Bon après deux tests effectués sur le jeu de Fabien et celui de Steve (Versus), plus un léger apport sur un CR de Démiurges, je me décide à poster ici un de mes projets en cours. J'en profite pour me présenter : Mangelune/Vivien, rolistes trentenaire parisien, traducteur notamment de jdr (surtout L'Appel de Cthulhu en fait), j'ai un peu bossé pour Agone mais trop tard (juste avant la mort de Multisim) et ai écrit un jeu "Les Errants d'Ukiyo" qui a connu une courte vie en version gratuite sur le net avant d'être repris par les éditions Icare.
Passons au projet : depuis cette année et un cours passionnant sur une certaine forme de poésie moderne auto-éditée au format "chapbook" (voir ci-dessous), j'ai décidé de me relancer dans l'écriture de jdr et de produire une courte série de jeux d'une vingtaine de pages, susceptibles de se jouer en une courte soirée, qui seraient vendus à des prix forcément assez bas. Cela impliquerait des thématiques fortes sous-tendues par un système à la fois simple et intéressant (on est pas là pour vendre des machins bâclés mais proposer des expériences de jeu qui donnent envie quoi), et a priori de la narration partagée (le nombre de pages ne permettant pas la mise en place d'un univers détaillé).
(pour une idée du format de jeu ; je considère en effet que le projet éditorial est important et influe sur la forme)
1) Le concept
Vous incarnez des enfants qui viennent de s'égarer dans une grande ville. Vos parents ont disparu. Il pleut. Aucun adulte à l'horizon. Dans l'ombre des ruelles, vous devinez des mouvements : les sirènes de l'averse vous ont aperçu, et elles adorent dévorer ceux qui comme vous se sont égarés. Heureusement, vous trouvez un groupe composé d'autres enfants perdus : tant que vous serez avec eux, les sirènes n'oseront pas vous attaquer. Seulement voilà, vous avez froid, vous avez peur, vous pleurez, et déjà vos nouveaux amis commencent à se dire qu'ils s'en sortiraient mieux sans vous.
2) Le système de jeu
A) Attaches : chaque enfant possède un certain nombre de jetons d'attaches (pour le moment, 12). Lorsqu'un enfant n'a plus d'attaches, il quitte le groupe : il s'enfuit en hurlant, il part parce qu'il pense s'en sortir mieux tout seul, il craque et va s'isoler une minute, il va chercher à manger pour les autres parce qu'il est le seul "adulte" du groupe et croit que c'est à lui de prendre les responsabilités... La conséquence est toujours la même : celui qui part ne revient jamais. Les sirènes de l'averse l'ont emporté.
B) Découpage de la partie : la partie se découpe en Actes. Chaque Acte est divisé en Chapitres, et chaque Chapitre met en scène l'Enfant d'un des joueurs. Un Acte se termine quand tous les joueurs ont eu un Chapitre à eux. Pour savoir qui joue en premier, chaque joueur inscrit le nom d'un des enfants sur un bout de papier et on procède à un tirage au sort. On enlève le papier tiré, mais on laisse les autres pour les Actes futurs. C'est ensuite à celui qui vient de terminer son Chapitre de décider qui prendra la suite.
C) Déroulement d'un chapitre : quand votre chapitre prend place, les autres joueurs incarnent "l'aversité". Chacun à leur tour, ils peuvent décrire un élément qui effraie votre personnage (les ombres des ruelles, l'attaque ou l'appel d'une sirène, le manque de nourriture, le froid mais aussi et surtout leur propre personnage qui vous regarde de travers ou vous fait des reproches, ou bien encore le fait que vous êtes entouré de bébés incapables... bref tout ce qui peut vous rappeler que même en groupe, vous êtes seul. Chaque description permet au joueur qui la fait de vous enlever un jeton d'Attaches.
* Il est néanmoins possible qu'un membre de l'aversité refuse de vous enfoncer, et décide à la place de vous remonter le moral. Il décrit comment son personnage vous aide, vous donne sa part de nourriture, partage quelque chose, etc. Dans ce cas, au lieu de vous enlever un jeton d'Attaches, il vous donne l'un des siens (il en perd donc un ; on est jamais plus seul que quand on prend en charge les malheurs des autres)
* Au cours de chaque Acte, chacun des joueurs a de plus la possibilité d'enlever un jeton supplémentaire à l'un des enfants, quand il le souhaite (y compris quand c'est normalement à lui de subir : son enfant peut par exemple ruiner le moral d'un autre en l'effrayant ou en réagissant de façon un peu vive).
* Le joueur d'un enfant disparu continue d'incarner l'aversité pendant le tour des survivants bien entendu, mais il ne peut plus choisir d'apporter une lueur d'espoir. Il fait partie des sirènes de l'averse désormais.
D) Fin d'un acte : à la fin de chaque acte, celui qui a le plus de jetons d'Attaches décide de la prochaine destination du groupe : vont-ils se mettre à l'abris, chercher à manger, tenter de retrouver leurs parents, essayer d'affronter les sirènes de l'averse ? Un des enfants peut contester son autorité et proposer autre chose : après un rapide échange verbal, les autres joueurs décident du vainqueur ; celui qui est désavoué par le groupe perd 1 jeton d'Attaches.
3) La fin du jeu
La partie se termine quand il n'y a plus qu'un seul enfant en jeu : au détour d'une ruelle, il retrouve ses parents et le monde réel. La pluie a cessé, les sirènes de l'averse terminent leur existence éphémère, et il n'entendra plus jamais parler des disparus. Tant qu'il y a deux enfants ou plus, le groupe erre sans trouver son chemin.
Voilà en gros le principe du jeu, qui essaye de rendre un certain sentiment de solitude mais aussi de remplacer l'aléatoire des dés par de "l'aléatoire" humain (dans la mesure où il est difficile de prévoir les actions combinées de tous les joueurs). Bien sûr je me pose pas mal de questions quand à la viabilité du jeu, sa rejouabilité. Même si je compte bien me lancer au plus vite dans des playtests, étant perfectionniste j'aimerais beaucoup avoir vos avis avant ! Est-ce que, à la lecture, le jeu vous paraît soutenir sa démarche, et est-ce qu'il ne le fait pas au détriment du plaisir de jeu (au sens général, le but n'est pas de se payer des barres de rire mais d'être impliqué dans la partie).
Merci à tous ceux qui auront eu le courage de me lire jusqu'au bout !
[Modifié par Christoph le 24 mai par conformité aux règles sur les images]