éditeur, il a également pris le risque financier de base en payant l'impression. Cela peut passablement varier selon le risque pris par l'éditeur (gros risque = gros gain). Le prix d'impression d'un exemplaire peut donc varier de 6.5% à 16.5% sur le prix TTC. (je parle ici de volumes raisonnables pour un jeu de type Romance érotique ou un JdR indie). Mais ces proportions ne sont valable qu'à condition que le stock entier est vendu.
Donc si l'on considère une situation idéale pour l'éditeur qui vend son stock entier (un modèle sans stock invendu, un peu comme pour Lulu), on peut encore affiner la part de l'éditeur et imprimeur à :
Editeur : 21.1% - 31.1%
Imprimeur : 16.5% - 6,5%
Mais si l'on considère une vente normale sur un tirage "correct" (selon un standard répandu) de 1000 ex. et une vente correcte (selon un standard répandu) de 500 ex. Les proportions changent et on arrive à :
Editeur : 19.9%
Imprimeur : 16.7%
En fait, dans le système, le seul a être sur d'être payé et qui s'en fout des ventes, c'est l'imprimeur. Et il y a également un rentier, c'est le distributeur qui ne prend aucun risque financier, ce n'est pas le succès d'un jeu ou d'un autre qui change pour lui, c'est le volume global de vente qui importe. Les trois tiers donc sont très théoriques car en réalité, il y a bien plus que trois acteurs dans la répartition.
L'exemple que je vous donne ici est théorique bien que basé sur de vrais chiffres. Les situations diffèrent d'un jeu à l'autre et d'un lieu à l'autre (par exemple, en Suisse, la part de l'Etat (taxes) et du distributeur augmentent).
De plus, il est difficilement envisageable d'appliquer ce même modèle à des auteurs-éditeurs qui se distribuent eux-même et/ou qui font même office de boutique. En fait, ce qui fait fonctionner ce système, c'est le volume de vente qui doit être plutôt élevé.
(Je me rends compte que l'on part un petit peu dans le hors-sujet. N'hésite pas à séparer ce sujet si cela te semble nécessaire.)