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[shiryu]

J'ai moi aussi rencontré des réactions très variables sur des parties de Wushu. On doit décrire un élément par dé lancé (entre 3 et 6) et ces éléments peuvent être très simples. Une phrase comme "je fixe mon adversaire dans les yeux (1) en tenant fermement mon épée à 2 mains (2), puis je bondis sur lui (3) en criant (4)" compte pour 4 éléments. On rajoute à cela la possibilité de rebondir sur les descriptions des autres et on arrive vite à devoir dire "stop" à un joueur qui s'emballe. Et pourtant, j'ai aussi vu un joueur avoir du mal à sortir 3 éléments, et souvent toujours les mêmes au cours des différentes scènes.
narrer une fiction est une difficulté, qui va au-delà de la timidité. Je l'ai découvert en faisant jouer mes parents et je me rend compte aussi que certains joueurs que j'ai croisé devaient aussi avoir cette difficulté, ce n'était pas juste du désintérêt je pense.
D'accord pour faire des jeux exigeants en terme de narration mais il faut aussi des jeux d'apprentissage (qui peuvent être les mêmes d'ailleurs s'ils peuvent évoluer avec les joueurs). Marins de Bretagne me semble (mais je n'y ai pas joué) proposer quelque chose du genre : un jeu évolutif, adaptable aux envies ou capacités des joueurs en terme de narration. Moi j'encourage la démarche de thomas.

[Thomas Munier]

Merci Steve et shiryu, vous me donnez du grain à moudre.

Je suis d'accord pour admettre que la narration partagée n'est pas forcément une martingale pour faire venir un nouveau public au jeu de rôle. J'entends par là qu'il n'y a pas de martingale, chaque personne sera sensible à des qualités différentes pour aimer un jeu de rôle, on peut s'efforcer de faire des jeux qui annoncent clairement leurs intentions et les respectent, en revanche le jeu parfait n'existe pas, ou alors juste pour une personne p à un moment m. Je propose une approche, on voit dans le podcast que d'autres approches sont possibles, tout dépend vraiment de la personne à qui tu t'adresse et de sa disponibilité d'esprit au moment où tu t'adresse à elle. Je crois que le serpent de mer du jeu d'initiation, ou du jeu de rôle pour grand public, c'est de croire qu'il y a UNE solution. C'est pour ça que les débats tournent en rond. Quand on réalise que la réalité est plus complexe. Les solutions que je vois émerger :
+ élargir la gamme de jeux de rôles proposés (snack JDR, JDR sur des nouveaux thèmes, formats de jeux innovants...)
+ élargir les points de rencontre (sortir des salons ludiques, des conventions et des associations rôlistes pour aller sur d'autres lieux, comme dans les projets de Lionel Jeannerat)
+ établir des passerelles entre les jeux (parce que les querelles de clochers cloisonnent les joueurs dans des pratiques dont ils risqueraient de se lasser), je crois que les choses paraissent plus réalisables.

Le jeu de rôle traditionnel a des qualités que le jeu à narration partagée n'a pas et inversement. Dans le jdr tradi, le MJ prend en charge la difficulté, si bien que tu peux initier des joueurs sur des jeux ambitieux. Dans le jdr à autorité partagée, comme le souligne Steve la difficulté est répartie sur tous les participants, mais il y a cette barrière de devoir narrer, je dis dans le podcast, et j'en reste persuadé, que tout le monde n'aime pas faire ça, ça n'empêche pas d'être rôliste. Il y a aussi un feeling différent, et certains n'aiment pas le feeling de la narration partagée parce qu'ils n'aiment pas prendre du recul par rapport à leur personnage.

Dans Marins de Bretagne, j'essaye comme vous le dites, d'emmener l'accessibilité de la narration partagée sans forcer le joueur à narrer en quantité. Il y a quelques mécanismes d'aide, notamment parce que tu narre en concertation avec celui qui contrôle la carte en face de toi : donc la plupart du temps c'est une narration à deux voix. En fait, le pierre papier ciseaux te permet de crever la bulle narrative quand tu pense que tu en as assez dit, en quelque sorte c'est une respiration.

Steve, Tu cites l'exemple d'Il Etait une Fois, je crois que ce sont des mécanismes dont j'ai voulu m'éloigner. Ce qui me gêne dans Il Etait une Fois, c'est la compétition pour le contrôle de la fiction. Je voulais un climat plus apaisé à ce sujet dans Marins de Bretagne : le partage de la narration est cyclique, encadré, prévisible. c'est une marelle, tu avance sur la marelle et la marelle te dit à qui c'est le tour de parler. La tension ludique se situe ailleurs (plus exactement elle se situe dans le PPC parce que c'est un mini-jeu qui fait monter le rythme cardiaque nettement plus qu'un jet de dés, qui introduit des notions de bluff, qui attire l'attention même de ceux qui n'y participent pas).

Pour conclure, je crois aussi dans la force de ce qui n'est pas écrit. Nous sommes abreuvés de leçons de game design et c'est une excellente chose pour concevoir des jeux robustes qui émulent parfaitement les intentions de l'auteur. C'est essentiellement basé sur l'idée qu'un bon game design verouille les sanctions et les récompenses. Mais à mon sens, ça dénote un manque de confiance dans les participants. Avec Marins de Bretagne, je fais un pari (je dis bien pari parce que je ne suis pas assuré du résultat, et je sais d'ailleurs que ça ne marchera pas avec tout le monde) de penser que les gens peuvent investir efficacement le champ que les règles laissent libre. j'entends par là que la narration peut émerger même s'il n'y pas une incitation forte. Parce que les gens vont utiliser leur système zero qui leur est implémanté juste parce qu'ils sont des êtres humains capable d'imagination, de projection, de fiction. Je cherche juste à donner un petit coup de pouce, et je présage que ça va démarrer tout seul.

Voilà, ce sont des pistes que je propose, je ne prétends à aucun moment qu'elles sont les seules. J'ose en revanche espérer qu'elles fonctionnent, et je le dis par l'expérience du playtest. ça n'empêche pas de croire qu'il vaut mieux initier les gens avec Dogs in the Vineyard. Mais pour ma part, je ne le ferais ni avec tout le monde ni dans toutes les situations.

En fait, je pense que ce n'est pas un débat. L'erreur c'est de penser qu'une façon de faire est la bonne et qu'une autre est la mauvaise. Toutes les approches (jdr tradi, autorité partagée, compliqué, simple) sont légitimes du moment que humainement, l'approche est bien gérée.

[Lionel (Nonène)]

Suite à cet excellent podcast, je partage ma propre vision du "public du JdR". J'expose dans un long billet quels sont les publics visés par mes projets et comment il faut s'y prendre pour les toucher : http://swissmadejdr.blogspot.ch/2013/06 ... -role.html

Etant donné que j'ai été cité plusieurs fois dans le podcast, je souhaite apporter (hors du billet) quelques précisions :
- L'argent public qui sera rassemblé pour La Chaux-de-Fonds 1904 est destiné à la création et à l'approfondissement du projet ; également pour organiser des parties. Et non à l'édition qui est du ressort de l'éditeur comme cela est dit dans le podcast. L'impression et le diffusion s'autofinancent. Je tiens particulièrement à faire cette distinction car elle est importante. Vous pouvez trouver toutes les précisions dans le dossier de présentation du projet en ligne.
- Je ne suis jamais allé à un salon de l'érotisme pour présenter Romance érotique mais je ne l'exclue pas à l'avenir. Pour l'instant, je n'ai strictement aucune idée si mon jeu peut toucher d'autres publics car sa distribution s'est limitée aux magasins de JdR.
- Je n'habite pas La Chaux-de-Fonds mais je suis proche de cette ville.

[Frédéric]

Thomas M : la principale critique que te fait Romaric (liée au jeu d'échec où l'on raconterait les effets de ce qu'il se passe sur le plateau dans une narration), c'est l'objet de mon prochain article, que je prépare depuis un moment déjà (j'en suis à la 4ème version). Et je pense que je devrai développer certains points dans de prochains articles tant le sujet est complexe.

Peu importe que tu adhères à ce point ou non, je pense qu'il te permettra au moins de comprendre cette position, qui à mon avis est loin d'être anecdotique. ;)

[Thomas Munier]

A Frédéric et Lionel,

J'apprécie que ce podcast motive ou se synchronise avec des articles qui exposent et précisent votre point de vue. Je le vois comme une récompense. L'article de Lionel m'a beaucoup instruit et je lirai celui de Frédéric avec grand intérêt et avec la certitude d'en retirer quelque chose d'utile.

[Lionel (Nonène)]

C'est marrant tout ces débats sans fin sur l'étiquette. Qu'est-ce qu'un JdR ? Qu'est ce que l'indépendance ? Ce sont des marronniers qui ne cessent de revenir.

Au final, un jeu est un jeu pourquoi se préoccuper de l'étiquette. Cela semble tellement dérisoire car au final cela ne change pas le fonctionnement du jeu. C'est juste une étiquette.
Alors pourquoi s'en préoccuper et faire couler tant d'encre électronique à ces sujets ?

Et bien pour moi, cette question d'étiquette est loin d'être futile, elle est normale. Car un jeu n'est pas juste ses règles et son emballage, c'est également une identité. Et ça change tout. Finalement ce qu'il y a derrière, c'est une légitimité qui fait que le jeu se rattache à quelque chose.

Est-ce que Romance érotique est un JdR ? Selon le GROG, non. Selon Casus Belli, oui. Selon les écuries d'augias, oui. Selon les participants de Silentdrift, oui. Selon d'autres, non (cf. certains retours sur casus no ou antonio bay). Est-ce que Romance érotique est finalement un JdR, je pense que oui mais ce n'est pas parce je le considère comme tel mais parce qu'à présent la majorité des rôlistes s'accorde à dire que s'en est un. Il fait partie du paysage rôliste francophone.

Ce que je veux dire par là, c'est qu'il ne suffit pas de dire que son jeu est un JdR pour qu'il en soit un. C'est la communauté qui le ferra. Finalement faire un jeu différent et réussir à le faire accepter sous l'étiquette "JdR", c'est faire évoluer le médium. C'est aussi le rôle du créateur mais ça demande un effort de lobbying, de communication. Finalement, c'est nourrir le débat qui est bénéfique pour le média.

Mais cette étiquette, elle est également importante pour le jeu car elle légitime le jeu. Cela fait un petit moment que je réfléchis à ce concept de légitimité et je crois qu'il est central dans la création. Je développerai sans doute tout ça dans un futur billet.

[shiryu]

Je ne suis pas du genre à prendre les coïncidences à la légère, ce sont même elles qui guident ma vie. Alors je vais vous faire part d'une réunion de travail non officielle (car un dimanche au soleil en buvant un thé) que je viens d'avoir cet après-midi chez un copain.

Pour info, il est employé par la FRMJC et dirige une ludothèque. Son chef vient de lui faire part de la politique qu'il souhaite mettre en place dans les années à venir : introduire le jeu de rôle dans les ludo, les centres de loisirs, les maison d'association, les centres aérés... J'insiste sur le fait que ce n'est pas un projet de mon pote pour sa ludo, c'est une demande d'une organisation qui dépend du ministère de la jeunesse et de la culture. J'imagine que ça doit aussi trotter dans d'autres régions.
Il va devoir mettre en place une formation aux JdR pour les animateurs du département. Et pour ça, il cherche aussi des jeux qui puissent cibler ces publics et satisfaire une certaine organisation (parties de 1h-2h, prise en main rapide...). Et dans les demandes, il y a la création d'un JdR pour faire découvrir Troyes. Bon, le mec n'a pas la moindre idée de ce qu'est un JdR, en discutant, le projet ressemble plus à une chasse au trésor qu'à un JdR mais ça veut dire que la porte est grande ouverte.
Petit rappel, Troyes existe déjà sous plusieurs formes de jeux et cette fois, la région dispose d'un budget pour mettre son projet en place.

Incroyable que ce soit un nouveau public qui vienne nous chercher et pas les rolistes qui soient aller chercher ce public plus tôt. Enfin je met une réserve car j'avais lu que la FFJDR bossait pour mettre en place de tels projets, alors c'est peut être un retour de leur travail.

Promis, dès que le projet est posé officiellement sur papier, je le diffuse sur le site car il y aura peut être besoin d'auteurs pour présenter des jeux qui satisfassent cette demande.

[Lionel (Nonène)]

Intéressant, merci pour l'info. Si ça bouge en France, il y a des chances que ça bouge également de notre côté.

[Thomas Munier]

C'est une info précieuse que tu nous donnes là, en effet. Une aubaine pour les auteurs et animateurs de JDR. Car si ça émerge à Troyes, ça peut bien émerger ailleurs en France. A nous aussi d'être force de proposition dans ce sens.

[Romaric Briand]

Merci pour vos dons !
http://cellulis.blogspot.fr/2013/06/vos-dons-nous-aident-merci-vous.html

[JeePee]

Pas de podcast aujourd'hui ?

[Apprenti MJ (Fabric)]

T'es en manque JeePee ? ^^

[JeePee]

Oui... le jeudi, c'est le jour du podcast !

[Romaric Briand]

Et le voici !

Nouveau podcast, sur Le Blog de la Cellule ! Il s'agit d'une nouvelle émission... quoique... elle s'intitule : Playtest !

Développé par Adrien Cahuzac, l'Agence est un jeu de rôle d'action et d'espionnage. Les participants sont invités à y planifier une mission impossible, puis à passer à l'action proprement dite. Malheureusement, le flan ne se démoule jamais sans accroc et nos agents vont être confrontés à... certains problèmes... Le jeu sortira très bientôt. Il sera illustré par Gnome (Maxime) dont vous avez pu entendre la voix dans un podcast précédent. Ci-dessous justement l'un de ses croquis pour l'Agence.

Avec Natacha, Flavie et Adrien nous playtestons le jeu, en podcast. Montée comme un One Shot, cette nouvelle émission se veut constructive. Les auteurs de jeu viendront nous présenter leur travail et dans cette émission nous essaierons de leur fournir des retours divers et variés. Par conséquent, dans cette première émission, nous reviendrons sur les points faibles et les points forts de l'Agence tout en proposant des options d'amélioration. Publiable en l'état, le jeu dispose déjà de mécaniques très solides.

http://cellulis.blogspot.fr/2013/06/podcast-playtest-n1-lagence.html

Bonne semaine à tous ! Portez vous bien, jouez bien ! A la semaine prochaine, pour le dernier podcast de cette saison avant les grandes vacances.

[Frédéric]

Le flan ne se démoule jamais sans accroc ! :D