Démiurges, Canevas « Requiem » joué le 23/03/13
Avec Renaud (Hector), Patricia (Tite-Live), Catherine (Caligula) et Nathalie (Loreleï)
Suite à une création de personnage enthousiasmante et un très court démarrage, nous nous réunissons à nouveau pour poursuivre et finir le canevas « Requiem ».
Routines de maîtrise :
Sonorisation : « Running up that hill » de Placebo (reprise de Kate Bush) en introduction de la partie, et rien d’autre.
J’ai refait la relation map sur un format A2, ça me paraissait nettement plus clair en jeu.
J’ai donné à chaque joueur une « feuille de correspondance », qui servait aux questions-réponses avec le MJ.
Je n’ai fait aucun apparté. Ce qui devait rester vraiment secret était réservé aux feuilles de correspondance
Temps de jeu : 2 h 30
Fiction :
Comme les joueurs ont beaucoup profité de leurs espaces de liberté créative, je précise quelles sont les faits de mon initiative et quels sont les faits de l’initiative des joueurs.
Victor : Victor fait une scène à Théophraste qui ne veut pas l’héberger après l’initiation. Les PJ prennent acte, puis vont un peu délaisser Victor, se concentrant sur leur propre enquête jusqu’au dénouement.
Tite-Live (joué à Patricia) : par l’alchimie techno, crochète la serrure de la chambre de Caligula et récupère sa poupée (le seul héritage de ses parents disparus) où elle a jadis implanté l’âme d’Anna, la sœur jumelle de Loreleï morte dans l’incendie [idée de Patricia]. Caligula finit par s’en rendre compte, affrontement avec Tite-Live. Tite-Live se fait brûler par Caligula (arithmancie température). J’en profite pour lui dire que cette brûlure lui rappelle la brûlure qu’elle a subi dans l’incendie : un feu très rapide et violent, presque chimique [suggestion du MJ]. Celui-ci était bien dû à un pouvoir démiurgique. Le puzzle se rassemble : c’est Théophraste qui avait brûlé Tite-Live pour l’empêcher de sauver Anna [idée de Patricia]. Il est donc aussi l’auteur de l’incendie. Le professeur Paracelse (alchimie des corps) est appelé à la maison pour soigner Tite-Live (guérison de la blessure, sans jet de dés). Tite-Live s’étonne que la guérison soit si facile. Paracelse finit par lui avouer qu’il aurait pu sauver son bras il y a 5 ans. Il ne l’a pas fait par ordre de Théophraste, pour punir Tite-Live d’être un fouineur. [suggestion du MJ]
Hector (joué par Renaud):
Hector s’intéresse beaucoup à l’histoire de l’incendie. Il a annoncé que son œuvre démiurgique de ce soir serait une rétrospective sons et lumières du parcours de ses jeunes camarades, de l’internat des jeunes démiurges jusqu’à aujourd’hui. Excellent prétexte pour poser des questions sur l’incendie. Il apprend notamment pas mal d’infos de Loreleï.
Loreleï (jouée par Nathalie):
La meilleure amie de sa sœur jumelle, Philomène, a disparu le lendemain de l’incendie [idée de Nathalie]. Egalement, elle a vu Jade passer devant la chambre de sa sœur le soir de l’incendie [idée de Nathalie]. Philomène n’aurait-elle pas disparu parce qu’elle en avait trop vu ? Cette question n’a pas été élucidée pendant la séance [idée de Nathalie]. En revanche, on conclut que Jade a couvert les activités de Théophraste dès le soir même de l’incendie [suggestion du MJ].
Hector charge Loreleï de faire diversion pour qu’il puisse fouiller dans les dossiers de Théophraste. Loreleï surprend alors une conversation de Théophraste et de Jade qui confirme que Jade a couvert ses crimes. Théophraste rappelle à Jade qu’il veut qu’elle efface sa mémoire ce soir-même. Comme il sent que ces élèves se posent beaucoup de questions, il se met alors à brûler les dossiers dans sa cheminée tandis que Jade part. Loreleï utilise la psychométrie pour empêcher Théophraste de tout brûler. Elle parvient à l’arrêter mais il ne reste plus qu’un seul dossier intact [suggestion du MJ]. C’est celui de Tite-Live [idée de Nathalie]. Le dossier confirme ce qu’ils pressentaient déjà.
Caligula :
Caligula souhaite séduire Victor. Quand ce dernier lui confesse son envie de rester chez Théophraste, elle lui propose de rester vivre avec lui, il accepte. La perspective de vivre à ses côtés semble lui plaire, mais on ne dit pas s’il a compris les allusions amoureuses. Caligula n’a pas eu le temps d’entreprendre une démarche de séduction plus explicite, aussi nous n’avons pas su si Victor la payait de ses sentiments en retour [suggestion du MJ].
Le grand final :
Le soir est arrivé. La salle est décorée (en fait, on n’a pas joué ça du tout mais on a estimé que les PJ s’en étaient chargés quand même), tout le monde est là mais Jade, Victor et Théophraste semblent très crispés.
Hector commence son show sons et lumières, il se concentre tout de suite sur l’internat. Bientôt Caligula vient mettre un feu réel à son décor virtuel, pour plonger tout le monde dans le souvenir de l’incendie.
Les PJ accusent ouvertement Théophraste. Ce dernier, écrasé par le remords, avoue bien volontiers avoir tué Fédor et Héléna, incendié l’internat, brûlée vive Anna qui avait vu la scène, brûlé le bras de Tite-Live pour l’empêcher de sauver Anna. Par la suite, il a fait pression sur Paracelse pour qu’il bâcle la guérison du bras de Tite-Live et il a fait pression sur Jade pour qu’elle ne dise pas ce qu’elle sache , « au nom des intérêts de l’Agora ». Nous ne saurons pas s’il est responsable de la disparition de Philomène…
Victor envoie valser Théophraste contre le mur par kinésie. Il se rue vers lui pour le tuer mais Caligula le retient par kinésie et Loreleï lui fait entendre raison par psychométrie (concrètement, j’ai estimé que Victor lançait 12 dés contre Loreleï assistée par Caligula).
Loreleï annonce qu’elle va faire à son tour son œuvre démiurgique. Elle avait prévu un tour pour lequel elle avait demandé et obtenu l’assistance de Jade [idée de Nathalie, inscrit dans les liens]. Jade, pour donner le change, accepte de se prêter au tour. En fait, Loreleï lui interdit psychométriquement d’effacer la mémoire de Théophraste.
Ensuite, Jade fait son mea culpa. Puis un blanc. Elle demande aux PJ : « qui êtes vous ? Que fais-je ici ? ». Comme ça ne lui était pas interdit, elle vient d’effacer sa propre mémoire, pour en finir avec le remords de sa complicité.
Enfin, Patricia révèle la poupée à l’assemblée. La poupée parle, c’est un homonculus qui contient l’âme d’Anna. Elle demande à Loreleï et Caligula de ne pas en vouloir à Tite-Live de leur avoir caché son existence pendant 5 ans, il avait fait cela pour la protéger de Théopraste [suggestion du MJ].
Bilan du MJ :
J’ai vraiment apprécié d’avoir un jeu qui me donne l’opportunité de maîtriser en jeu de basse. Je pense que de ce côté, le pari de Démiurges est réussi. C’est assez rare que je consacre tout le temps d’une partie à réagir aux propositions des joueurs. D’autant plus que je suis d’ordinaire un MJ très pro-actif au niveau de la fiction, pratiquant plutôt l’esprit pionnier. C’était vraiment agréable et de surcroît sans effort. Si je comte la petite demi-heure de la séance précédente, on a joué le canevas en seulement 3h et pourtant la fiction est sacrément dense. J’ai pu amener toutes les révélations prévues et aussi les révélations programmées par les joueurs, qui ont apporté d’eux-même bcp de détails à leur passé. Un bénéfice de l’autorité partagée : les joueurs avaient l’air décontractés à l’idée de créer des morceaux d’historique à la volée car ils savaient que mon rôle de MJ était de leur dire oui et de trouver une façon cohérente de les intégrer à la fiction. Ce sont Nathalie et Patricia, les deux joueuses débutantes de la table, qui ont apporté le plus d’éléments.
Bilan de la table :
A l’issue de cette partie, nous avons décidé de ne pas enchaîné sur une campagne. La suite des évènements nous apparaissait à la fois trop vaste en possibilités et en même temps le but commun du groupe (trouver la cause de l’incendie) était déjà atteint. Mais c’est assurément finir sur un excellent souvenir de jeu, et avec la satisfaction d’avoir clôturé 90 % des arcs narratifs des personnages.
S’ensuit quelques critiques, bienveillantes, qui mettent en exergue quelques points du système qui nous ont fait défaut. Je fais confiance à Frédéric pour faire la différence entre de vrais manques du jeu et des lacunes de ma compréhension, de même qu’à savoir ce qui est préférable pour son jeu.
Simulationnisme :
L’épisode où Caligula brûle le bras de Tite-Live m’a permis de faire une référence à la brûlure de l’incendie -> lien avec l’arithmancie de la température. Le fait que les écoles de pouvoirs démiurgiques soient en nombre limité et connues de tous au départ apporte de vrais bons repères pour la simulation. Les joueurs et le MJ cogitent grave aux implications des pouvoirs. Donc, je t’invite à ne pas augmenter ta liste de pouvoirs, voir à interdire la création de pouvoirs « home made » qui viendraient remettre en cause les paradigmes.
Gestion du temps de parole :
J’ai joué sans apparté, et surtout comme les joueurs étaient assez autonomes, j’ai permis que plusieurs scènes se gèrent en simultané. C’était bon pour le rythme mais pour les joueurs ce fut confusant, voir frustrant, car les actions de PJ 1 et PJ 2 rendaient obsolète ce qu’avaient prévu PJ 3 et PJ 4. A mettre sur le compte que j’ai dépassé le quota de trois joueurs conseillés ou sur le fait que la base ne dit rien sur la gestion des actions ? Je me rends compte qu’une telle pratique n’aurait pas été possible à Inflorenza parce que l’action y est modélisée en un tour pour chaque PJ.
Quand jette-t-on les dés ? Qui décide qu’il faut un jet de dé ?
Quand Catherine m’a annoncé que son personnage Caligula commençait à faire des manœuvres pour se rapprocher de Victor, je lui ai dit qu’elle pourrait le séduire si elle réussissait une confrontation. Du coup, Catherine a préféré attendre, et finalement nous n’avons pas eu l’occasion de faire évoluer leur relation. Renaud a trouvé critiquable le fait que je propose une confrontation pour la séduction, et aussi que je propose un choix informé en disant à l’avance que la réussite impliquait l’amour de Victor. Ce sont trois questions / critiques : Quand jette-t-on les dés ? Qui décide qu’il faut un jet de dé ? (i.e le MJ ou les joueurs) ? Faut-il annoncer à l’avance le résultat des dés ? (pour la troisième, ça me paraît oui. Le fait de définir un enjeu implique un choix informé).
qu'est-ce qui se passe quand un trait devient obsolete ?
Ainsi à la fin, Caligula ne déteste plus Tite-Live. Mais c’est toujours écrit sur sa feuille de perso… faut-il demander au joueur de payer des PE pour actualiser l’intitulé du trait ? A Inflorenza, un trait obsolète fonctionne toujours car on peut l’impliquer dans un conflit quand il s’avère un handicap. Je serais à Inflorenza, Caligula pourrait impliquer son lien « je déteste Tite-Live » pour l’aider en disant à haute voix : « je ne le déteste plus ». La mécanique de béance permet aussi d’effacer des traits obsolètes en apportant quelque chose à la narration. Je ne suis pas certain que ça fonctionne ainsi à Démiurges.
Jusqu’où peut-on aller dans la définition de l’enjeu ?
Ça rejoint un peu la question de la séduction de Victor par Caligula. Quand Victor se rue vers Théophraste pour le tuer, Loreleï et Caligula s’interposent. J’annonce l’enjeu suivant : « empêcher Victor de tuer Théophraste ». Autrement dit, si Victor remportait l’enjeu, il tuait Théophraste. Aux yeux de renaud, je pense que l’enjeu aurait du être « empêcher Victor de passer » et si Victor passait, il devait encore faire une confrontation contre Théophraste. Mais en tant que MJ, je jugeais que Théophraste n’offrait aucune résistance, et de surcroît poser un tel enjeu me paraissait apporter plus de tension dramatique. Ça donnait plus de sens à la décision de Tite-Live et d’Hector ne pas intervenir dans la confrontation (autrement dit is cautionnait par leur non action le meurtre de Théophraste par Victor). Encore une fois, c’est le choix informé qui a choqué Renaud. Aujourd’hui, je ne saurais dire qui a tort ou raison, je pense que c’est à l’auteur du jeu d’en décider.